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William Fyfe : tueur en série Les Hippolytois auraient-ils pu savoir ?

Connu à Saint-Hippolyte à partir de 1986, sous le nom également de Bill Fyfe et du surnom Bill l’Anglais, aucun de ceux qui l’ont côtoyé au travail comme dans les loisirs dans ce coin laurentien soupçonnait l’horreur des crimes qu’il commettait.

 Il y a quelques mois, une documentariste 1 cherchait à rencontrer des Hippolytois afin de recueillir auprès d’eux des témoignages retenus au hasard de petits contrats de travail accordés ou qui ont fraternisé avec lui lors d’activités de loisirs, de vie sociale voire de bénévolat. Chez la majorité, elle a fait ressurgir un questionnement sans réponse : qui aurait pu savoir ?

Saint-Hippolyte, sur sa route

La chronologie retracée des évènements de vie de William Patrick Fyfe, né à Totonto et élevé, enfant à Montréal, indique qu’il s’installe dans les Laurentides, Saint-Jérôme et Saint-Hippolyte à partir de 1986. (116e avenue à Saint-Hippolyte, dans une maison actuellement démolie.) On peut supposer que ce passage laurentien est lié aux faits qu’à cette époque, marié depuis quelques mois et père d’un enfant, un divorce est rapidement obtenu par sa conjointe pour cause de violence due à l’alcool et aux drogues. Parmi les conséquences de cette situation, Fyfe perd la garde de son enfant et pour obtenir un droit de visite et éventuellement regagner une garde partagée, il doit faire des suivis dans un centre de thérapie pour régler ses dépendances. Comme il en existe quelques-uns dans la région laurentienne, c’est donc à proximité qu’il s’installe.

Volontairement ici, j’ai choisi une photo qui le fait paraître « un gars bien ordinaire! » aurait dit Charlebois ! Crédit : John Allore

Bill Fyfe, homme à tout faire, « copper fittings »

Pour vivre, il offre des services d’homme à tout faire, principalement dans le domaine de la plomberie. Comme il s’exprime dans un français franco-ontarien, ses mots sont ponctués d’expressions anglaises. Rapidement, on le surnomme, Bill qui devient amicalement, Bill l’Anglais. Connaissant quelques rudiments en plomberie, il offre des services dans ce domaine et se dit : « copper fittings ». Par cette expression, il veut montrer qu’il est habile à utiliser une technique novatrice dans ce domaine : la soudure de tuyaux de cuivre. Matériau nouveau, flexible et de plus en plus utilisé dans la réalisation de système d’alimentation en eau ou en chauffage résidentiel.

Hippolytois : côté vert, loisir et bénévolat

Manipulateur et mystificateur comme le qualifieront des journalistes, on le retrouve impliqué un peu partout dans des activités de loisir et de bénévolat à Saint-Hippolyte. D’ailleur, au printemps 1996, Bill Fyfe est alors animateur responsable des activités de badminton (adolescents et adultes) et de volley-ball (intermédiaire) des Services des loisirs de Saint-Hippolyte. On entendra sûrement dans le documentaire à venir 2, des témoignages des gens de la municipalité autant que de ceux des organisations de loisirs. Des quelques brides entendues de ceux-ci, il semble, que pour eux, peu d’éléments chez lui, même après coup, ne pouvaient dénoter la violence des meurtres perpétrés auprès de ses victimes féminines. Au contraire, de ces personnes il ressort qu’il était de compagnie agréable, souriant, blagueur et très souvent prêt à aider.

 

Le pire meurtrier en série au Québec

Reconnu en 2001 comme « le pire meurtrier en série au Québec », à la suite d’un procès très médiatisé résultat d’une traque policière qui a duré près de 20 ans (1979 à 1999), il a été condamné à purger une peine de prison, sans libération conditionnelle avant 2026, il aura alors près de 70 ans. Lors des enquêtes policières : policiers-enquêteurs, journalistes qui ont couvert le procès, auteurs de livre 3 et d’un documentaire 4, ont fait ressortir certains éléments. Ils ont retrouvé, Alan Scattolon qui se rappelle du « Bill » enfant alors qu’il faisait partie de l’équipe de hockey des Flanders en 1963 dans une ville à l’ouest de Montréal. « Ce n’était pas son ami, précise ce dernier, il était plutôt un gosse à problèmes, un petit gars vindicatif et pas très courageux, un effronté, un poltron, même! » Pour Marc Pigeon, journaliste d’un quotidien montréalais qui a écrit un livre sur lui 3, il décrit Fyfe comme un manipulateur, mystificateur, ce qui lui permet même d’être mêlé d’assez près à la bonne société comme celle de Saint-Hippolyte. Il poursuit en avançant également que Fyfe : « est un poltron, ayant tout fait, y compris avouer ses crimes, pour purger sa peine ailleurs et éviter ainsi les sévices des prisonniers québécois ». Fyfe purge actuellement sa peine en Saskatchewan.

Je suis persuadé qu’à la sortie du prochain documentaire de IMDb à venir, ce dernier suscitera un grand intérêt pour les Hippolytois.

1 Frédéric D’Amours, La double vie de William Fyfe, Série : Un tueur si proche, IMDb – TV Épisode 2004, Documentaire en production.

2 IDEM.

3 Marc Pigeon, William Fyfe, Tueur en série, Autopsie d’une enquête policière, Lanctôt, Outremont, 2003, 259 pages

4 Richard Leclaire, Canal D, L’insaisissable tueur en série, William Fyfe, série Serial Killer Québec, Police scientifique, William Fyfe – Serial Killer Québec – Vidéo Dailymotion durée 45:32 minutes. Sortie en 2019.

 

William Fife, tueur en série

Résumé

Qui n’a pas entendu parler, il y a un peu plus d’un an, de ce tueur en série qui avait défrayé les manchettes des médias d’ici et d’ailleurs ? Condamné à la prison à perpétuité pour les meurtres crapuleux de cinq femmes — il en a avoué quatre autres par la suite —, sa condamnation est passée inaperçue, car elle est survenue quelques jours seulement après les événements tragiques de 11 septembre 2001. L’auteur a donc retracé, étape par étape, le travail des enquêteurs de la police et des spécialistes en scène de reconstruction de crime pour nous donner un ouvrage qui est construit comme un véritable roman policier, un roman noir où les victimes, toutes des femmes habitant la grande région de Montréal, ont été affreusement mutilées avant d’être tuées. Un livre fascinant, un coup de chapeau à ces enquêteurs patients et astucieux qui, grâce aux nouvelles techniques scientifiques, ont pu mettre hors d’état de nuire pour les 25 prochaines années, un dangereux psychopathe.

Marc Pigeon est journaliste au Journal de Montréal où il est affecté à la couverture des affaires criminelles.

Pigeon, Marc, William Fyfe, tueur en série, Autopsie d’une enquête policière, Lanctot Éditions, avril 2003