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Une histoire si proche, Unité sanitaire du comté de Terrebonne, 1929

Unité sanitaire du comté de Terrebonne, 1929

Visite des écoles de rang hippolytoises

Au début des années 1900, la mortalité infantile était très grande dans la population canadienne. Des maladies comme la typhoïde, la paralysie infantile ou poliomyélite, le goitre, la tuberculose décimaient la population, principalement infantile. En 1899, on estime que près d’un enfant sur deux meurt des suites de l’une ou l’autre de ces maladies.1

 

Mais il a fallu attendre les immenses ravages de l’épidémie de variole, à Montréal, en 1885 qui a tué 2 500 2 Montréalais en quelques mois, pour que les rapports du Conseil fédéral d’hygiène expriment sa consternation à l’égard du manque déplorable d’infirmières dans chaque province du Canada.

 

Les bécosses sèches

On peut lire dans ce rapport que dans les villes surpeuplées et insalubres, par manque d’équipements sanitaires, la majorité des logements n’a aucune toilette et salle de bain. Jusqu’en 1897, les latrines ou bécosses sèches sont installées dans la cour arrière pour quatre et cinq familles nombreuses qui habitent l’immeuble. Les bains publics sont payants, donc peu fréquentés régulièrement. Il faudra que ce Conseil mène durant huit ans, une campagne pour obliger les villes et les propriétaires à installer dans chaque logement, l’eau courante et une toilette, au minimum. 3

Dans les campagnes, c’est la sous-alimentation des enfants qui est souvent cause de maladies. Ainsi dès 1929, l’Unité sanitaire du comté de Terrebonne déploie des infirmières pour visiter chaque école de rang. Ces dernières, après un examen sommaire des élèves en classe, les instruisent sur l’importance d’une alimentation complète et équilibrée et, font rapport aux parents des conseils pour la santé de leurs enfants.

 

Évaluation de santé de Marie-Ange Sigouin par l’Unité sanitaire du comté de Terrebonne, 1930.

Crédit photo :A.M. LeDoux

 

Le goitre, déficit d’iode

Ainsi, en 1929, les parents adoptifs de Marie-Ange Sigouin reçoivent un rapport de cette instance signalant que leur enfant souffre du goitre. Cette maladie fréquente à l’époque dans les campagnes est le résultat d’un déficit en iode dans l’alimentation quotidienne. Le sel de l’époque, tiré principalement des mines ne contient pas assez d’iode pour le métabolisme des humains. De plus, l’alimentation à la campagne était composée principalement de produits naturels, non transformés pour la conservation avec du sel. Il faudra attendre les résultats d’études scientifiques, après 1930 pour que les gouvernements obligent les compagnies de transformation du sel à y ajouter de l’iode, principalement tiré de la potasse pour remédier à cette carence alimentaire des gens vivant loin de la mer. 4

 

Les conseils pour les plus petits

Il est intéressant de prendre connaissance des conseils généraux donnés aux enfants en dessous du poids normal sur le document proposé par l’Unité sanitaire du comté de Terrebonne de Marie-Ange Sigouin.

  • Dormir 10 heures la fenêtre ouverte ;
  • Boire au moins 3 verres de lait par jour ;
  • Manger beaucoup de légumes ;
  • Manger du beurre ; le jaune d’œuf et du pain brun (complet) ;
  • Ne pas manger fatigué ; se reposer avant de souper ;
  • Les intestins doivent fonctionner tous les jours ;
  • Brosser ses dents matin et soir ;
  • Prendre un bain au moins 1 fois par semaine.

 

1 Jean Milot, MD, La mortalité infantile au tournant du XXe siècle au Canada français, Paediatrics & Child Health are provided here courtesy of Oxford University Press.

2 Regroupements des Sociétés d’histoire du Québec, Toute l’histoire du Québec depuis ses débuts, chapitre : Épidémie de variole au Québec.

3 Christopher Rutty, PhD. et Sue C. Sullivan, La santé publique : Une histoire canadienne, Association Canadienne de Santé Publique, 2010.

4 Marine D, Kimball OP. (1922) The prevention of simple goiter Am J Med Sci. 163:34–39.

 

Membres du service de l’Unité sanitaire œuvrant dans une clinique Goutte de lait.

Crédit photo : Département de Santé Communautaire DSC

 

Lise Courtemanche, infirmière de la Santé publique à l’Unité sanitaire du comté de Terrebonne

 

Madame Courtemanche a été toute sa carrière, infirmière à l’Unité sanitaire qui desservait les municipalités des Laurentides et qui a donné naissance au Département de Santé Communautaire DSC et au Centre Local de Santé Communautaire CLSC. Cette infirmière retraitée de Saint-Jérôme relate que dès 1929, l’Unité sanitaire du comté de Terrebonne a permis de lutter contre les maladies principalement enfantines, en créant des tournées et des lieux de prévention. C’est ainsi que de 1956 à 1978, l’Unité sanitaire s’installe à la Maison Prévost de Saint-Jérôme, connue sous le nom de Maison Blanche. Le docteur André Lamoureux y a été médecin traitant durant plusieurs années. Les infirmières qui y travaillaient avaient comme mandat de faire un suivi de santé communautaire des bébés en les vaccinant, en les pesant et en donnant des conseils alimentaires aux parents. On appelait cette clinique destinée aux enfants, La goutte de lait.

 

Puis, en 1978, ce service déménage dans l’édifice Athanase David, rue de Martigny, puis, dans l’ancien théâtre du Nord au 430, rue Labelle qui fut nommé Arthur Buies, en mémoire du secrétaire du Curé Labelle. Madame Courtemanche se souvient de sa publicité de l’époque dans les journaux : « Si vous aviez l’habitude d’aller à ce cinéma, alors reprenez l’habitude de venir à votre CLSC! ».

 

Goutte de lait à Saint-Hippolyte

Afin d’éviter un déplacement des jeunes enfants jusqu’à Saint-Jérôme, dès 1976, c’est au Bivouac de Saint-Hippolyte que s’installèrent les infirmières lors de leur tournée mensuelle. Madame Courtemanche se rappelle qu’en hiver, les immenses portes de cet ancien garage laissaient entrer beaucoup trop de froid pour les bébés qu’il fallait dévêtir pour les examiner. Sachant que le sous-sol de l’Hôtel de Ville, alors la Communale, n’était pas occupé, elle s’informa de sa disponibilité auprès de la regrettée madame Fafard. Avec diligence, celle-ci prit des arrangements auprès des autorités et les infirmières ont pu ainsi poursuivre plus confortablement ce service jusqu’en 1997. Puis, cet espace a été occupé par le Service d’Urbanisme de la municipalité et le service a été interrompu. Quelques années plus tard, il reprit temporairement au pavillon Maillé jusqu’à la construction du nouvel édifice, à Saint-Jérôme.