Mon expérience au Sentier s’est étendue sur près d’une quarantaine de mois. Elle m’a permis de laisser libre cours à mon inspiration vagabonde dans le monde captivant des mots, leurs origines parfois obscures, leurs combinaisons polymorphes inattendues, voire accidentelles.
D’aussi loin que je remonte dans le fil de mon existence, j’ai toujours eu une attirance pour la langue française, ce fleuron de notre héritage culturel légué par nos ancêtres… les Gaulois à la langue franque, franche et bien pendue. Les études classiques que j’ai poursuivies ont scellé cet attrait pour le reste de mes jours. Abreuvé aux mamelles gréco-latines, je n’arriverais pas à m’en sevrer, quoi qu’on al-lait en penser dans mon entourage.
Cette randonnée quasi quatriennale m’a amené à débusquer les mots à hic de notre langue, à cadrer les sources lexicales de nos jours et de nos mois, le rythme de nos saisons, à évoquer aussi, à l’amorce de la pandémie, l’écho vide de l’ennui et de l’isolement dans une société aux interrelations atrophiées. Tout cela n’était-il que les rêveries d’un promeneur solitaire, quelques élucubrations antonines ou l’itinéraire d’un enfant du siècle, gâté, mais pas gâteux, oserai-je l’espérer…
Peut-être reprendrai-je, un de ces quatre matins, le bâton de l’écriture du pèlerin scribouillard, avant que l’avenir, rétrécissant comme peau de chagrin, ne me réduise au mutisme irrémé-diable! Hors du Sentier, battu par le souffle anxieux de mes neurones vieillissants, je reste tout de même dans la zone gravitationnelle du journal hippolytois, apportant mon humble écot, vide de visibilité, à l’insigne contribution de l’être qui m’accompagne sur le sentier de la vie.