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Un Conte d’une nuit de Noël hors de l’ordinaire avec Les Charbonniers de l’enfer et l’Orchestre Galileo

Le 19 décembre avait lieu la captation du magnifique spectacle Conte d’une nuit de Noël qui fut présenté virtuellement sur la plateforme La Trame. Le groupe Les Charbonniers de l’enfer ainsi que l’Orchestre Galileo ont uni leurs talents afin de nous faire vivre un moment magique, avec la narration d’un fabuleux conte. Le tout fut enregistré au Théâtre Gilles-Vigneault, là où se reflètent une sonorité et une visualisation hors pair.

 

Place à la féérie de Noël

Cela se passait le 19 décembre à vingt heures et nul doute que la magie était au rendez-vous lors de cette spectaculaire présentation web. Michel Faubert, narrateur et conteur et membre des Charbonniers de l’enfer a su, avec l’Orchestre Galileo nous charmer avec ce Conte d’une nuit de Noël. En 2006, Michel avait composé La Noël du vieux Félix et suite à l’approche de Daniel Constantineau chef de l’Orchestre Galileo, ils ont convenu de choisir ce conte pour le montage de ce projet. Une symbiose entre Trad et classique où l’harmonie est à l’honneur!

 

Les Charbonniers de l’enfer est un groupe québécois de musique traditionnelle composé de Michel Faubert, André Marchand, Michel Bordeleau et Normand Miron. Parmi eux, certains excellent en podorythmie, c’est-à-dire en technique de percussion en tapant du pied (couramment appelé tapeux de pieds). Leur dernier album, 25 ans de grande noirceur, qui est une compilation de leur répertoire, souligne leurs 25 ans de musique. Loin d’être sombre, cet album est empreint d’une luminosité musicale très divertissante.

Daniel Constantineau et l’Orchestre Galileo

Initialement connu sous le nom d’Orchestre symphonique de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent, Galileo est le seul ensemble canadien qui se spécialise dans l’interprétation des répertoires symphoniques de 1730 à 1930 environ. Daniel Constantineau en est le chef d’orchestre depuis la fondation originale en 2010. Son professionnalisme et ses interprétations livrées avec brio font en sorte que Galileo est associé au terme de noblesse, et ce, dans le plus pur et le plus grand art. Les œuvres ainsi dirigées par M. Constantineau n’en sont que magnifiées!

 

Avant la captation du spectacle, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec Daniel Constantineau et Michel Faubert. Je les remercie pour leur temps accordé avec grande générosité.

M.T. M. Constantineau, dites-moi quels sont vos plus grands défis en tant que chef d’orchestre ?

D.C. Depuis deux ans, je suis également le directeur administratif chez Galileo. Je dirais que l’un des défis, c’est d’avoir le financement nécessaire pour les programmations artistiques que l’on produit.

M.T. Est-ce une première expérience pour l’Orchestre Galileo de collaborer avec un groupe bien ancré dans ces traditions musicales, qui définit si bien les Charbonniers de l’enfer?

D.C. L’an dernier, le spectacle a eu lieu dans une église. Mais cette année c’est la première fois que nous ferons cela en captation web. Je dirais qu’avec le style des Charbonniers de l’enfer c’est un mariage inusité et réussi!

M.T. Avez-vous toujours voulu faire ce métier ? Que ressentez-vous lorsque vous dirigez  ?

D.C. Oui, depuis très longtemps je voulais faire cela. Quand on dirige, on doit respecter les paramètres musicaux, et cela avant l’émotion.

M.T. Pour les besoins du spectacle, y a-t-il eu des ajustements particuliers à faire, afin que l’alliance musicale soit en harmonie avec les Charbonniers ?

D.C. Non, pas vraiment de difficultés, car les Charbonniers sont un groupe, donc ils sont en distanciation.

M.T. Combien de musiciens font partie de Galileo ?

D.C. Il y a entre 15 et 50 musiciens qui font partie de Galileo et pour la captation du spectacle du 19 décembre, 13 musiciens étaient présents évoluant avec 12 instruments à cordes et un clavecin.

M.T. Avez-vous un souhait en ces temps précaires ?

D.C. Que les arts vivants reprennent!

J’ai poursuivi avec Michel Faubert des Charbonniers de l’enfer

M.T. Votre groupe est pionnier dans la chanson traditionnelle, comment avez-vous incorporé votre essence musicale à un orchestre ?

M.F. Daniel avait un projet de Noël et il m’a contacté en 2018. Je me suis rappelé un conte que j’ai écrit en 2006, intitulé La Noël du vieux Félix. C’est inspiré d’une légende québécoise qui raconte que lors de la messe de minuit des vivants, il y a une autre messe parallèlement à cette dernière et c’est la messe de minuit des morts. Après la célébration les esprits vont marcher jusqu’à la demeure où ils ont vécu, et ils regardent par les fenêtres leur famille festoyer Noël. Avec Daniel on a sélectionné ce conte pour monter le spectacle.

M.T. Les Charbonniers et des œuvres telles que celles de Vivaldi, Corelli, Gagnon et Dompierre… Parlez-moi de cette alliance hors de l’ordinaire.

M.F. Daniel a fait le choix de la musique et a inséré le conte de manière très intéressante. Tout en allant dans le répertoire des Charbonniers, il a su allier nos chansons et l’histoire de Noël, la narration est très bien assortie aux musiques choisies par Daniel et le résultat est très satisfaisant!

M.T. Avez-vous un message particulier face à la situation actuelle que nous vivons ?

M.F. Au début je faisais de l’introspection. Nous ne savons pas la suite, mais on a besoin de se rattacher à la vie, de profiter de ce moment pour aussi se questionner sur le sens de notre existence.

 

Michel est un homme empreint d’une belle sensibilité et lorsqu’il m’a confié que le conte est un reflet de certaines parenthèses de sa vie et que le deuxième prénom de son père est Félix, on comprend mieux encore les sentiments qui l’ont habité lors de l’écriture de ce texte. Avec son autorisation je vous transmets une infime partie de ce merveilleux récit, écrit en 2006 et qui, à bien des égards, peut s’adapter à notre réalité.

Extrait du conte de Michel Faubert, La Noël du vieux Félix

Juste après l’entrée du rang, des fêtards en voiture croisent le vieillard sans deviner sa présence. Plus loin, au bout d’une allée de granges à moitié défaites, Félix aperçoit enfin sa vieille demeure, perdue dans le tableau délabré d’un vingt-et-unième siècle qui ne sait pas encore si c’est la campagne ou la banlieue qui règne ici. Il y a encore de la lumière. Content, le vieil homme s’approche émerveillé, sachant quand même qu’il n’aura pas le droit d’entrer, n’étant plus de ce côté-là des choses. Il monte sur la galerie et se penche à la fenêtre. Ils sont là : ses enfants et petits-enfants, ceux qu’il a aimés.

 

Des sourires derrière les masques

Quand on en fait la lecture complète, on comprend mieux pourquoi l’évocation de certains souvenirs rappelle à son auteur des moments cruciaux de sa vie. Michel conclut notre entretien en me disant « Je suis enchanté de l’accueil reçu au Théâtre Gilles-Vigneault, derrière les masques les sourires étaient présents et de pouvoir faire notre métier, cela fait du bien au cœur ».

Un spectacle magique de haute définition

De la musique symphonique qui va à la rencontre de la musique traditionnelle, avec comme toile de fond une histoire qui a su toucher le cœur des spectateurs, cela mérite une mention des plus prestigieuses tant au niveau musical que de la narration. Si dans le conte, le vieil homme s’approchait et n’avait pas le droit d’entrer dans la maison, parions que suite à cette représentation, le vieux Félix a su entrer dans nos chaumières et nous laisser un souvenir intarissable de ce Noël.

 

Crédit photos : Vitor Munhoz