Traverser les saisons avec Richard Séguin

C’est le 17 novembre que l’unique Richard Séguin se produisait sur la scène du Théâtre Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. En tournée à travers la province, il présente ce spectacle et nous fait découvrir son plus récent album Les liens les lieux, l’artiste a quitté son village afin d’aller à notre rencontre. Quel bonheur de retrouver cet amoureux de la nature qui nous chante si bien ses créations!

 

La vague Richard Séguin

La salle du Théâtre Lionel-Groulx, pouvant accueillir plus de 800 personnes, était remplie jusqu’au balcon ce soir-là. La raison était fort louable puisque le très attendu Richard Séguin est venu habiter la scène pour notre plus grand plaisir. Ses trois musiciens s’installent et dès que Richard foule la scène, une vague d’amour lui est transmise par un public conquis depuis toujours. Avec son sourire engageant, il accueille cette reconnaissance comme un retour à la maison, un retour vers nous.

 

Accompagné de sa guitare qui lui va si bien, il débute avec Rester debout un succès de 1995 qui donne le ton à la soirée. Le fond de la scène représente la nature vivante qui évolue au rythme de la musique. Parfois, on a l’impression d’entendre l’eau chercher son chemin à travers les rochers. Il nous mentionne être heureux d’être parmi nous après une absence de cinq ans. Comme on le sait, Richard s’est établi à Saint-Venant-de-Paquette il y a de nombreuses années. Cette petite ville située dans la région de l’Estrie compte moins de cent habitants. C’est avec fierté qu’il nous parle du Sentier poétique, où de magnifiques paysages côtoient des sculptures de pierres avec de la poésie en toile de fond. Il nous parle de son enfance passée à Pointe-aux-Trembles « là où il y avait des cheminées, pas des petites, mais celles qui brûlent jour et nuit » avant de nous offrir Sous les cheminées qu’il a créé en 1991.

 

Avec Où va l’instant, il rend hommage aux travailleurs de l’ombre, ceux qui ont toujours quelque chose à donner. Ce grand artiste qu’est Richard Séguin sait très bien nous raconter ses mots qui viennent du cœur afin de se connecter au nôtre. Avec Au bord du temps, extrait de l’album Les horizons nouveaux (2016), il fait référence aux immigrants qui se cherchent un endroit où rester. Quand on écoute Qu’est-ce qu’on leur laisse ? on reconnait la signature de l’artiste engagé qui sait rejoindre plusieurs causes. La salle ne semble nullement rassasiée d’entendre Richard se raconter ou chanter tout au long du spectacle. Avec Double vie, l’année 85 refait surface de belle façon à en juger par la réaction enthousiaste du public.

 

Louanger les territoires

Avec son dernier album Les liens les lieux, on réalise combien l’écologie est au centre même des textes de Richard. Il nous confie n’avoir jamais composé de chanson pour sa mère. Mais en hommage pour celle qui a introduit la culture dans leur famille, il a écrit Tout près des trembles, car, dit-il, le tremble est l’arbre de la musique. Sur cet album on retrouve trois créations de « la lumineuse » Hélène Dorion, comme il l’a nommée. Il nous interprète On Voudrait et Un peu de poésie dans laquelle on entend « Il est déjà minuit/ dans la forêt du monde/ Qu’est-ce qu’on a trahi/ Pour que l’orage gronde », etc. Les mots d’Hélène qui s’unissent à la voix et à la musique de Richard nous enchantent. Cette écrivaine et poète est une figure majeure de la littérature québécoise et elle est reconnue tant au Québec qu’à l’international. À souligner que Mme Dorion a résidé plusieurs années à Saint-Hippolyte et durant les années 80, elle a écrit de nombreuses chroniques dans notre journal Le Sentier.

 

Afin de poursuivre sur la thématique des lieux, Richard nous raconte une excursion qu’il a faite vers Kuujjuaq il y a quelques années. Il précise n’avoir jamais vu autant d’étoiles, car il fait noir très tôt là-bas. Le silence est si grand qu’on s’entend respirer et battre notre cœur, dit-il. Voilà une porte ouverte pour la si belle Besoin du nord qu’il a écrit en 2011. En hommage à l’écrivain Jack Kirouac, il nous chante L’ange vagabond (2012) qu’il bonifie en jouant de l’harmonica.

 

Une finale pure et belle

Dès les premières notes de Journée d’Amérique, ce grand succès de 1988, toute la salle se lève d’emblée pour accompagner ce grand auteur-compositeur et interprète. Quelle nourriture satisfaisante pour un artiste de voir plus de 800 personnes debout qui l’accompagnent dans cette si belle création. Après un rappel, il revient avec Petit hymne aux Grands Rangs dans un texte d’Hugo Latulippe, que l’on retrouve sur ce dernier album Les liens les lieux. Comme une offrande à la nature, il nous l’offre a capella et on peut y entendre De la rivière des Odawas à l’archipel des Madeleine, de Saint-Venant à la toundra nous nourrirons le feu de nos villages etc.

 

Ce spectacle est un joyau musical que l’emblématique Richard Séguin nous a offert. C’est entouré de ses musiciens et complices qu’il revient nous saluer et l’ovation qui suit est d’une intensité remarquable. Les applaudissements sont à l’image de l’admiration du public envers celui qui a su créer un « lien » avec nous et partager nos « lieux ».

 

Pour les dates de sa tournée, on visite : richardseguin.info

Pour d’autres spectacles chez Odyscène (le diffuseur) : www.odyscene.com