Nancy Lange n’en est pas à sa première publication. Sa feuille de routes, de mots et de recueils ne cesse de s’allonger. Elle a déjà publié plus de onze livres au Québec, au Mexique et au Japon. Elle a de plus présenté des spectacles littéraires un peu partout à travers le monde. Son engagement dans le milieu littéraire québécois et international ne cesse de s’intensifier et on ne peut nier qu’elle est l’un des piliers de notre littérature, particulièrement en poésie.
Traduire les lieux. Origines, paru le mois dernier, est un livre précieux tant par la beauté de son écriture que par sa richesse d’évocation. Il est aussi important de souligner qu’existe aussi une version numérique où photographies de Robert Etcheverry, animations, extraits musicaux de Aidan Warwock et narration par l’autrice s’entremêlent pour nous offrir de merveilleux moments où l’esprit et le cœur ne font plus qu’un.
Ce livre est dédié à ses ancêtres, les familles Therrien et Laliberté, venus il y a plusieurs siècles s’enraciner en terre d’Amérique. C’est tout d’abord l’histoire de la ville de Sainte-Rose-de Lima, maintenant annexée à Laval à laquelle s’attache l’autrice. Elle n’oublie pas que le nom de ce lieu vient de cette femme qui fut la première femme canonisée en Amérique. C’est donc d’abord toute l’histoire de Sainte-Rose enlacée par deux rivières que nous propose Lange même si elle prend la peine de souligner que la mémoire a souvent des failles qu’il est difficile de combler avec justesse et vérités historiques.
Origines, traduire les lieux, voilà ce que sous-tend ce recueil. Que ce soit celle de sa grand-mère, celle de son enfance, de la découverte de la poésie qui marquera la route de sa vie, celle des ponts, des routes, dont celle tragique des Patriotes, du peintre Marc-Aurèle Fortin, l’autrice demeure attentive à ce qui marquera la ville où elle habite. Je me souviens est écrit sur toutes les plaques d’immatriculation de nos voitures. On a pourtant parfois tendance à négliger nos origines. Nancy Lange, elle, se souvient. Dans son recueil, elle n’omet pas de s’attarder aux étés passés chez ses grands-parents au chalet du lac Connelly. Saint-Hippolyte fait partie de son enfance et elle y passe encore de longs moments où elle retrouve avec tendresse les lieux, les eaux, les forêts qui ont éclairé de mille joies son enfance.
Les pages consacrées à décrire ses bonheurs au bord du lac Connelly sont d’une sensibilité qui ne peut que nourrir notre affection pour notre village. Nancy Lange est une femme d’eaux : celles de notre lac, celles aussi de la rivière des Mille-Isles près de laquelle elle habite. Recueil de racines aussi où les mots engrangés de semences ne peuvent que nous alimenter de plaisirs. Recueil d’hommages aussi à certains humains qui l’ont particulièrement touchée. Recueil où l’histoire de sa ville est revisitée avec une douceur qui ne peut que nous attendrir. Entremêlés de photographies, les textes de cette dernière publication de notre autrice sont d’une qualité remarquable. C’est un livre précieux qui nous est offert tant par la qualité de l’écriture que par la fidélité aux origines qui sont à la racine de cette œuvre.
Tout le talent de Nancy Lange se dévoile dans Traduire les lieux. Origines. C’est un livre qu’on ne peut regretter de lire tant sa puissance se transforme en doux câlins qui viennent de nos origines, de ce qui est de plus précieux en nous. On déposera ce recueil dans notre bibliothèque avec un peu de regrets, mais on sait que dans quelque temps on le reprendra et on se réjouira de pouvoir le parcourir à nouveau.
LANGE, Nancy R. Traduire les lieux. Origines. Éditions de la Grenouillère, 2020.