Nous voici à mi-chemin de la saison hivernale. La tendance qui se pointe à l’horizon, c’est que les grands froids sont toujours présents, mais se produisent moins souvent qu’auparavant. Ce phénomène m’a permis d’observer un petit cours d’eau pas bien loin de la maison qui, d’habitude, gèle sans relâche du mois de décembre au mois de mars. Cette année, le ruisseau a gelé pour quelque temps en décembre lorsque la température ne s’éleva pas au-dessus de -10 oC durant le jour. Nous n’avons pas entamé le mois de janvier avec des froids polaires. En fait, pas encore devrait-on dire.

Doux murmure

Ce qui fait que mon petit ruisseau chante encore bien doucement en janvier. Son murmure est perceptible, l’eau continue de couler de la forêt vers le lac. En l’observant attentivement l’autre jour, j’ai pu voir des pas dans la neige tout juste à côté de l’onde. En m’approchant sans danger, j’ai pu découvrir des traces de Renard roux dans la neige. Sans doute que ce petit canidé qui se déplace surtout la nuit ou tôt le matin était venu y boire.

Pistes dans la neige

Le Renard roux est un habitué de nos contrées laurentiennes. Il se déplace en laissant derrière lui des pistes rectilignes. Ses griffes, qui ne peuvent se rétracter comme chez les félins, sont visibles lorsque les traces sont fraîches. Tout comme les félidés (couguar, Lynx roux, Lynx du Canada), les canidés (renard, coyote, loup) posent leurs doigts seulement sur le sol. Ils sont digitigrades contrairement aux humains, au raton laveur, au tamia, à l’ours, etc. qui sont des plantigrades puisque le pied repose en entier au sol de l’avant au talon derrière1. Un troisième type de pistes peut aussi être découvert. Ce sont les traces laissées par les animaux à sabots comme le cerf et l’orignal qui sont des onguligrades.

Un livre bien utile

Lorsque j’étudiais en biologie, ma dernière session devait se vivre sur le terrain. De l’écologie étudiée sur place. Ce fut un moment marquant dans ma carrière. En écologie animale, nous devions installer des corridors sablés dans une aire d’étude prédéterminée afin de pouvoir identifier les petits mammifères qui s’y déplaceraient pendant la nuit. Une sorte de toit en tissu était installé par-dessus le sable afin d’empêcher la rosée ou la pluie de tout effacer. Un des livres que nous utilisions pour nous aider dans ces identifications était nul doute fort utile. Il s’agissait d’un guide Peterson intitulé A Field Guide to Animal Tracks2.

C’est le chercheur américain Olaus Johan Murie qui l’a publié en 1954. M. Murie (1889-1963) fut un des pionniers de la conservation des espaces et des espèces aux États-Unis, notamment en ce qui a trait à ses études sur le wapiti, un grand cervidé présent dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Ce naturaliste était un vrai homme de terrain. C’est en suivant les animaux qu’il a appris à mieux les connaître et c’est ce qu’il fit durant sa vie de chercheur.

La nature se révèle à qui veut bien la regarder de près. Ce qu’elle procure alors à l’être humain devient une sorte de source inépuisable. Un ruisseau toujours en mouvement. Un séjour qui ne cesse jamais de fasciner.

  1. 1. Les pattes antérieures de plusieurs plantigrades ne laissent pas de trace du talon sur le sol. Toutefois, les pattes arrière affichent une telle empreinte du talon.
  2. 2. On peut se procurer une version plus récente d’un tel guide de nos jours. Je vous recommande Les traces des animaux du Québec du chercheur américain Mark Elbroch, un spécialiste du couguar (Felis concolor).