Le 2 décembre, la salle du Théâtre Gilles-Vigneault présentait la comédie Symphorien. La salle, la mezzanine et le balcon remplis à craquer témoignaient de la popularité et d’une certaine nostalgie pour ce téléroman datant des années 70. Avec une brochette de comédiens incomparable, les personnages revivent sous nos yeux avec un aplomb indéniable. Le temps d’une soirée, on se retrouve en 1982 en compagnie de Symphorien et de ses complices. Avant de se diriger dans la salle, on a pu admirer le costume original de Symphorien exposé dans le hall du théâtre. Quelle belle idée!
Afin de se rappeler…
On se souviendra que la célèbre émission Symphorien ravissait les téléspectateurs il y a plus de 40 ans. Le personnage principal naïf à souhait savait déclencher le rire et l’étonnement du public. Aujourd’hui certains des personnages revivent sur la scène et la dérision est toujours au rendez-vous. Cette célèbre comédie écrite à l’origine par le regretté Marcel Gamache revit sur les planches des salles de spectacles, où des comédiens de grand talent campent leurs personnages avec brio. Grâce aux auteurs Louis Saïa et Pierre Huet et combiné à la coproduction de Comédie Ha! et des Productions Martin Leclerc, la comédie théâtrale Symphorien est une belle réussite.
Des personnages colorés
À la distribution des rôles, on retrouve, François Chénier (Symphorien Laperle), Martin Héroux (Éphrem), Michelle Labonté (madame Sylvain), Nathalie Mallette (mademoiselle L’Espérance), Patrice Coquereau (Oscar Bellemare), Anne-Marie Binette (Marie-Madeleine) et Stéphan Côté (Dr Jetté, le Curé, Donat Labonté et Beaulac). Toute cette joyeuse bande gravite autour de Symphorien qui est en quelque sorte le « faire-valoir » de chacun d’eux.
Condensé et anecdotes
La pièce nous ramène en 1982 et afin de bien s’intégrer dans l’univers de Symphorien, ce dernier vient nous jaser quelques instants avant le lever du rideau en compagnie de son frère Éphrem. Ils échangent quelques blagues qui seront quelque peu comprises d’une autre manière par les oreilles de ce cher Éphrem. Dès que les premières notes de la musique originale se font entendre, on replonge plusieurs années en arrière avec un certain sentiment de réconfort.
Le rideau se lève enfin sur le décor pratiquement en copie conforme de la maison de « chambres » où logeaient les pensionnaires de madame Sylvain, incarnée avec justesse par Michelle Labonté. Cette dernière discute avec son concierge en le sermonnant « T’es payé à condition que tu travailles Symphorien », et ce dernier aimerait bien une augmentation de salaire, car après tout il a une femme et 14 enfants à nourrir. Tout au long du spectacle on assiste à un feu roulant de blagues et de situations loufoques. Les acteurs jonglent d’une scène à l’autre et la lumière est projetée sur eux au moment opportun. Par exemple, quand Marie-Madeleine, jouée par Anne-Marie de façon fort crédible, décide de se rendre chez madame Sylvain afin de participer à un régime amaigrissant composé uniquement de raisins. L’hilarité est à son comble lorsque Berthe l’Espérance se joint à elles et que finalement le trio décide de boire du vin, car après tout disent-elles « c’est des raisins », la situation est plus que comique puisque ces dames sont ivres et qu’elles laissent libre cours à leur imagination plutôt légère.
Les spectateurs rigolent beaucoup particulièrement lors des mimiques et de la gestuelle de la comédienne Nathalie Mallette qui est impayable dans son rôle de mademoiselle L’Espérance. Comme on le sait, cette chère demoiselle cherche toujours l’âme sœur. Elle poursuit de ses assiduités le beau docteur Jetté tandis qu’Oscar Bellemare espère toujours que le cœur de sa chère Berthe batte enfin pour lui. Patrice Coquereau personnifie l’inoubliable croque-mort avec aplomb et sa gymnastique faciale est fort bien réussie. Que dire quand il nous revient dans le personnage de la mère de Marie-Madeleine qui sort de l’hôpital suite à une liposuccion ? Et quand cette dernière s’adresse à « son bru » Symphorien parce qu’elle a perdu son chat, etc., la salle rit de toutes parts. Passer de directeur de salon funéraire à belle-mère semble naturel pour cet acteur chevronné qu’est Patrice. Grâce à Martin Héroux, les blagues ratées d’Éphrem attirent toujours le rire et nous confirme le grand talent de ce comédien. Stéphan Côté, qui joue également un curé qui va peut-être défroquer et qui aime bien le vin et pas seulement celui de la messe, porte également avec succès le rôle de Placide Beaulac.
L’inégalable Symphorien
La mise en scène, combinée au jeu des acteurs rodé au quart de tour, fait que Symphorien poursuit sa tournée jusqu’en 2023. Ainsi le temps d’une soirée, les spectateurs pourront retrouver ce sympathique concierge et ses comparses. À noter que François Chénier ressemble à s’y méprendre à son personnage avec son costume, ses attraits et son attitude. L’auditoire a offert une ovation bien méritée pour chacun des comédiens. Leur prestation est en quelque sorte une belle façon de rendre un hommage à Symphorien l’original, que l’unique et regretté Gilles Latulippe nous a offert pendant de nombreuses années.
Pour d’autres spectacles, on visite : www.theatregillesvigneault.com