C’est connu, une idée seule n’engendre pas nécessairement un mouvement. Pour faire naître et grandir un projet, il faut des artisans convaincus qui mettent la main à la pâte sans relâche; ce sont eux les bâtisseurs du Sentier.
Tout semble que l’histoire du Sentier commence par une simple remarque qui a fait son chemin, rapportent les récits croisés de cette aventure. Nous sommes en 1982, Jocelyne Perras-Thibault fait alors remarquer à Alain Labelle, employé municipal « qu’il est difficile de connaître ce qui se passe à Saint-Hippolyte en termes d’activités récréatives, sportives et vie citoyenne! »
Information de porte à porte
Car, il s’en passe des choses à cette époque sur le territoire municipal! Été comme hiver, plusieurs citoyens propriétaires sont actifs auprès de leur Association de lac et y organisent de nombreuses activités auprès d’une population qui se multiplie par dix durant l’été. C’est le cas pour Claudette Domingue, au lac Bleu qui, pour informer les gens « fait le tour des maisons et cogne aux portes, invitant personnellement tout un chacun, à participer. » On retrouve ce stratagème dans le récit de plusieurs autres organisations : Associations du lac des 14 Îles, Connelly, de l’Achigan et autres.
Diffusion locale pour les hôteliers
Même difficulté d’informer du côté des vingt établissements hôteliers présents sur le territoire. Si parfois on a recourt à un conducteur-annonceur qui circule avec une auto munie d’un haut-parleur, le plus souvent, les diffusions restent très locales. Du bouche à oreille, aux affiches placardées dans les petits dépanneurs et poteaux électriques, c’est pour les « grandes vedettes » qu’on paie une publicité radiophonique au poste de radio local CKJL Saint-Jérôme.
Idée d’une publication
C’est sans doute à cause de cela que la remarque de madame Perras semble s’être rendue jusqu’à Claude Vadeboncoeur, nouvellement engagé comme directeur des loisirs à la municipalité et qui réside alors chez Alain Labelle. « C’était évident qu’il fallait favoriser un moyen d’informer la population, mais j’étais embêté par la grandeur du territoire, la capacité d’informer en temps et lieu et l’absence de réseautage comme moyen de transfusion d’informations », a partagé ce dernier en 2018, lors du 35e anniversaire du journal. L’idée pourtant fait son chemin. Après avoir longuement réfléchi, rapportent les récits, Claude Vadeboncoeur prend les devants et présente en 1982, un document bien structuré et orchestré aux membres du conseil municipal, dirigé alors par madame la mairesse, Huguette Blondin-Taylor. Son projet, créer un journal animé par des bénévoles qui favorise l’information communautaire.
Premiers artisans
Nous voilà donc en décembre 1982, à l’Hôtel de Ville (alors au 2e étage de l’ancien restaurant DanMarc). Sont réunis autour d’une table : Charles Charron et François Nolasco, conseillers municipaux, Claude Vadeboncoeur, directeur des loisirs, Alain Labelle, employé et chargé du recrutement des personnes intéressées, dont Claudette Domingue, Jocelyne Perras-Thibault et Monique Beauchamp. Tous sont à l’œuvre dans la mise en place d’un fonctionnement d’une publication. Heureusement, ils s’appuient sur un même objectif clair, explicité et accepté par tous, soir INFORMER et peuvent compter sur un petit budget déjà voté.
Bénévolat : bonne volonté, indispensable!
Michel Bois qui préside le journal Le Sentier depuis 10 ans reste d’accord : si le journal Le Sentier peut célébrer 40 années d’existence en 2023, c’est grâce au bénévolat et à la bonne volonté de tous les participants! C’était aussi le cas, en 1982 et là, en plus… « tout était à faire, raconte Claudette Domingue. Nous n’avions pas de local. Nous nous rencontrions chez l’un comme chez l’autre. (Nous aimions aller le jeudi soir chez Monique Beauchamp) Puis, de fil en aiguille, d’autres bénévoles se sont joints à nous, y apportant chacun son expertise : Mireille Vezeau, Louise Bélair, Lise B. Gendron, Janine Gagné et d’autres ».
Organisation rodée
« Le fonctionnement était simple, précise madame Domingue, en plus de nos articles, nous invitions aussi les citoyennes et citoyens à y participer. Pour ce faire, ils déposaient leur article manuscrit à la poste restante où régulièrement, Jocelyne Perras-Thibault allait les recueillir et les tapait à la machine à écrire à double interligne en respectant les marges. Il fallait même mesurer l’espace, précise cette dernière, car l’imprimeur Publicompo de Saint-Jérôme avait des contraintes!» Lorsque l’épreuve était finalisée, Claudette Domingue partait de l’hôpital, lieu de son travail, pour aller porter le document chez l’imprimeur. Parfois, elle dépassait légèrement le temps alloué pour son dîner. Le Sentier n’était pas un gros contrat de Publicompo!
Distribution et poste, guère changées
Lorsque le journal était prêt, c’est André Bourdeau, le facteur, qui se rendait à Saint-Jérôme pour récupérer les copies du journal. Il s’occupait ensuite de le livrer chez les résidents permanents et dans les commerces. « Cette situation n’a guère changé », raconte Liette Lussier, trésorière actuelle qui, avec son conjoint Michel Bois, assume cette fonction depuis longtemps. « On avait tellement hâte de voir le journal, confie Jocelyne Perras-Thibault. Chaque bénévole apportait son grain de sel et les lecteurs contribuaient en notant : anecdotes et récits. »
Appui inconditionnel des commerçants et des citoyens
Rapidement, les commerçants et citoyens y ont perçu aussi une visibilité de leurs affaires. Dans les quatre pages de la première publication, mars 1983, on compte déjà 27 « cartes d’affaires ». À l’époque, publier une « carte d’affaires » coûtait, 25 $ par mois. Ces montants servaient (et servent toujours) à financer les coûts reliés à la production du journal. Puis, dans les publications suivantes, pour mettre en évidence les commerçants participants, des articles étaient rédigés sur eux. La rubrique des « Petites Annonces » parue dès juin 1983 fut celle d’Émile Beauchamp s’offrant comme « homme de maintenance pour la plupart des travaux ». Monsieur Beauchamp, sportif de haut niveau et entraîneur reconnu auprès des jeunes a aussi beaucoup contribué aux publications du Sentier.
À venir : Un nom, un local permanent et des bénévoles qui se joignent à l’équipe.