« marcher parmi les marcheurs
Sur une route comme tant d’autres
Et pourtant » André Lebeau
Lyne Boulet, l’une des collaboratrices bénévoles de notre journal, ne s’est pas contentée de parcourir un sentier, même si aujourd’hui, elle chemine bénévolement avec nous dans notre journal. Nouvellement retraitée en 2015, elle a décidé de marcher le chemin de Compostelle. Cela pour marquer la transition entre une vie professionnelle où le « paraître » et les représentations publiques prenaient une grande place et la nouvelle liberté qui s’offrait à elle.
Approfondir le moment présent
C’était aussi « une façon de me retrouver comme personne en dehors de toute contrainte liée au travail », affirme-t-elle. Marcher Compostelle avec son conjoint Gilles Desbiens, aussi bénévole au journal, lui a aussi permis de réfléchir à la façon dont elle voulait vivre sa retraite. Explorer ce chemin, c’était aussi apprendre à cohabiter avec son intériorité tout en approfondissant, pas après pas, le moment présent.
Marcher en silence, rencontrer d’autres pèlerins, prendre le temps de goûter les beautés qui parsèment la route ne pouvait que la séduire. Les cathédrales, les champs de fleurs, les espaces plus arides, les simples escargots qu’elle évite d’écraser, la splendeur des vallées et des montagnes lui ont bien fait comprendre à la fois sa fragilité et sa force. Cela a aussi mis en évidence son humilité qui, pourtant, a accru sa force et son endurance. S’attarder à la couleur des rochers ou simplement à la douceur ou à la force du vent, prendre soudain conscience d’une douceur qui l’habitait et qui ne cesse, encore aujourd’hui, de grandir en elle.
Apprendre à lâcher prise
Apprendre à s’émerveiller d’une toile d’araignée saupoudrée de rosée, découvrir que des vaches adorent aussi manger des feuilles d’arbres, se faire amie avec un âne qui voulait l’accompagner ne sont que quelques exemples que ce chemin offre à ceux et celles qui le parcourent. Marcher le chemin de Compostelle, c’est aussi apprendre la lenteur, à s’ouvrir aussi à toutes les beautés qui parsèment cette route.
Lyne Boulet et son conjoint ont pu constater à quel point il est vrai que ce chemin prend soin de ses pèlerins. Ils ont aussi appris à vivre en harmonie avec l’instant présent. C’est ainsi qu’au début de sa retraite, elle a appris à « lâcher prise », à s’abandonner à un quotidien qu’elle a appris à savourer. Si plusieurs pèlerins et pèlerines ont la force de marcher jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle, c’est que ce chemin est parsemé de lumières et qu’il offre à ceux qui le sillonnent une grâce et une harmonie intérieures qu’ils ne perdront jamais.