L’église de Saint-Hippolyte et son cimetière sont aujourd’hui gardiens de biens religieux de valeur patrimoniale et artistique exceptionnelle. Les préserver et les mettre en valeur, rappellent historiquement l’importance que l’église représentait autrefois dans la vie quotidienne des gens.
Jadis, dans nos villes et nos campagnes, le clocher d’une église, visible de loin, et le rayonnement important du langage de sa cloche étaient représentatifs de l’importance sociale des habitants de chaque village. Plus encore, lorsqu’en pénétrant dans l’église, la quantité et la richesse des ameublements et ornements qui garnissaient son intérieur étaient abondants et parfois d’une grande qualité artistique.
Chapelle et église au village de Saint-Hippolyte
Plus que dans d’autres lieux de culte environnants de Saint-Hippolyte, ceux qui se sont succédé au village ont toujours présenté un degré de grande richesse. Dès 1869, les paroissiens et villégiateurs hippolytois ont été généreux et le premier curé, François-Xavier Laberge dispose pour la première chapelle, d’un budget de 168 $ pour garnir les murs d’une « Voie de la Croix »1 et faire l’achat d’une cloche de 250 livres provenant de la Fabrique de Sainte-Julienne.
En 1877, au moment de la construction de la première église, les paroissiens ont rapidement contribué à l’achat de bancs ouvrés en bois verni, d’un maître autel imposant, de plusieurs statues dont celle du Sacré-Cœur, perdue et retrouvée en 1889, et pour le confort de tous, d’une fournaise mobile au charbon, suspendue au centre du temple.
Presbytère à étage confortable
Puis, en 1882, un presbytère imposant de deux étages est construit. Le chanoine Louis-Théodore Plamondon, prêtre de l’Évêché de Montréal qui a régulièrement séjourné au village, lègue alors dans son testament la somme de 100 $ pour la construction de ce presbytère « à la condition qu’on chante une grand-messe par année à perpétuité pour le repos de son âme et de celles de ses parents »
1933 : une église Art déco moderne, une cloche imposante, des vitraux de grande valeur et des fresques remarquables
Bien que le feu de 1933 ait tout détruit, église, presbytère et salle communautaire, rapidement Hippolytois et villégiateurs se sont mobilisés et ont reconstruit des bâtiments encore plus importants. L’église, confiée à l’architecte Ludger Lemieux, possède un style Art déco qui reste encore aujourd’hui très avant-gardiste. Son clocher campanile qui supporte une cloche imposante de 650 livres, payée par le maire Arthur Gohier, domine toujours le paysage de très loin. Dans l’église, l’ajout progressif de vitraux remarquables de la firme O’Shea, défrayés par les paroissiens et les villégiateurs, donnent à ce lieu de culte, une valeur patrimoniale importante. Ses murs parés de fresques allégoriques de Lucien-Édouard Duvauchel, faisant appel à la liturgique d’avant le Concile Vatican, et son chemin de croix monochrome reflétant également l’atmosphère sobre et austère des églises de cette période, restent des témoins historiques de grande valeur.
Cimetière
Le cimetière possède et reflète également par l’audace de ses monuments, une richesse patrimoniale appréciable. Ainsi en 1877, onze ans après la construction de la deuxième chapelle, on procède déjà à l’agrandissement du cimetière initial et de son charnier. En 1926, au moment du deuxième aménagement du cimetière, la famille Morin installe à l’entrée un obélisque imposant afin de rendre hommage à leur ancêtre, Louis-Auguste Morin, donateur du terrain où se situe l’église. En 1933, à la construction de la deuxième église, on procède à son agrandissement, lui donnant davantage un air de jardin de mémoire.
En 1968, poursuivant dans cette veine d’embellir ce lieu, on déplace 60 concessions et leurs monuments pour le reconfigurer. Puis, deux ans plus tard, on y ajoute un calvaire avec un autel extérieur et quatorze monuments qui serviront de stèles funéraires, offerts aux paroissiens qui s’empressent de les acquérir. Finalement, dans les années 1990, on procède à un nouvel agrandissement avec l’installation d’un columbarium et l’ajout de quelques terrains. Depuis 2020, sous les soins de Michel Balthazar et d’Yves Lusignan, l’autel du calvaire avec sa croix et ses statues, les stèles funéraires et la statue de la Vierge de Fatima, sont rénovés et peints de couleurs vives judicieusement choisies.
1 Expression usuelle de cette époque pour désigner un chemin de croix.