Splendeurs naturelles observées en 2020

Étant curieux de nature, j’aime regarder de près les composantes de l’environnement tout autour. Peut-être plus que jamais en 2020, l’observation de la nature m’était nécessaire. Ces heures de découvertes m’ont permis de cultiver mon sens de l’émerveillement. Parmi tant de splendeurs croisées le long de mes randonnées, en voici quatre qui ont retenu mon attention.

 

Matteuccie fougère-à-l’autruche

Cette fougère est bien connue et sort de terre au début de mai, parfois un peu avant. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est la position des frondes qui se font face lorsqu’elles croissent en formant un cercle assez large. Chaque feuille de fougère atteint de 60 cm à plus de deux mètres de hauteur. En l’espace de quelques jours, le paysage forestier change du tout au tout lorsque les colonies de matteuccies se déploient. Le parterre prend alors du volume et respire la verdure. Un peu plus tard, les parties fructifères, contenant les spores, s’inviteront au centre du cercle. De couleur brune, ces frondes fertiles contrasteront avec le vert unique des matteuccies aux formes ondoyantes.

Colonies de cristatelles dans l’eau de nos lacs Photo : Sylvain Miller

Bryozoaires dans l’eau du lac

Les bryozoaires sont de minuscules animaux qui vivent en colonies dans l’eau de nos lacs. Les colonies observées à moins d’un mètre de profondeur appartenaient au genre cristatelle (Cristatella mucedo). Une colonie était sise sur une roche, tandis que l’autre se tenait sur des feuilles mortes au fond de l’eau. Nous étions alors à la fin du mois d’octobre. Quand la température descend sous la barre des 8 oC, les colonies mourront sauf qu’une partie prenante de ces colonies, les statoblastes qui sont munis de flotteurs et sont de forme arrondie, seront alors emportés par le courant. Ils sont aussi dotés de petits crochets qui leur permettront de se suspendre à certains organismes qui assureront alors leur dispersion.

 

Pour la plupart d’entre eux, ils passeront l’hiver sous la glace dans les sédiments, au fond de l’eau. La renaissance aura lieu, mais seulement quand la température de l’eau excédera 15 oC. Les statoblastes pourront générer de nouvelles colonies à partir du mois de juin. Ces bryozoaires filtreront l’eau du lac grâce à leurs tentacules capturant ainsi des particules et des éléments faisant partie du plancton végétal. Voilà tout un monde de découvertes à moins d’un mètre sous l’eau…

Un statoblaste emporté par le courant, photo grossie 30 fois Photo : Sylvain Miller

Spiranthe penchée

J’étais sur un sentier sablonneux bordé de pins blancs. C’était la mi-septembre. Tout en marchant paisiblement, je regarde souvent au sol ou dans les airs, en quête d’une plante peu fréquente ou d’un oiseau coloré. Quelle ne fut pas ma surprise de voir de près une orchidée à mes pieds! Il m’a été possible d’identifier cette plante de moins de 15 cm possédant des feuilles situées à la base, tout près du sol. C’était une Spiranthe penchée aux fleurs blanches comme neige. L’inflorescence sur la hampe faisait penser à une spirale, d’où provient le nom générique (spiranthe). Ce qui étonne et émerveille à la fois lorsque nous sommes en présence d’une telle plante, c’est qu’elle ne fleurit qu’en septembre et en octobre. C’est donc une rare perle qui s’introduit à l’automne dans les espaces occupés surtout par les asters et les verges d’or.

Aquarelle : Diane Couët

Garrot à œil d’or

Novembre était à nos portes. Tous les ans, des oiseaux venant d’ailleurs se servent du lac comme halte ou comme aire de séjour. S’y attardant quelques jours, ces oiseaux sont en processus migratoire. Ils iront plus au sud ou plus à l’est pour terminer leur périple. Parmi eux se trouvait un couple de Garrots à œil d’or. Ils sont tout simplement superbes !. Le mâle arbore une tache blanche sur la joue qui contraste avec sa tête de couleur foncée. Les flancs sont blancs et le bec plus court que celui des harles. C’est un canard plongeur qui aime bien nicher dans des arbres creux à proximité des lacs et des marais. Il ne dédaigne pas utiliser les trous creusés par le Grand Pic pour y faire son nid. Il passera l’hiver au nord de la Nouvelle-Angleterre ou bien dans les eaux côtières des Maritimes. Nous aurons peut-être la chance de le croiser au printemps lorsqu’il refera le trajet inverse avant de rejoindre plus au nord le territoire qui l’a vu naître.