« Quand il ouvrit le sixième sceau,
il se fit un violent tremblement de terre.
Le soleil devint noir comme une étoffe de crin,
et la lune entière comme du sang. »
L’Apocalypse 6, 12.
Le samedi 10 octobre, en pleine fin de semaine de l’Action de grâces, la température ressemblait à une journée d’été. En fin de matinée, il faisait au-dessus de 20 oC et le soleil brillait comme en juillet. Même si les météorologues annonçaient des orages en fin de journée, nous étions bien loin de penser que cela pourrait perturber notre quiétude.
Nous goûtions avec joie à ce répit estival en plein automne. Les arbres feuillus étaient encore parés de leurs plus beaux atours, même si certains commençaient à être un peu dégarnis.
Scène de fin du monde
Puis, un peu après seize heures trente, le ciel est devenu aussi sombre que la nuit. Pas un souffle n’altérait l’espace forestier. Puis, le tonnerre s’est mis à gronder, mais sans répit pendant de nombreuses minutes… Vers dix-sept heures, des coups de vent, de puissantes rafales, soufflant à près de 80 km/h ont amorcé leur balayage. Du nord au sud, ces vents ont charrié des branches, des feuilles et ont même jeté à terre un arbre dans la forêt devant notre demeure. Et comme si ce n’était pas suffisant, la panne électrique est survenue au moment où des grêlons de la taille d’une balle de ping-pong se sont mis à pétarader dans nos vitres, sur le toit et sur la voiture. C’est à ce moment précis que j’ai pensé que nous étions en pleine apocalypse. Après l’orage de grêle vint la pluie abondante digne d’un vrai déluge.
Interloqués, sans voix, nous étions abasourdis devant ce spectacle violent et rapide. De plus, la température avant l’orage qui était toujours au-dessus de 20 °C a chuté d’au moins dix degrés comme ça, en l’espace d’un moment. Un peu après dix-sept heures quinze le ciel commençait à bleuir, mais la pluie continuait à inonder le parterre.
Faire contre mauvaise fortune bon cœur
Que nous le voulions ou non, la nature nous fait sentir bien petits et frêles lorsqu’elle se déchaîne. Quand l’humain tente de tout contrôler, il a tout faux. Il doit faire preuve d’une bonne dose d’humilité, car sinon, il risque de passer à côté de l’essentiel. Par la suite, ont commencé les voyages vers le lac pour remplir des chaudières d’eau pour la chasse d’eau et la vaisselle. Car sans électricité, c’est le manque d’eau qui cause le plus d’inconvénients. Le feu de foyer alimentait la maison et la température était parfaite. Le souper était déjà prévu : un repas cuit sur le barbecue n’utilisant donc pas d’électricité. Le souper fut pris à la chandelle et, à ce moment précis, vers dix-neuf heures, la tempête était déjà passée.
Ligne d’orages
L’électricité est revenue vingt-trois heures après le début de la panne. Pas moins de cinq arbres sont tombés sur la ligne électrique ou tout près, et ce, sur un tronçon en forêt entre deux maisons. Les fils ainsi endommagés, c’est ce qui causa l’interruption de courant. Cette ligne d’orages se dirigeant vers le sud a causé un émoi au Québec. Près de 50 000 clients ont été privés d’électricité durant la soirée du samedi 10 octobre. Mille éclairs ont été recensés tout près de Montréal et les chutes de température de plus de 10° C ont été enregistrées à plusieurs endroits dans le sud-ouest du Québec. De nombreux arbres ont été déracinés durant la violente tempête. À Saint-Lin/Laurentides, des grêlons de la taille d’une balle de golf ont été vus et photographiés.
Comme cela a causé plus de peur que de mal, nous pouvons reprendre nos activités tout comme avant. Toutefois, nous savons que nous dépendons de l’électricité pour notre confort, notre bien-être. Bien sûr, certains résidents se sont munis de génératrices performantes pour éviter le pire. De notre côté, nous avons vu de près ce que la nature peut faire, et surtout, défaire…