Richesses patrimoniales paroissiales à préserver
Comme au temps de Carolus Thibault et d’Arthur Gohier1
Costumés et représentant deux comparses du passé, Guy Thibault et Benoît Goyer 2, accompagnés de leurs gentes dames, nous ont rappelés, lors d’une conférence gratuite le samedi 14 septembre, au sein même de l’enceinte paroissiale de Saint-Hippolyte, des richesses inestimables que ce bâtiment contient.
Vitraux, fresques et la cloche Estelle qui chante toujours, aujourd’hui, au son du do font partie de la vie des Hippolytois depuis près de 70 ans. Combien cela a-t-il coûté d’efforts aux prédécesseurs ? Résidents, villégiateurs se rappellent-ils tous les efforts déployés dans une période pas si lointaine de vie de dur labeur, marquée par la pauvreté ? C’est un peu dans cet esprit que cette conférence, née du Rallye patrimonial au village de mai dernier, a été présentée.
Intérêt pour le passé
Près de 100 personnes étaient au rendez-vous. On aurait voulu un soleil plus présent en cette fin d’après-midi pour faire ressortir toutes les nuances des couleurs des vitraux patrimoniaux de la célèbre fabrique O’Shea de Montréal, mais dont les origines sont de Shawbridge. Intéressés d’en connaître davantage, les participants venaient de tout horizon : Bruno Laroche, maire et le conseiller Patrice Goyer, cousin d’un animateur. Rhéal Fortin, candidat de la circonscription de Rivière-du-Nord à la Chambre des communes du Bloc Québécois qui a grandement apprécié cette présentation. Et, résidents, vacanciers et visiteurs qui ont manifesté beaucoup d’enthousiasme lors de cette conférence-spectacle de ces collectionneurs passionnés d’objets du passé de Saint-Hippolyte.
Faire revivre le passé
Les animateurs, Benoît, Guy, leurs conjointes, costumés et désirant recréer l’atmosphère de l’église d’autrefois, avaient aménagé les lieux. Ainsi, paroissiens et visiteurs pouvaient identifier les bancs paroissiaux acquis autrefois annuellement par les familles, contribuant en cela à son financement annuel. Objets et artéfacts de culte étaient aussi exposés ainsi que des agrandissements intéressants de documents d’archives reliés aux familles colonisatrices. En cela, ils ont été aidés de collaborateurs appréciés, Rita Bone, secrétaire administrative de la paroisse, Marc Thériault de Terio Artistiques 3, Judith Lagacé, directrice Culture et bibliothèque et Gilles Brousseau de la Municipalité.
Incendie destructeur
La fondation de la paroisse remonte à 1869 avec la construction d’une 2e chapelle, cette fois plus solide. Mais les animateurs-comédiens ont mis l’accent sur la terrible catastrophe, celle de l’incendie de la première église, en 1933. Car, cet événement charnière de l’histoire de la Municipalité a mobilisé tous les citoyens qui, à cette époque, vivaient plus au sein de prospères petites sociétés de rang. La mobilisation qui suivit cette catastrophe donna une importance à l’église paroissiale ainsi qu’au village où des services de protection ont été mis en place et rendus fonctionnels avec l’ouverture des routes en hiver.
Hypothèses lancées
Les animateurs ont abordé également quelques hypothèses. À l’aide de documents, de photographies anciennes partagées par les citoyens, d’artéfacts et de témoignages recueillis lors de l’élaboration d’archives pour célébrer le 150e, ils ont d’abord abordé l’origine du feu. Bien que les rapports officiels parlent d’un incendie causé par la cheminée de l’église, c’est du côté de celle du presbytère que les animateurs ont porté notre attention. Ils ont relaté un feu mal éteint qui s’est produit deux jours plus tôt dans cette cheminée et qui, croient ils, aurait couvé avant que les vents printaniers de cette soirée du 2 mars 1933 le ranime. Mentionnant que la proximité des bâtiments n’ayant sans doute pas aidé.
Puis, est venue la question des objets sauvés. Bien que certains journaux consultés rapportent que beaucoup d’objets avaient été sortis de l’Église en flamme, aujourd’hui, il en reste pourtant peu. Objets du culte, calice et ciboire contenant les saintes espèces furent, sans doute, les premiers sauvés, mais il est également question des douze stations du Chemin de croix. Si c’est le cas, où sont-elles ? Car, celles suspendues aujourd’hui à l’église ont été payées par les paroissiens, après le feu de 1933 ! Il en est de même, des monuments funéraires anciens en bois et de l’obélisque de la famille Morin, disparus lors des réaménagements du cimetière, après les feux de 1933 et de 1968. Ils ont parlé également du malheur, arrivé quelques mois après cette catastrophe, la mort de Philippe Thibault, fils de Carolus et oncle de Guy. Ce dernier, vaillant combattant du feu et trempé de sueur en cette journée fraîche de printemps, est retourné chez lui à pied à huit kilomètres du village et, au dire du médecin consulté, n’aurait jamais retrouvé sa santé et est mort de « consomption » comme on disait à l’époque.
Livre du 150e
Cette conférence, bien agréable, nous a donné un avant-goût de ce que l’on pourra découvrir d’une façon plus étayée dans le livre souvenir du 150e de cette municipalité, à paraître, en début décembre 2019. Pour conclure, Benoît Goyer, reprenant son personnage du maire Arthur Gohier, a rappelé à tous l’importance, aujourd’hui, de préserver ce bâtiment et les richesses patrimoniales qu’il contient. Aussi, les spectateurs étaient invités à contribuer financièrement à la rénovation de la toiture qui en a bien besoin.
1 Carolus Thibault, (1879-1962), premier fils de Damase Thibault dit Léveillé (1845-1926) et d’Herméline Gingras (?-1907, et alors fils cadet de deux frères aînés, Damase (1870-1891) et Joseph (1876-1947) a vécu au lac des Quatorze-Îles où il a été agriculteur et a exercé plusieurs métiers. Marié le 30 octobre 1906 à Émilia Massie (1880-1952) ont eu 15 enfants dont 13 se sont rendus à l’âge adulte. Arthur Gohier, (1887-1960) marchand général et marié à Estelle Rouillard a assumé beaucoup de responsabilités communautaires à Saint-Hippolyte et a été maire de 1935 à 1947.
2 Les patronymes Goyer et Gohier, présents dans la municipalité, ont un ancêtre commun, Jacques Goyer, dit Bélisle, dit Gauyer (5 août 1766-?) et vivant à Montréal. La généalogie nous apprend que ses enfants ont été inscrits dans les registres, au cours des années, sous une orthographe différente, par les prêtres officiants qui les ont baptisés. C’est ainsi que l’on rencontre à Saint-Hippolyte, un de ses fils, Dominique Goyer (1804-1865), ancêtres, des Goyer près du lac Maillé et, un autre, Jean-Baptiste Goyer dit Gohier, ancêtre des Gohier du lac Maillé, du village et près du chemin du Mont-Rolland.