Avril. Même si la neige peut encore tomber et que les nuits sont parfois sous zéro, certains signes du printemps ne mentent tout simplement pas. Voici des signes naturels tangibles qui prouvent que le printemps n’est pas seulement à nos portes, mais qu’il est bel et bien arrivé.

 

11 avril à 5 h 27

Il est 5 h 27. Je me réveille en sursaut, car un animal aboie tout près de la maison. Puisque nous dormons avec la fenêtre ouverte, ce n’est pas un rêve, mais bien la réalité. Comme le chant qui déchire la nuit continue, je me lève et tente d’apercevoir l’animal. Un peu avant l’aube, les ombres sont perceptibles. Je le vois. C’est un Renard roux. Il s’exprime haut et fort avec son glapissement lancinant. Son répertoire se manifeste également par un aboiement plus doux. La période d’accouplement de ce renard (Vulpes vulpes) a lieu en janvier et février. La femelle met bas en avril. Nous y sommes donc. La femelle crie afin de garder contact avec le mâle. Ce signal sonore unit le couple et, par conséquent, la famille. C’est souvent à ces heures que le Renard roux chasse et rapporte ainsi quelques campagnols ou souris dans sa tanière.

 

12 avril à 6 h

Le lendemain, autour de 6 h du matin. Un chant familier éclate dans le boisé forestier. Je le reconnais. Il s’agit du Troglodyte des forêts, un petit oiseau migrateur qui vient tout juste de revenir à l’endroit où il défendra à nouveau un territoire et élèvera sa progéniture. Ce petit oiseau, long de 10 cm, au bec droit apte à capturer des insectes, est très agile dans les branches d’arbres comme sur le sol. Son chant est une merveille pour ceux qui apprécient les sonorités naturelles. L’écouter se traduit pour moi par un réel enchantement.

 

Canards en vue

Nous sommes le 13 avril. Je marche dans la forêt jouxtant le lac. À certains endroits, je renfonce quelque peu. Il doit bien rester 40 cm de neige sous mes pieds. Je persévère jusqu’à la décharge. Je remarque qu’un filet d’eau circule entre les glaces. Je m’approche et entends le cri poignant de la femelle du Canard branchu. Le mâle et sa femelle s’envolent afin de conserver entre eux et moi une distanciation sociale. Quels beaux oiseaux! Le mâle doit compter parmi les splendeurs naturelles du Québec. Il y a justement un nichoir installé par notre ami Charles Charron tout près, en souhaitant qu’ils l’adoptent pour la saison de la reproduction. Puis, à quelques mètres de là, j’identifie un couple de canards plongeurs, des Harles couronnés, qui sont des habitués de nos lacs. Eux aussi peuvent nicher dans les installations humaines que nous leur prodiguons. L’humain peut aider la nature lorsqu’il s’y met. Des succès écologiques peuvent devenir de grandes fiertés si on se penche sur ce que les espèces vivantes ont réellement besoin pour vivre et pour croître.

 

Grive solitaire en vue

D’autres espèces ont été observées le 15 avril. Lors d’une promenade matinale, le Pic maculé et le Pic flamboyant ont tous les deux été vus. Le maculé martelait l’écorce de son bec et le flamboyant se trouvait au sol. Ces pics sont des migrateurs qui sont maintenant ici pour la belle saison. Et toujours le 15 avril, sur ma rampe de galerie, s’est perchée la Grive solitaire juste assez pour que je puisse l’identifier. J’ai hâte d’entendre son chant envoûtant qui retentit tôt le matin ou en fin de journée.

 

De petits amphibiens en voix

Lorsque vous lirez mon texte au tout début du mois de mai, la flore printanière aura sans doute commencé à se révéler. Et nous aurons aussi commencé à entendre chanter de petits amphibiens, la Rainette crucifère ainsi que la Grenouille des bois. La Rainette crucifère émettra alors son chant stridulent à la tombée du jour. Toute cette munificence contribuera à mon bien-être, à ma paix intérieure.