Tels des équilibristes de cirque, les ouvriers qui travaillent à la réfection de la toiture de l’église de Saint-Hippolyte en cet été 2021 nous éblouissent quotidiennement par leur performance.
À l’aise sur ces petites plateformes étroites qui, vues du sol nous semblent si précairement ancrées sur cette toiture en forte pente, les ouvriers de la compagnie Synergy1 nous offrent tous les jours un spectacle étourdissant. « Nous avons relevé des défis encore plus périlleux », lancent fièrement ces spécialistes en réfection de toiture dont le siège social est à Mirabel. Et d’ajouter, à notre compte, « aucun accident majeur ». Bien sûr, ils se font un point d’honneur de respecter les normes de sécurité exigées : harnais de sécurité pour tous les employés, pauses plus fréquentes lors de journées de grande chaleur et chantier arrêté lors de mauvais temps.
Chantier majeur
Réfection entreprise en mai dernier 2 après une campagne de financement amorcée en août 2020,3 ce chantier important visait à effectuer des réparations rendues urgentes. En priorité, une entreprise spécialisée a procédé en mai, à la réfection et même au changement de briques au clocher et à la cheminée. Ces structures réparées en priorité en cas de bris auraient menacé la toiture. Depuis juin, avec quelques arrêts dus à la température, les ouvriers se sont affairés au revêtement de la toiture : ajout d’aérateurs et d’une membrane protectrice et remplacement des bardeaux. Si tout va bien, la fin des travaux est prévue vers la fin du mois de juillet.
Célébration de fin du chantier
Il est une coutume dans le monde des organisations importantes d’amorcer des projets d’envergure par une annonce officielle et une célébration : coupe de ruban, pelletée de terre, remerciements aux contributeurs et généreux donateurs et autres en font partie. Malheureusement, avec les inconvénients dus à la COVID-19, cela n’a pas eu lieu pour ce chantier. Qu’à cela ne tienne! Le Conseil de fabrique de la paroisse de Saint-Hippolyte compte bien renouer avec cette coutume, mais cette fois, à la fin des travaux. Aucune date n’est encore fixée, mais il est fort possible qu’au courant du mois d’août, une célébration soit amorcée où tous les paroissiens, citoyens et villégiateurs seraient conviés. Surveillez cette annonce sur le site Web du journal Le Sentier.
1 Toiture Synergy : https://www.toituresynergy.com
2 Antoine Michel LeDoux, Réfection de l’église paroissiale patrimoniale. Y croire et passer à l’action, Le Sentier, juin 2021, p.4.
3 Antoine Michel LeDoux, Une paroisse à bout de souffle financier, Le Sentier, août 2020, pp. 14 et 15.
La famille Bélanger
En 1978, Alain Bélanger et Gérald Carrière, contremaître et complice, aidés de quelques employés ont relevé le défi de la réfection des bardeaux du toit de l’église. Monsieur Bélanger est décédé en 2015. Gérald Carrière habite toujours au lac en Cœur. Ses enfants : sa fille Muriel Bélanger-Mondor et ses fils Guy et Martin Bélanger, actuellement propriétaires de la compagnie de Construction BELCO 20131, partagent avec nous quelques souvenirs de cette époque.
Construction BELCO 2013 inc., 14, rue Balmoral, Morin-Heights, QC J0R 1H0.
Des souvenirs d’une époque
La famille Bélanger, d’abord villégiateur au lac du Pin Rouge dans les années 1960, s’y installe à demeure en 1971. « Mon père était menuisier de métier, raconte sa fille Muriel. Rapidement, il a offert ses services aux vacanciers et aux villégiateurs de plus en plus nombreux dans ce secteur de Saint-Hippolyte en plein développement grâce à l’aménagement de ses routes et les facilités d’électrification d’Hydro-Québec. »
« Ma mère, Lorraine Gertin-Bélanger, femme active, s’est rapidement intégrée aussi aux activités paroissiales et communautaires. On la retrouve à la fin des années 1978, présidente du Cercle de Fermières. C’est sous sa gouvernance qu’elle organise avec un groupe de bénévoles, la participation des membres de la municipalité à l’émission La soirée canadienne, à la télévision sherbrookoise, en 1979.1
Affaire réglée autour d’un repas
Muriel Bélanger et ses frères Guy et Martin racontent avec plaisir les événements qui ont entouré la réfection des bardeaux du toit de l’église en 1978. Réalisation encore plus grandiose à cette époque, tenant compte des équipements d’alors et de la façon dont les affaires étaient menées. « Mon père, raconte Muriel Bélanger, avait soumissionné comme d’autres pour l’obtention de ce contrat. Un jour, par une fin d’après-midi, ma mère reçoit un appel téléphonique du curé Jacques Gince, alors nouvellement arrivé dans la paroisse. Il l’informe de sa visite, « le temps de me rendre », a-t-il dit alors à ma mère, qui elle, tout énervée, s’est mise à paniquer. Pensez-y à cette époque, recevoir un curé dans sa maison était toute une affaire! Ma mère se dépêche de faire prévenir son mari sur son chantier, de ranger la maison, de se toiletter un peu et de nous avertir d’être calmes et polis. Le curé arrive donc en fin d’après-midi, se met à discuter avec mon père et mine de rien, le voilà à la table avec nous pour le souper. Repas terminé, quittant et remerciant mes parents pour leur accueil, il glisse à mon père en lui donnant la main : « affaire conclue pour la réfection des bardeaux du toit! », puis il s’en va!
Effervescence de la fin des années 1970
Les années 1970, et spécialement celle de 1978, furent particulièrement intenses en activité à Saint-Hippolyte. Muriel se rappelle la vie effervescente de cette époque : nombreuses activités récréatives organisées par le maire Roger Cabana, église occupée par des équipes sportives et par des événements de toutes sortes et des célébrations religieuses. Bien sûr, c’est également celle de cette réfection du toit et des projets de leur mariage qui aura lieu en 1979.
Funérailles et tournage du film Les bons débarras
Parmi tous ces souvenirs, des blagues ra-contées par les ouvriers de son père et ses frères, qui donnent un coup de main lors des travaux, lui reviennent en tête. Celle, par exemple, survenue lors de funérailles. Évidemment, il était convenu que durant celles-ci, les travaux devaient cesser. Les ouvriers, alors installés sur le toit, avaient tout le loisir d’observer les préparatifs. En blague, l’un d’eux lance alors… « En tout cas, si l’un de nous décide de se sacrer en bas, tout est prêt pour la cérémonie! » Le toit de l’église est bien sûr le lieu privilégié d’observation de ce qui se produit au village. Ce fut le cas, entre autres, lors du tournage du film : Les bons débarras de Francis Mankiewicz, selon un scénario de Réjean Ducharme. Au repas du soir, les Bélanger racontaient avec plaisir les scènes tournées et observées d’en haut de l’église.
1 Antoine Michel LeDoux, Saint-Hippolyte : Sur les chemins de son histoire, 2020 p. 164.