• Accueil
  • >
  • Article
  • >
  • Pour la fête des Pères, en confinement. Mon plus vieux vient d’avoir 47ans

Pour la fête des Pères, en confinement. Mon plus vieux vient d’avoir 47ans

C’est encore le coeur rempli d’émotions que je me rappelle la naissance de mon premier enfant en 1973, et de ses deux frères,  1975 et 1976. Il me semble que la vie était plus belle et plus facile à cette époque, entre nous les « de souche ».

Je me souviens comme hier que, accoté sur mon vieux Dodge Aspen familial, à côté de la maison, un soir de novembre en 1973, seul dehors, je me suis dit : cet enfant, il faut le nourrir, l’élever, l’éduquer, s’en occuper, etc. Linda ne travaillait pas à l’extérieur, je me suis trouvé un deuxième job d’été, éducateur dans un centre jeunesse anglophone. La vraie vie de responsabilités commençait. Deux autres beaux garçons s’ajoutèrent par la suite. Ma vie était orientée. Heureusement, nous avons eu l’aide financière de la belle-mère Jeanne, pour acheter notre première maison neuve, un bungalow à 19,500 $, une hypothèque de 250 $ par mois, et compte tenu de mon maigre salaire d’enseignant, une aide de 100 $ par mois, non remboursable, pendant cinq années, de la SCHL (1). Les déficits de Trudeau père commençaient…

Jeune au collège classique, j’avais visionné mon futur, une femme, des enfants, un emploi que j’aime, les bébés, l’adolescence, mais je ne m’étais pas rendu plus loin. Maintenant, à 71 ans, je vois devant moi, des hommes matures. Impressionnant. J’ai été très chanceux. Mes trois garçons ont tous marié des femmes extraordinaires. De gros mariages, 150 invités et plus. Je revois mon petit discours en chinois à Vancouver, mon cousin Ronald à Québec, la fête à côté du Pavillon de la France, etc. Et puis, les huit petits cadeaux du ciel. Le bonheur !

Évidemment, je ne peux oublier, même si je pardonne, la réaction de mes collègues de travail, tous diplômés d’universités et professeurs de cégep. J’ai été engagé après la naissance de mon premier enfant, en 1974. Certains voyaient la paternité, comme une erreur de jeunesse. 47 ans plus tard, je me rappelle encore, la larme à l’oeil, leurs commentaires, quand le deuxième enfant est arrivé, deux sont venus me voir. Un m’a dit : « Un vrai intellectuel n’a pas besoin de faire des enfants pour donner un sens à sa vie » et l’autre m’a demandé « si je connaissais les méthodes de contraception ». Aucun ne m’a félicité, comme le veut la coutume. J’ai encaissé sans dire un mot. Quelque vingt années plus tard, j’appris que l’un d’eux avait abandonné sa femme et ses deux filles et n’avait jamais payé de pension alimentaire.

L’autre avait eu des enfants avec deux femmes et ne s’était jamais occupé d’eux. Il avait coupé tous les ponts. À l’époque la
mode intellectuelle de gauche, était très influencée par la critique de la famille avec Ronald D. Laing et son livre La politique de la famille et L’Anti-OEdipe de Gilles Deleuze et Félix Guattari. Laing a eu dix enfants avec quatre femmes et était le penseur adulé
par mes collègues, qui l’enseignaient en classe. Pauvres étudiants… La baisse de la natalité commençait au Québec.

Un autre héros de mes collègues était Jean- Jacques Rousseau, le père de l’éducation moderne et de toutes les réformes qui a consisté à démanteler, ridiculiser et anéantir l’enseignement classique des Jésuites, le fameux Ratio Studiorum qui a formé l’élite du peuple québécois pendant 300 ans. Grâce à lui et a nos pédagogos, nous sommes passés du fameux Audi Alteram Partem de Bernard Landry au Ça prend pas le pogo le plus dégelé de la boite de Manon Massé et le J’ai pas sorti ça d’une boite de Cracker Jack de la ministre de la Justice Stéphanie Vallée. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir étudié Rousseau, ils doivent savoir que
pour écrire son oeuvre majeure en éducation, Émile Ou de l’éducation, il a abandonné ses cinq enfants à une crèche, ce qui équivaut, de nos jours, à les donner en adoption.

J’ai continué mon petit chemin en récitant ma devise : Les chiens aboient, la caravane passe. Mes trois fils ont fait partie du mouvement scout, ont contribué à planter 2,3 millions d’arbres, étudié au Japon, en Slovaquie, au Chili, possèdent tous une maîtrise, gagnent en commençant à travailler le même salaire que moi comme enseignant après 36 années de travail. Heureusement, ils n’ont pas choisi cette vocation, que je ne conseille pas à un homme ! Mais comme le chante Édith Piaf, dans ma chanson préférée, Non… rien de rien, non, je ne regrette rien.