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Pierrette Asselin (1933-2021) Décès d’une artisane culturelle marquante

C’est au crépuscule, le 24 décembre 2021, entourée de l’amour de ses quatre enfants, que doucement Pierrette Asselin, 88 ans, nous a quittés.

« Femme rayonnante et unique, peut-on lire dans sa chronique nécrologique, elle a semé à tout vent l’amour, le bonheur, la joie, les sourires et les fous rires. » C’est aussi ce que souligne Élise Chaumont, responsable actuelle de la bibliothèque de Saint-Hippolyte, qui lui a succédé. « Pierrette était une personne très attachante. Toujours de bonne humeur, elle avait un sens de l’humour très aiguisé qui désamorçait beaucoup de situations  »

Artisane culturelle importante

Ceux qui l’ont côtoyée affirment que madame Asselin a contribué grandement à bâtir « l’image de qualité encore présente de la bibliothèque de Saint-Hippolyte. Ce constat se reflétant entre autres dans son grand nombre d’utilisateurs, plusieurs venant même d’au-delà des frontières municipales ».1 C’est cela que soulignait en 2007, la motion de félicitations présentée par Hélène Noël-Watier, conseillère municipale et appuyée par tous les membres de l’administration du maire Gilles Rousseau (2005-2009). On soulignait par ce geste « 20 ans de travail et de dévouement pour cette institution ».

 

Rigueur, humour et compassion

Pour Jocelyne Annereau-Cassagnol qui l’a côtoyée au journal Le Sentier, sa fréquentation était très agréable. « Rigoureuse dans ses méthodes de travail, elle savait y allier un grand sens de l’humour qui désamorçait toute situation difficile. Sensible, elle manifestait ouvertement une compréhension et une grande compassion pour ses semblables, ce qui la rendait très attachante. »

 

Créer une « âme » invitante dans un lieu public

Son de cloche semblable du côté d’Élise Chaumont qui lui a succédé comme responsable de la bibliothèque en 1996. « Durant son mandat, Pierrette Asselin a fait grandement progresser la bibliothèque. Elle prenait un soin minutieux dans l’accueil des utilisateurs, le choix des livres à acheter et l’aménagement des lieux. Elle voulait créer une “âme” invitante à ce lieu de vie. Elle-même suscitait l’admiration de ceux qui la côtoyaient et était aimée de tous. »

1992 : Célébration des 15 ans d’existence de la bibliothèque. À l’extrême gauche, Pierrette Asselin, responsable.

Ouverture de la bibliothèque au pavillon Aimé-Maillé, 6 décembre 1995. De gauche à droite : Thérèse Bougie, Esther Roy, Pierrette Asselin et Élise Lépine.

 

Nommé responsable à 60 ans

Le 9 juillet 1990, à 60 ans, elle accepte la responsabilité de la bibliothèque. Durant les cinq années qui suivent, elle consacrera de nombreuses heures à animer ce lieu par plusieurs activités et événements culturels. Conséquemment, le nombre d’utilisateurs résidents et vacanciers augmente, mais faute d’espace impossible d’augmenter le nombre de volumes à la hauteur des besoins de la population.2 Après maintes demandes et démonstrations, la bibliothèque est déplacée dans une section du pavillon Aimé-Maillé, en 1995. Encore une fois, madame Asselin est maître d’œuvre de son réaménagement.

Tact et diplomatie au pavillon Aimé-Maillé

« Croyez-moi, cela n’est pas une mince tâche que d’aménager une bibliothèque, précise madame Chaumont, qui elle-même, était impliquée à cette époque. De plus, elle devait composer avec tact dans l’utilisation d’une salle commune, situation qui n’a pas toujours été facile! » C’est en 1996 à 66 ans que madame Asselin confie la place de responsable à Élise Chaumont. « Je dois beaucoup à Pierrette, souligne cette dernière. Elle croyait en moi! Ce fut facile de prendre sa relève! »

Inauguration de la section de livres anglais au sous-sol de La Communale. À l’extrême gauche, Cynthia Ward, bénévole.

Réalisations marquantes de madame Asselin : livres anglais, concours littéraires et dictées BIBLIO et Pivot

Durant sa direction, madame Asselin a mené de nombreux projets culturels à terme. En 1990, à la demande d’utilisateurs anglophones, la bibliothèque offre une section de livres en anglais. Pour l’aider dans l’accueil de ceux-ci, madame Asselin s’assure de la participation de deux bénévoles très appréciées, mesdames Cynthia Ward et Marie Lamoureux. Annuellement, elle fait aussi la promotion et accompagne des utilisateurs à des concours et événements littéraires. Parmi ceux-ci, rappelons, le concours littéraire organisé par la Bibliothèque centrale de prêts des Laurentides où, en 1991, Diane Lévesque s’y distingue comme lauréate. Cette dernière anime également un Cercle de lecture à la bibliothèque, mis en place par madame Asselin. S’en suivront des participations aux dictées du réseau BIBLIO et celle, difficile de Pivot. Jean-François Lachance, résident du lac Bleu, s’y distinguera particulièrement durant plusieurs années. 3

Pierrette Asselin (à gauche) et Jean-François Lachance au pavillon Aimé-Maillé.

Impliquée dans plusieurs sphères culturelles

Madame Asselin est infatigable et généreuse. Elle partage son savoir-faire auprès de plusieurs organisations, dont le journal communautaire Le Sentier. Jocelyne Annereau-Cassagnol, ancienne directrice au Centre éducatif et communautaire des Hauteurs et collaboratrice au Sentier, se rappelle sa générosité. « Elle était avec Michèle Châteauvert et moi, correctrice des épreuves. Nous avions énormément de plaisir, car elle avait un sens de l’humour incroyable. Ponctuelle, rigoureuse, elle possédait un excellent français. On corrigeait chaque page deux fois avec grand sérieux, puis on terminait l’avant-midi avec des jeux de français. Elle avait réponse à tout : syntaxe, grammaire, orthographe.

Madame Asselin parle de son travail

Je n’aime pas être absente quand la bibliothèque est ouverte. […] Quand j’inscris un nouvel abonné, je prends le temps de faire le tour de la bibliothèque avec lui et de lui expliquer comment cela fonctionne. […] J’essaie de connaître les goûts et les besoins de chacun en lecture et je pousse les bénévoles à en faire autant. Moi-même, j’ai toujours pris le temps de lire. Quand on connaît les livres, on peut influencer le choix des abonnés. […] En plus des heures d’ouverture, il faut effectuer le rangement, ce qui représente souvent le triple de notre temps. […] Et, trois fois par année, nous échangeons 1 000 livres à la Centrale des bibliothèques des Laurentides. Ce qui n’est pas une mince tâche d’élaguer et de replacer.

Vacancière bénévole devenue indispensable

Pierrette Asselin connaît d’abord Saint-Hippolyte comme vacancière où elle vient se reposer à l’été 1987. Charmée par ce milieu, en juin 1988, la famille de Pierrette Martineau et de Roger Asselin (1935-2020) s’y installe à demeure. Très active à 59 ans, elle s’implique rapidement comme bénévole à la bibliothèque. Elle met donc la main à la pâte lors de son aménagement au sous-sol de La Communale (hôtel de ville). Thérèse Rajotte, la responsable reconnait rapidement ses grandes capacités : en aménagement, leadership et animation culturelle. Les deux femmes se lient d’amitié. Madame Asselin rappelle ainsi l’accueil bienveillant de madame Rajotte « Vous avez marié votre fils et êtes maintenant installée confortablement chez nous. Nous sommes si heureux de vous accueillir parmi nous! »

Saint-Hippolyte fleurit culturellement de 1980 à 2000

Saint-Hippolyte devient, durant les décennies de 1980 à 2000, un terreau culturel et artistique reconnu. Sans contredit, ce sont d’abord ses lieux champêtres qui attirent une flore d’artistes montréalais qui y séjournent et dont certains deviennent résidents.1 Leur séjour est de plus facilité par l’amélioration des routes et le prolongement de l’Autoroute des Laurentides (15) jusqu’à Saint-Jérôme. C’est également durant cette période que certaines administrations municipales proposent des politiques culturelles donnant naissance à des réalisations. La première étant celle présentée sous l’administration de Roger Cabana (1975 à 1981).

 

Cette effervescence crée un climat où submergent des acteurs marquants et des créateurs qui suscitent des lieux et des événements culturels et artistiques

  • Création d’une bibliothèque dans un local de la sacristie (1977).
  • Rosario Venne, pharmacien et commerçant au village, publie des œuvres de poésie (1978).
  • Monique Pariseau, enseignante, romancière et résidente, publie quelques œuvres historico-romanesques.
  • Tournage du film Les Bons Débarras de Francis Mankiewicz (1980).
  • Ouverture du journal communautaire Le Sentier (1983).
  • Hélène Dorion, poétesse résidente, publie des recueils et dirige l’entreprise Éditions du Noroit installée à Saint-Hippolyte (1983 à 2001).
  • Commission scolaire de Saint-Jérôme et la municipalité de Saint-Hippolyte s’associent pour faire des locaux du gymnase de l’école des Hauteurs, un Centre éducatif et communautaire des Hauteurs (1985).
  • Exposition annuelle Montagne-Art (1986 à 2015).
  • Pierre Brisson est nommé directeur des loisirs. Il met du cœur à favoriser et à soutenir des activités artistiques et culturelles dans ses programmations (1987 à 2015).
  • Après maintes démonstrations et demandes, la bibliothèque s’installe au pavillon Aimé-Maillé. (1995).
  • Plusieurs chorales, qui animent les célébrations dans les lieux de cultes, présentent annuellement des concerts musicaux.

1La population bondit de 1690 résidents (1971) à 5672 résidents (2001).

1 Selon la population de 4697 résidents en 1991, les normes gouvernementales indiquent que la bibliothèque devrait occuper un espace de 423 mètres carrés, mais la réalité indique qu’elle n’en occupe que 54 mètres carrés. Élise Chaumont, La bibliothèque de Saint-Hippolyte ne répond plus aux besoins de la population, Le Sentier, février 1993.

2 Selon les relevés, la bibliothèque compte près de 2000 abonnés avec des taux variant autour de 5 % sont de villégiateurs et 2 % provenant de l’extérieur du territoire (Sainte-Sophie, Sainte-Marguerite, Prévost).

3 Antoine-Michel LeDoux, Bibliothèque de Saint-Hippolyte. Bientôt 45 ans d’accès au savoir et à la culture, Le Sentier, octobre 2021, p.7.