Entrepreneur hippolytois qui a façonné le ski nautique québécois et canadien.
Savez-vous que des citoyens de la municipalité de Saint-Hippolyte ont de riches vécus entrepreneuriaux ? C’est le cas de Pierre Beaudin, 94 ans, résident du lac l’Achigan depuis plus de 87 ans qui a contribué durant plus de 40 ans par ses innovations techniques en ski nautique, à la croissance de ce sport amateur et professionnel tant au niveau québécois, canadien et mondial.
Pierre Beaudin a les sports de glisse dans le corps. Les activités enfantines sportives nautiques et alpines de son enfance passée au lac, dès 1929 à celles audacieuses de son adolescence avec ses amis André et Marcel Cadieux, fils d’Ernest Cadieux du restaurant L’Hirondelle, l’ont mené, adulte, à une belle aventure entrepreneuriale dans le monde des sports de glisse naissant en Amérique. Il y a à peine 2 ans, à 92 ans, il faisait encore quotidiennement sa balade en ski nautique et dévalait fièrement les pentes de ski alpin de la région, à titre de doyen à vie des Monts Blanc et Habitant.
«Les Sea Gliders, skis des champions, faits à votre mesure ! »
Ce slogan, Pierre Beaudin le lance encore fièrement pour parler de sa plus grande innovation : ses skis Sea Gliders. Son large sourire en dit long sur la fierté qu’il éprouve en se rappelant tout le chemin parcouru du jeune officier militaire, fraîchement démobilisé qu’il était, en 1945. Au fil de ses récits, 40 années intenses de travail défilent ainsi entre le petit garage de son père, rue l’Acadie à Montréal et cette immense entreprise, grande comme un terrain de football, rue Champlain, Fabreville, Laval où travaillaient dans les temps forts de production des années 1970-1980, près de 50 employés
Un fonceur dans la vie, un expert de la glisse
9e enfant d’une famille de 14, son père, chef contremaître à la Montréal Light, Heat and Power achète, en 1929, l’immense terrain de 850 pieds de façade en bordure du lac l’Achigan Est, au colonel Pelton, ruiné à cause du Crash économique de 1929. Pour les enfants de cette famille montréalaise, l’été devient synonyme de sports : tennis, natation et pêche, sans oublier les randonnées pédestres pour explorer les fermes et les bois environnants. Pierre aime l’action et se révèle habile bricoleur. En 1942, fraîchement diplômé du Mont-Saint-Louis, il n’hésite pas à s’enrôler comme volontaire dans l’aviation. À18 ans, il est 1 des 2 seuls officiers francophones sur 40 anglophones, promu comme ingénieur d’envolée sur avion. Pendant 3 ans, basé à Dartmouth, Nouvelle-Écosse, il escorte les bateaux canadiens et américains qui alimentent les Forces Alliées en Europe. A 21 ans, démobilisé, il accepte un emploi de vendeur à 18$ pour une semaine de 72 heures, au département de matériel sportif, du chic magasin à rayon Morgan, rue Ste-Catherine. Puis, l’Association des étudiants de l’Université de Montréal le recrute au salaire mirobolant de 50 $ semaine pour qu’il organise de A à Z une boutique sportive. Cette première aventure entrepreneuriale qui dura 10 ans, a été l’incubateur qui a donné naissance en 1957 à celle qui a duré 40 ans, sa compagnie de fabrication de skis Sea Gliders.