Serait-il envisageable de simplifier l’ortograf francais (au lieu de l’orthographe française) pour améliorer la réussite scolaire et pour lutter contre l’exclusion sociale ? Considérant que l’écriture de la langue française nécessite la connaissance, non pas de 26 lettres, mais de 48, pourquoi ne pas la simplifier ?
En français, pour écrire un texte sans faute, il faut apprendre à maîtriser 48 lettres : 26 lettres de base, 15 voyelles avec accents â, à, é, è, ê, ë, e muet î, ï, o, ô, ù, û, ü et les digrammes soudés œ, ae, etc. Sans oublier sept cas spéciaux : ç cédille, m devant p et b, u toujours après la lettre q, h aspiré et h muet, le ph et le y aussi…
La langue française comporte de nombreuses difficultés comme les lettres doubles qui sont presque ou pas prononcées ou articulées ; les exceptions à la règle comme amours, délices et orgues qui deviennent des mots féminins au pluriel ; les chiffres et les règles qui y sont associées, comme quatre mille qui ne s’accorde pas ; les traits d’union qui disparaissent à l’usage ; les nombreuses révisions incomplètes des règles de l’orthographe ainsi que les anglicismes qui sont des mots qui seront acceptés dans quelques années.
Un article de la revue The Economist, August 10th, 2019, titrait ceci : “Why widely spoken languages have simpler grammar”, ce qui se traduit ainsi : Pourquoi les langues les plus parlées possèdent une grammaire plus simple… Il faut aussi reconnaitre a priori, le fait que les principes à la base de la grammaire française sont contenus dans l’ouvrage de Maurice Grevisse Le Bon Usage, qui insiste pour dire que les règles de la langue évoluent. « C’est l’usage qui fait la règle et non l’inverse. » Reconnaissons que même les futurs diplômés en enseignement du français au baccalauréat en sciences de l’éducation, après 17 années de scolarité, peuvent éprouver de la difficulté à réussir leur examen de langue. De plus, le quart des étudiants admis au cégep sont inscrits en Français d’appoint pour reprendre leur cours du secondaire.
Considérant mes 36 années d’enseignement et le fait que tous mes enfants et petits-enfants ont réussi ou réussissent très bien à l’école, je me permets de vous faire part de certaines idées. Éradiquons les accents comme en anglais, les lettres doubles comme en espagnol, les exceptions à la règle comme en allemand. On pourrait aussi éliminer les lettres qui ne sont pas prononcées : faon deviendrait fan. rhum : rom, saoul : sou, pétiole : péciole… On pourrait simplifier également en enlevant le m devant les lettres p et b comme dans bonbon ainsi que le u après le q comme dans niqab. Pourquoi ne pas poursuivre en affirmant que tous les pluriels devraient s’écrire avec un « s » à la fin, même les adverbes! Aucun mot ne serait donc invariable. Tous les participes passés s’accorderaient en genre et en nombre. Aucune exception ne serait acceptée. Tous les chiffres s’accorderaient en nombre sans traits d’union.
Bien sûr, cela pourrait être perçu comme une sorte de révolution de la langue. Voici ce que disait le grand écrivain Umberto Eco : « C’est en France qu’il y a le plus grand taux de dyslexie. En allemand ou en italien, un son s’écrit exactement comme on le dit, et cela aide beaucoup. En anglais, on le dit et on l’écrit toujours d’une façon différente. En français, il y a des règles, mais elles sont trop compliquées. Je parle mieux le français que l’anglais. Mais je préfère écrire en anglais qu’en français. Car en français, il y a des problèmes d’accents et d’orthographe qui sont terribles ».