Une rencontre avec Charles Charron est toujours une belle occasion de mieux saisir la passion pour le monde naturel qui anime cet homme. Instigateur de la construction de nichoirs pour aider à la nidification du Canard branchu dans Saint-Hippolyte, voici un bilan au terme de cinq saisons de nidification de ces canards sauvages.
Pour la première saison de nidification en 2014, 33 nichoirs ont été installés dans la région. Même si Charles a pu compter sur l’aide de bénévoles pour l’installation et l’entretien de ces nichoirs, la conception et la construction de ces cabanes lui reviennent à part entière. Pour la saison qui s’est terminée en 2018, pas moins de 63 nichoirs sont dispersés çà et là sur le territoire hippolytois. D’autres nichoirs ont donc été bâtis et ajoutés entre la deuxième et la cinquième saison de nidification.
Le recensement des coquilles d’œufs
Une fois que les nichoirs sont fixés aux arbres à proximité des cours d’eau, l’entretien annuel doit être planifié, et ce, pour chacune des cabanes. La visite se fait soit avant l’hiver, en novembre, soit en janvier ou février. Charles se déplace seul ou avec une autre personne afin de recenser ce qui se trouve dans chacun de ses nichoirs. Des notes sont prises sur le nombre de membranes, la forme, la couleur et la quantité de coquilles d’œufs afin de pouvoir déterminer laquelle espèce aurait pu nicher durant la belle saison. Il pourra aussi évaluer le nombre d’œufs éclos et de jeunes qui ont pu voir le jour.
Un tableur bien rempli
Le tableur Excel conçu par Charles contient toutes les données qui ont été colligées au fil des années. Après cinq ans d’étude et de suivi, le Canard branchu a niché avec succès 24 fois. 203 œufs ont éclos, ce qui équivaudrait à 8,5 œufs pondus par nichée. Une autre espèce de canard, le Harle couronné, a aussi utilisé les nichoirs pour y élever sa progéniture. Ce canard plongeur a pondu 193 œufs, mais pour un nombre de nichées qui s’élève à 34. Le nombre d’œufs éclos par nichée serait de 5,7.
Un décor d’eau et de forêt riveraine
Sans l’intervention humaine, ces canards n’auraient pas niché avec un tel succès. À l’état naturel, le Canard branchu et le Harle couronné utilisent les cavités dans les arbres morts pour y nicher. Or, ces arbres sont souvent coupés aux abords de nos cours d’eau, ce qui empêche ces oiseaux de les utiliser. Charles Charron est donc un homme bienveillant qui a permis à près de 400 canetons de naître dans un décor d’eau et de forêt riveraine. Ces jeunes, dès l’année suivante, reviendront sur leur terre natale. Les femelles peuvent même nicher à l’âge d’un an, dès la saison suivante.
Bilan positif
Charles Charron est fier de son projet. Le bilan est positif et il continuera de prendre soin de ses nichoirs afin que ces derniers puissent accueillir de nouveaux oiseaux tous les ans. Tout a été pris en compte. Les coordonnées géodésiques de chacun des nichoirs, les fichiers concernant l’entretien, le taux d’occupation, etc. Bien sûr, quelques questions demeurent sans réponse. Par exemple, est-ce que ce sont les mêmes individus qui reviennent d’année en année dans le territoire ? Nous pouvons soupçonner que c’est ce qui se passe, mais il faudrait procéder à un système de baguage d’oiseaux pour résoudre cette énigme. Il faut composer avec la nature, ce qui est souvent imprévisible. « Il faut aussi un certain temps avant que les canards puissent repérer le nichoir installé près de l’eau », nous explique Charles. Ce qui manque beaucoup à notre passionné de la nature, c’est de pouvoir observer un Canard branchu à Saint-Hippolyte. Il s’occupe de ces oiseaux dans l’ombre sans jamais les avoir vus de près…
Comme si cette occupation n’était pas suffisante, Charles Charron est aussi vice-président de la Société des plantes alpines et rocaille du Québec. Au fil des années, il est devenu une véritable autorité en ce qui a trait à l’écologie, à la production de semis et à l’aménagement de ces espèces végétales. Longue vie aux harles et canards qui empruntent les nichoirs de Charles Charron. Longue vie à son projet, qui bien discrètement et avec constance, réussit à changer le monde pour le mieux.