Depuis 35 ans, le journal Le Sentier s’introduit dans vos maisons grâce aux dizaines de journalistes qui ont écrit des textes, des rubriques, des chroniques de toutes sortes. Certains d’entre eux ont traversé le temps. On les retrouve mois après mois partageant leurs connaissances, leurs passions et leurs réflexions. Ces bénévoles mettent du temps, font des recherches, des rencontres afin de rendre leurs articles des plus intéressants.
Monique Pariseau, auteure de plusieurs livres, enseignante retraitée de français au cégep de Saint-Jérôme, écrit pour le Sentier depuis juin 1987 d’abord en tant que collaboratrice, pour être aujourd’hui une de nos journalistes mensuels. Tout au long de ces années, les lecteurs ont découvert une écriture riche en réflexions, en observations et surtout en émotions par le biais de textes touchant différents domaines.
Arrivée au Sentier
Tout a commencé par des visites faites à un ami qui habitait sur le chemin Kilkenny. Monique est tombée sous le charme des paysages hippolytois et s’est installée dans une maison achetée au lac Connely. Elle y vit depuis 1978. Pour cette femme du Fleuve, ce fut toute une adaptation. Elle a quitté l’infini de cette immense étendue d’eau pour se retrouver comme elle le dit si bien, à l’intérieur d’un nid entouré d’arbres.
Petit à petit, elle s’est laissée apprivoiser par son nouvel environnement en parcourant la forêt derrière la maison. L’automne a scellé son histoire d’amour. Les couleurs qu’elle traversait sur le chemin des Hauteurs l’ont tant enchantée qu’elle est alors devenue une véritable Hippolytoise.
Une rencontre déterminante
Son emploi au cégep de Saint-Jérôme lui a permis de faire de belles rencontres et parmi les enseignants celle d’Hélène Dorion. Comme celle-ci collaborait activement au journal Le Sentier, elle a convaincu Monique d’écrire des articles sachant très bien que sa contribution serait fort appréciée des lecteurs. Le premier texte apparu relatait son séjour de deux ans comme enseignante au Maroc. Un témoignage vibrant d’une expérience déterminante puisque son premier roman, Les figues de Barbarie, est inspiré par son aventure marocaine.
Au début de sa collaboration au journal, Monique Pariseau s’est intéressée à l’actualité, des événements qui se déroulaient autant dans la région que dans le monde. Par la suite, nous pouvions lire une chronique : J’ai eu le plaisir de lire pour vous. Puis, il y a eu une pause de quelques années.
Aujourd’hui…
À notre plus grand plaisir, on peut lire Monique de nouveau. On la retrouve chaque mois sous la chronique : Il était une fois. Inspirée par ses lectures, ses rencontres, ses expériences de vie, elle nous transmet son opinion, nous propose des réflexions philosophiques, nous fait part de ses préoccupations et même de ses rêveries. On ne peut rester indifférent à ses écrits teintés de profondeurs et de sensibilité.
Monique fait partie de l’équipe des correcteurs qui se rencontre chaque mois avant de faire parvenir le journal à l’imprimerie. Sa présence est précieuse dans l’équipe, non seulement pour sa connaissance de la langue, mais aussi pour sa façon de nous faire rire par ses réactions spontanées. Elle est une collègue consciencieuse, aidante dans nos questionnements de correctrice et sans jugement pour une ponctuation où une structure de phrase qui nous titille.
Reconnaissances
Résumer le travail de Monique Pariseau en tant qu’auteur, écrivaine et enseignante ne peut se faire en un seul article. Suite à son premier roman s’est ouvert un nouvel univers de projets qui se sont concrétisés dans l’écriture de cinq romans. Écrire n’a jamais nui à la qualité de son enseignement puisqu’en 2008 elle reçut par l’Association québécoise de pédagogie collégiale, une mention d’honneur pour l’excellence et le professionnalisme de son travail dans l’enseignement.
Le site Web du journal a inclus sur ses pages sa biographie, sa bibliographie ainsi que quelques extraits de critiques. Vous pouvez emprunter ses romans à la bibliothèque de Saint-Hippolyte.
Quelques questions…
Q- Qu’est-ce qui vous a incité à accepter le défi de collaborer au journal ?
R- Je trouvais que cet endroit du monde, Saint-Hippolyte, méritait d’être connu et apprécié. J’avais le goût de lui rendre hommage d’où mon implication.
Q- Quelle a été votre implication au journal tout au long de cette aventure ?
R- J’ai fait partie du CA et j’aime écrire pour mettre en évidence les réalisations de mon village et des gens qui en font partie.
Q- Que vous a apporté cette expérience journalistique au Sentier ?
R- En premier lieu, cette expérience m’a permis de cheminer dans un sentier que parcourent des gens exceptionnels. Le journal m’a offert de travailler, de créer avec des personnes qui méritent toute mon admiration. C’est un véritable cadeau que ma participation au journal m’a donné.
Q- Quels sont vos souhaits pour l’avenir du journal ?
R- Si depuis 35 ans le journal raconte la vie de Saint-Hippolyte, il m’apparaît impossible que notre village entouré de forêts ne puisse survivre sans un mensuel qui témoigne de sa vie tant dans ses méandres de son quotidien que dans ses transformations. Le journal ne peut mourir tout comme les arbres qui nous entourent ne peuvent disparaître à tout jamais. Ce journal est plein de vie comme celle qui régénère saison après saison ce nid que nous appelons Saint-Hippolyte.
MONIQUE PARISEAU
Diplômée de l’Université McGill, l’écrivaine Monique Pariseau enseigne, à ses débuts, le français à Ottawa, puis durant 32 ans, au cégep de Saint-Jérôme. Une grande partie de sa vie professionnelle est consacrée aux mots. Parler littérature et faire connaître les écrivains marquants sont deux activités, selon elle, très proches du travail d’écriture. En cours de carrière, elle a gagné le phénix du professeur actif dans le collège qui chaque année témoigne de la reconnaissance du Collège à l’endroit d’un professeur qui, à travers une ou des activités connexes à sa discipline, s’est particulièrement impliquée tant au niveau du développement de la culture qu’à celui de la formation et de l’éducation des élèves. Elle a aussi gagné le prix du professeur émérite, prix qui veut souligner l’intégrité et la préoccupation constante de la réussite des élèves. C’est au cégep qu’elle a également été membre fondateur du Savoir et des Sages, conférences données aux personnes de 50 ans et plus. Enfin, elle a participé à la fondation de l’Association des Auteurs des Laurentides.
Un séjour de deux ans au Maroc en tant qu’enseignante lui a inspiré le sujet de son premier roman, Les Figues de Barbarie, paru aux Éditions Quinze, qui a reçu une mention au Prix Robert Cliche, et qui vient d’être réédité aux Éditions Le Chat Qui Louche, en version numérique. Ont suivi, aux Éditions de la Pleine Lune, Le Secret qui a été finaliste au prix Elle-Québec, puis un recueil de nouvelles, Objets de mémoires. Dans Le Geai Bleu, L’Ami paru aux Éditions Hurtubise HMH, elle s’adresse aux enfants et leur parle du problème de l’immigration. Un premier roman historique La Fiancée du Vent raconte l’histoire de Marie-Josephte Corrivaux, celle qui créa la première véritable légende québécoise : celle d’une soi-disant meurtrière et qui dans l’esprit des gens devint sorcière et revenait parmi les vivants pour les terroriser.
Née à Québec, Monique Pariseau a passé tous les étés de son enfance à Saint-Vallier, le village de Marie-Josephte Corrivaux. Depuis, elle retourne tous les ans dans sa maison de vacances, sise sur une partie des terres défrichées par les grands-parents de Marie-Josephte. Ainsi est né son intérêt pour cette femme. Si toutes les légendes la concernant effrayaient l’auteure lorsqu’elle était plus jeune, elle comprend en vieillissant, que cette femme malmenée était loin d’être une sorcière empoisonneuse, une réputation encore bien ancrée dans l’histoire du village. La Fiancée du vent rend justice à cette ancienne habitante de Saint-Vallier.
Son dernier roman raconte l’histoire de la première femme, Jeanne Barret, qui a osé, en 1767, embarquer sur la flûte L’Étoile qui se préparait à accomplir le premier tour du monde. Comme un édit du Roi défendait aux femmes de passer plus que quelques heures sur un bateau d’expédition, elle le fit déguisée en homme. Commandé par Bougainville, ce premier tour du monde accompli par des Français illustre bien l’esprit qui régnait au 18e siècle : celui de la raison, de la curiosité et de la volonté de voir et de comprendre le monde. Ce roman historique, Jeanne Barret, a nécessité d’immenses recherches, mais a fait voyager l’auteure dans des mondes qui la fascinaient.
BIBLIOGRAPHIE
Les Figues de Barbarie, Montréal, Quinze, 1990
Le Secret, Lachine, Éditions de la Pleine Lune, 1993
Le geai bleu, L’Ami, Ville LaSalle, HMH, Collection Tête-bêche, 1993
Objets de mémoire, Lachine, Éditions de la Pleine Lune, 1997
La fiancée du vent, Outremont, Libre-Expression, 2003
La fiancée du vent, Outremont, Éditions Stanké International, 2003
La fiancée du vent, Outremont, Libre-Expression, collection Zénith, 2005
Jeanne Barret, Saint-Sauveur, Marcel Broquet, la nouvelle édition, Collection La Mandragore, 2010
Flâneries Laurentiennes, Saint-Sauveur, Marcel Broquet, la nouvelle édition, Collection Trésors de mon Pays, 2012
QUELQUES EXTRAITS DE CRITIQUE
Pour le reste, l’éditeur n’exagère pas : Un roman d’une grande sensibilité et d’une grande justesse d’observation. C’est beaucoup. – Réginald Martel, La Presse
Monique Pariseau pratique une écriture d’une belle élégance sans prétention et traite de la psychologie de ses personnages avec nuance et sensibilité. On retient de son roman un beau portrait de femme face aux défis de la maturité. – Jean-Roch Boivin, Voit
Le Secret
Monique Pariseau évoque avec justesse des émotions tantôt insidieuses, tantôt dévastatrices. En décrivant minutieusement les choses, les lieux et les gens, elle présente ici une palette de personnages attachants et troublants, évoluant dans un roman qui respire la sensibilité et dans lequel se répondent, en harmonie, les voix des trois narrateurs. – Sonia Sarfati, Femme Plus
Monique Pariseau se dit d’influence classique. Et ça paraît dans son roman. Ses descriptions sont longues et précises. Lorsqu’elle parle de Saint-Vallier, elle se livre à un exercice de style peu banal. – Serge Drouin, Le Journal de Québec
Objets de Mémoire
Monique Pariseau sait, avec art, amener le lecteur à partager les émotions, souvent bouleversantes, de ses personnages aux prises avec la solitude. –Aurélien Boivin, Québec français.
Par une mystérieuse alchimie, Monique Pariseau transforme des récits simples et des drames de vie ordinaires en joyaux littéraires. –Annette Paris, Elle Québec.
D’une plume simple et belle, Pariseau propose des portraits, des moments où elle sait faire ressortir toute l’émotion qui se cache dans la discrétion – Gilles Perron, Québec Français
La Fiancée du vent
La plume est vive et alerte et dresse le portrait d’une époque, saisissant et passionnant. Une lecture garantie pur plaisir! – Louise Chevrier, Terre de chez nous, novembre 2003.
Elle aimait le vent, surtout le vent du large, qui lui parlait de pays où elle n’était jamais allée. Elle aimait aussi danser. Quand cela lui arrivait, elle semblait envoûtée par tant de bonheur qu’elle en devenait aussi désirable que les premiers signes du printemps. Cette belle héroïne si douée pour la vie et tous ses plaisirs connaîtra un destin tragique.
Émouvant, sensible, foisonnant de détails savoureux sur la vie quotidienne en Nouvelle-France au XVIIIe siècle, ce roman de Monique Pariseau raconte l’histoire de « la Corrivaux » avec une authenticité rarement rencontrée. L’auteure nous entraîne dans les replis du drame qui allait l’enfermer dans une cage ou sa légende la garderait ensuite captive pour des siècles.
Faisant montre d’un grand raffinement dans l’évocation des éléments naturels et des sentiments humains, la romancière ne manque pas, non plus, de rendre avec réalisme le quotidien à la fois simple et ingrat des colons de la Côte-du-Sud et l’atmosphère d’une Nouvelle-France traumatisée par l’invasion anglaise. – Louis Cornellier, Le Devoir, octobre 2003.
Quant au Jeanne Barret de Monique Pariseau, les quelques lignes que nous lui consacrons ne sauraient rendre justice à ce qui représente sans aucun doute un des plus intéressants romans historiques qu’il m’ait été donné de lire au Québec.
Basé sur des lieux et faits historiques, richement documenté, le roman constitue une immense métaphore de l’être humain triomphant de ses peurs, des interdits et des traditions pour toucher enfin à ses rêves les plus fous. – Serge Provencher, Traces, 10 décembre 2010
Les figues de Barbarie (synopsis)
Coopérante québécoise, Marie arrive au Maroc non sans quelques illusions. Mais très rapidement, elle est confrontée à des réalités qui ont peu à voir avec le dépaysement ou la découverte d’une culture différente. Le ghetto douillet des coopérants étrangers révèle tout un petit monde d’intrigues et de passions plus ou moins avouées. Du coup, la vie de couple, la fidélité, l’amitié entre femmes apparaissent sous un angle nouveau qui fait tout basculer.
Un roman d’une grande sensibilité et d’une grande justesse d’observation.
Les Figues de Barbarie (extrait)
La route, éternellement droite et étroite, avance entre deux terres plates et pierreuses. Le sol ridé et crevassé mendie un peu de pluie. Les fruits peu accessibles des figuiers de Barbarie animent à peine le fade olivâtre des épaisses feuilles à palettes. Sous le soleil d’août, l’écrasante misère se déroule. Des femmes se rendent, lourdement courbées, jusqu’au puits, des ânes sont surchargés et battus, des hommes aux burnous déchirés sommeillent à l’ombre des arbres racornis du bord de la route.
Pourtant, dès les premières pluies, le sol revit. Des milliers de semences éclatent au moindre lapement d’eau. On ne s’y reconnaît plus. La terre rit aux éclats, s’habille de fleurs multicolores. Mais sa folle beauté dure peu. La pluie se fait vite avare. Si le désert envoûte, surtout à l’aurore, quand ses dunes s’enflamment de rosé et d’amarante, c’est qu’il a oublié toute idée de l’eau. Il a conquis sa propre beauté, sa propre immensité. Non, ce n’est pas le puits qui fait la beauté du désert. Le puits emprisonne, bâillonne, retient. Le puits, c’est le reg, l’oued ; c’est l’absence et l’antichambre. C’est l’attente qui défigure et décharne. Si le reg est triste, c’est qu’il se sait fiancer à la pluie.
L’attente aoûtée s’éternise. Accablement du sol, paysages de restes. Ciel trop haut, trop bleu, impitoyable. Existence sclérosée, squelettique. Écriture de la pénurie et du désir. Pays de la soif ; pourtant l’un des plus riches d’Afrique. C’est en août, voilà un an, que nous sommes arrivés ici. C’est cette même route que nous avons suivie, ahuris par tant de ruines. Épuisés par le long vol et surtout par les interminables formalités douanières qui nous permettraient de vivre deux ans en terre africaine, nous regardions, le front collé aux vitres de l’autocar, cette palette de sable, ce paysage en camaïeu où les siècles en morceaux semblaient se décomposer. Du gris aux bruns rocailleux, nous ne découvrions que pauvreté, accablement du sol, sécheresse de la terre et des peaux. Nos regards nord-américains ne discernaient que le dépouillement.
Les enfants dormaient et je m’inquiétais. Comment verraient-ils cet âne roué de coups, cet enfant en haillons, à la tête rasée ? Comment traduiraient-ils ce regard mendiant, aussi lent qu’une plainte ? Comment leur expliquer ?
Il y a un an, nous avions peur du contrat signé, de notre naïveté, de nos silences. La peur nous isolait, coupait le contact. Dans cet autocar, chacun de nous était seul, explorant ses frayeurs. Muets, nous nous rendions à Safi. Aujourd’hui, près de moi, Laïlla, confiante, dort. Je sais maintenant conduire ici. J’ai apprivoisé les routes sans clôture où, à tous moments, moutons et chèvres peuvent s’aventurer. Je me suis accoutumée à doubler les interminables files de charrettes revenant du souk et les camions déglingués au chargement insensé.
Les Américains que nous sommes avons tous appris à adopter sans trop d’angoisse un rythme quotidien ralenti pour soupeser, évaluer et peut-être comprendre. Les enfants aussi. Même Juliette, à quatre ans, se débrouille mieux que nous en langue et en coutumes arabes.
Laïlla dort. Je sais que sa présence plaira à tous. À Juliette pour les histoires des mille et une nuits ; à Mathieu pour les discussions sur les scorpions et les mantes religieuses ; à Emile pour la bouffe qu’ils prépareront et que nous savourerons ensemble. Seules quelques familles de coopérants français seront choquées de la venue de Laïlla.
Dans chaque grande ville marocaine, la manière de vivre des Français agite autant les journées que les soirées des Occidentaux. Nul ne peut y échapper. On fréquente leur école, leur centre culturel. Malgré la proclamation de l’indépendance en 1956, le pays entier semble leur appartenir. Ce sont eux qui l’ont civilisé, nous disent-ils, en ajoutant que sans la présence française, sans le protectorat, le Maroc ne serait qu’anarchie et ruines. France-Maroc : l’un ne s’approche pas sans l’autre. Parfois, Janvier et Lise Corriveau, des Québécois comme nous, viennent à la maison et nous tentons de reconnaître l’empreinte française sur notre vision marocaine. Une partie de nous ne s’adapte pas au monde musulman, une autre se rebelle contre l’univers français de la coopération.
J’approche d’El Jadida. Je rejoins la route côtière qui ondule paresseusement entre la mer et d’immenses terres cultivées. J’aime cette route. Plus colorée, plus champêtre, elle s’anime à bâbord, du rouge des champs de tomates et, à tribord du ressac violent de l’Atlantique. Il y a surtout la lagune de Oualydia qui, à chacun de mes passages, m’émeut un peu plus. Elle est imprégnée d’un recueillement infiniment sexué. La mer, terrifiante à cet endroit lorsqu’elle se fracasse avec sauvagerie sur les falaises, s’adoucit magiquement, langoureuse, presque lascive, dans la bouche de la lagune. Comme la mer, Oualydia me met entre parenthèses. Je n’y suis que regard comblé, sensualité frémissante, même si je ne fais que ralentir pour recevoir sa fugitive caresse qui apaise et rend heureux.
Les kilomètres filent doucement. J’approcherai bientôt de Safi et du premier regard que l’on pose sur elle du haut de la falaise de Sidi Bouzid d’où elle ressemble à un immense jeu de blocs blancs éparpillés au bord de l’océan. Je comprends que Laïlla aime Safi. Cette ville est belle. Elle n’est surtout pas brisée par les mille désordres que l’Occident sème où il s’installe. Laïlla aimerait que l’architecture arabe, qui sait si bien concilier courbes, arcs, pleins cintres, corniches, entrelacs et stalactites, ne soit pas enlaidie par un environnement rectiligne éloigné du mode de pensée maghrébin. J’espère que le pacha et le gouverneur penseront comme elle. J’ai hâte de rentrer, de revoir Émile et les enfants, de distribuer mes surprises achetées à Casa. Je suis impatiente d’entendre les dernières nouvelles de la maisonnée.