Milan Kundera est un romancier, essayiste et dramaturge né le 1er avril 1929 en Tchécoslovaquie et a obtenu la nationalité française le 1er juillet 1981. Il a appris le français et a utilisé cette langue pour nous faire connaître son œuvre.
Comme l’américain Jonathan Littell l’a fait avec son roman Les bienveillantes, gagnant de nombreux prix. Ils sont devenus des grands romanciers reconnus en écrivant dans une langue qu’ils ont apprise. Ce qui prouve que le français, ça s’apprend et que cette langue est une langue de grande culture, comme le grec et le latin, dont elle dérive.
Lire Kundera, qui explique ses lectures, les livres qui l’ont formé, les écrivains qui l’ont marqué, c’est un peu comme apprendre à garder les buts avec Patrick Roy, conduire un bolide avec Gilles Villeneuve, sculpter avec Armand Vaillancourt, argumenter avec Mathieu Bock-Côté, etc., bref c’est du sérieux. Dans Une rencontre, il commence par raconter Francis Bacon (1561-1626), un peintre anglais, car il a été invité par un éditeur pour écrire un essai sur l’œuvre du peintre.
Les romans qui ont marqué son imaginaire
Ensuite, il aborde les grands romans qui ont marqué son imaginaire : L’Idiot de Dostoïevski, D’un château à l’autre de Céline, Professeur de désir de Philip Roth et Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, la liste est longue. Il enchaîne avec, ce qui constitue, selon lui, le meilleur roman français, en relatant une anecdote d’un grand écrivain américano–britannique d’origine indienne, Salman Rushdie : « Dans une interview, on a demandé à Salman Rushdie ce qu’il aimait le plus dans la littérature française, il a répondu : Rabelais et Bouvard et Pécuchet. Cette réponse en dit plus que bien des longs chapitres de manuels. Pourquoi Bouvard et Pécuchet ? Parce que c’est un autre Flaubert que L’éducation sentimentale ou Madame Bovary. Parce que c’est du Flaubert, du non sérieux. Et pourquoi Rabelais ? Parce qu’il est le pionnier, le fondateur, le génie du non sérieux dans l’art du roman ». Avec deux opinions de ce niveau, on se demande bien qui pourrait essayer de relativiser.
La musique et l’humour
Kundera parle en amoureux de la musique qu’il préfère. Les dernières sonates pour piano de Beethoven ; l’opus 106 fur Hammerklavier et l’opus 110. Il maîtrise bien le langage musical. Très instructif. Il passe d’un extrême à l’autre en écrivant sur Xenakis. « J’ai appris à l’aimer pendant l’époque la plus noire de ma vie et de mon pays natal soumis au communisme stalinien. » Dans L’art du roman, il nous fait part de ses réflexions sur la composition et les 73 mots à connaître pour écrire un roman. Il explique : « en praticien et non en théoricien, l’œuvre de chaque romancier contient une vision implicite du roman, une idée de ce qu’est un roman ». Les testaments trahis traite de l’humour. Kundera cite Octavio Paz : « Ni Homère ni Virgile ne connurent l’humour ; Aristote semble le pressentir, mais l’humour ne prend forme qu’avec Cervantes ». Le thème de l’humour est au centre de La plaisanterie. Le personnage du roman, un étudiant envoie une carte postale à une amie pour la choquer et écrit : L’optimisme est l’opium du genre humain. Il parodiait Marx avec La religion est l’opium du peuple. Il fut arrêté et son calvaire débuta. Sous le stalinisme, on ne badinait pas avec l’humour. En 1968 et 1969, La plaisanterie a été traduit dans toutes les langues occidentales.
Nous avons la chance de lire un Québécois, François Ricard, qui signa les postfaces des romans de Milan Kundera, à sa demande. En terminant, il faut informer sur la mise en garde qu’il explique : « Si je me situe au-delà du roman dit psychologique, cela ne veut pas dire que je veux priver mes personnages de vie intérieure. Cela veut seulement dire que ce sont d’autres énigmes, d’autres questions que mes romans poursuivent en premier lieu. »
Décès le 11 juillet 2023
« Milan Kundera, dont les écrits dissidents en Tchécoslovaquie communiste l’ont transformé en satiriste exilé du totalitarisme, est décédé à Paris à l’âge de 94 ans, ont annoncé mercredi les médias tchèques. » Source : La Presse, 12 juillet 2023.