Pour égayer un peu ce temps de Fêtes, je me remémore ces Noëls d’antan, tempête de neige ou pas, Albert nous embarquait dans le Buick ou l’Oldsmobile traversant le grand fleuve Saint-Laurent à Valleyfield pour le repas du midi du 25 décembre chez les grandsparents maternels, Bernadette et Adolphe de Melocheville. En deux tablées, ils recevaient leurs sept enfants, tous mariés et leurs 24 petits-enfants. Je vous parle d’une époque bien avant les moyens de contraception…
Après le repas, suivaient les fameuses parties de cartes 500 avec les vieux, tantes et oncles, et des chansons à répondre, chantées et souvent composées par ma mère Agathe. Puis la retraversée du fleuve pour se rendre à Pointe-des Cascades pour le souper, du côté de mon père Albert, chez tante Florence et oncle Red afin d’entreprendre d’autres parties de 500. Et au Jour de l’An, ça recommençait, mais avec en plus la demande de la bénédiction paternelle faite par Agathe, un genou posé au sol, devant son père Adolphe. Tous ses autres frères et soeurs faisaient de même en arrivant. Pour l’enfant que j’étais, ces traditions étaient très émotionnelles… Le souper était offert par tante Lucille et oncle Léo. Ce dernier, avec son fils Ernie, écoutait le Super Bowl en anglais qui se jouait l’après-midi.
À l’un de ces Noëls, tante Florence avait sorti une belle boîte de chocolats après le repas, pour constater que mon cousin Loulou, Dieu ait son âme, avait enfoncé son doigt dans chaque chocolat mou, qu’il n’aimait pas, pour ne manger que les durs qu’il adorait ! Ma cousine Hélène chantait avec coeur le reel Mon oncle Albert, c’est un millionnaire, une vieille chanson que mon père Albert n’aimait vraiment pas…
Nous étions plus de 35 personnes dans une petite maison. Maintenant, nous sommes un ou deux, seuls dans nos grandes maisons. Les grands-parents avaient une multitude de petits- enfants. De nos jours, le petit-enfant a une multitude de grands-parents. Les savants appellent cela le progrès. Le regretté Jacques Grand’Maison m’avait fait remarquer ce paradoxe il y a quelques années. Il en parle dans son livre Le jugement fout le camp.
À tous Joyeux temps des Fêtes.
