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Une histoire si proche. L’Hirondelle, d’autrefois

C’est le début de l’été, parlons d’hirondelle. Non, pas la printanière qui niche dans la corniche de nos maisons, mais celle dont ce nom a été donné au premier centre touristique moderne de villégiature à Saint-Hippolyte, en 1945.1

 Projet audacieux

Lorsqu’Ernest Cadieux acquiert dans les années 1940 le Bay View de Damase Beauchamp et celui de son fils Jos, le Yellow House, maisons de pension dépanneurs qui jouxtent l’immense plage sablonneuse très fréquentée à l’extrémité est du lac de l’Achigan2, il entrevoit l’immense potentiel touristique que représente ce lieu.

 Complexe hôtelier moderne

L’immense plage de la baie des Beauchamp est à cette époque libre d’accès à tous. Elle est l’un des rendez-vous préférés de nombreux vacanciers montréalais en balade depuis l’amélioration des transports vers les Laurentides. C’est cette clientèle que convoite Ernest Cadieux. Pour les attirer et en faire de futurs clients et locateurs de ses chalets, il démolit les vieux bâtiments acquis et y construit l’Hirondelle, restaurant salle à manger et une salle de danse et spectacle, le Pavillon. Ces installations modernes sont complétées au fil des années, par de petits chalets, style motel à l’américaine, construits en montagne. L’ensemble constitue un complexe hôtelier et récréatif comme ceux qui naissent en Europe.3

Séjour organisé, concept novateur

Ernest Cadieux compte aussi sur ses qualités d’organisateur. Plus que l’offre de son menu actualisé à l’américaine, de sa salle de danse-spectacle et son juke-box aux musiques à la mode, il compte aussi sur un programme d’activités qui créera, chaque jour, une ambiance de fête continuelle.

Activités pour tous les goûts

Ainsi, de juin à septembre, chaque jour offre des activités différentes qui sont aussi ouvertes aux villégiateurs résidents qui en deviennent vite des usagers réguliers. Si certaines activités varient selon la température, d’autres restent immuables et constituent des rendez-vous à ne pas manquer :

Le lundi

Le lundi est soirée cinéma sur grand écran avec projecteur 35 mm. On y vient de très loin pour voir les nouveautés du cinéma qu’Ernest Cadieux emprunte chaque semaine d’un ami projectionniste montréalais.

Le mardi

Le mardi, par beau temps, est la soirée de compétitions amicales dans le champ devant le Pavillon : tir à l’arc, jeu de poche, fer et autres jeux d’équipe enflamment des passionnés qui se plaisent à se lancer des défis, de mardi à mardi, durant tout l’été.

Le mercredi

Le mercredi, au coucher du soleil, un grand feu de joie sur la plage rougeoie dans la baie des Beauchamp. Des chanteurs et musiciens folkloristes venus de Montréal animent la soirée et font résonner l’écho de leurs chansons à répondre dans tout ce coin du lac.

Le jeudi

Le jeudi midi, c’est un pique-nique en chaloupe sur le lac de l’Achigan. Les vacanciers, amarrés autour de la « roche plate », se laissent bercer par les vagues et dégustent des sandwichs nouvellement présentés dans une boîte-repas à apporter. Ce concept novateur plaît rapidement et fait également la joie des plaisanciers en balade qui les réclament au comptoir de la salle à manger.

Le jeudi soir dans le Pavillon, les musiciens folkloristes du mercredi soir, engagés pour la semaine, offrent un répertoire alors plus « cabaret et swing » qu’apprécient les nombreux danseurs venus pour se trémousser. Leurs prestations incluent également quelques chansons « à répondre et à boire intercalées d’histoires pas drôles », écrit Nicole Deslauriers dans ses mémoires. 4 L’ambiance est favorable à ce que des clients se risquent à leur tour pour lancer des histoires de leur cru qui font rire toute l’assemblée.

Le vendredi

Le vendredi soir amorce la ronde de fin de semaine des concours amateurs de tous genres. Participants locaux, comme d’autres venant de loin, profitent de ce « moment de gloire » pour faire valoir leur talent. Il y a de tout : de chansons lyriques et langoureuses à d’autres, plus rigolotes, certaines même grivoises. Blagues, imitations, voire parfois des mimes sont aussi présentés ainsi que quelques steppettes de claquette qui font la joie d’un public en fête, très participatif.

Les samedis et dimanches

Les samedis et dimanches midi, c’est la file pour la salle à manger de l’Hirondelle. Des familles entières s’y donnent rendez-vous après la messe obligatoire du dimanche, soit à l’église du village ou à celle du Camp Bruchési. Plusieurs profitent de ce repas pour y célébrer un événement. Les dimanches en après-midi, par beau temps, la plage se remplit pour observer la « valse des voiliers » qui exécutent, au loin dans la baie, des arabesques au rythme des vents changeants.

 

Régates, ski nautique, voile et implications sportives annuelles

L’héritage d’Ernest Cadieux et de ses fils est très grand dans l’histoire des événements à Saint-Hippolyte. Ces Histoires si proches! sont donc à venir.

 

1 L’Hirondelle et le Pavillon ont existé de 1945 à 1960. En 1960, Roger Cabana (maire de 1975 à 1981) reprend ce concept en créant le Domaine Cabanac au lac Morency et où, depuis 1994, la Chaumine devenue l’Auberge du lac Morency le poursuit encore aujourd’hui.

2 Ce qui reste de ce site et son immense plage est aujourd’hui la descente municipale de bateau du lac de l’Achigan.

3 Concept inspiré de celui du village des Olympiques modernes depuis 1924. Concept qui a donné naissance aux clubs Med, années 1950.

4 Nicole Deslauriers, Si mon père m’était conté…, Ed. Inédi, 1983, 347 p.