Dans les prochaines éditions du Sentier, jusqu’en novembre 2019, le journaliste du Sentier, Antoine Michel LeDoux historien universitaire, reprendra les textes présentés dans la revue Nous sommes tous migrants qui ont fait l’objet d’une conférence, le 24 janvier 2019. Bonne lecture!
L’histoire de l’humanité montre que les êtres humains ont été appelés, depuis toujours, à migrer vers d’autres régions et à traverser, continents, mers et océans, du nord au sud de notre planète pour rechercher subsistance et protection, pour eux et leurs proches, souvent au détriment de leur vie. Ils ont appris et surtout beaucoup partagé. Ils ont bâti notre monde, ou plutôt, « nos mondes », reflets des mille couleurs de son humanité.
Migrants, semeurs de vies nouvelles
Depuis sa fondation, Saint-Hippolyte n’a cessé de recevoir une multitude de semences venues de partout sur la planète, semences qui ont germé, ont poussé, ont fleuri et se sont multipliées, écrit Monique Pariseau dans la préface de la revue Nous sommes tous migrants. Nous sommes devenus un endroit où se sont enracinées différentes nationalités. Ils nous ont offert généreusement leurs richesses. Elles nous ont transformés. Ces semences nouvelles, ces personnes, nous ont aidés et nous aident encore à grandir, à croître et à devenir meilleurs comme artisans, entrepreneurs, commerçants, administrateurs et enfin bâtisseurs ensemble de notre pays laurentien.
Saint-Hippolyte : terre d’accueil
La végétation présente à Saint-Hippolyte est à notre image, belle et naturelle. Elle est devenue au fil de l’histoire des Hippolytois, le reflet de leur générosité et de leurs diversités et elle s’est transformée au contact des migrants de toutes origines qui s’y sont installés. Nos racines s’entremêlent avec les leurs, s’entraident et se protègent. Ne sommes-nous pas tous fruits d’héritages de nos ancêtres migrants ?
Le territoire hippolytois fait partie, au nord, de l’immense bassin hydrographique de la plaine laurentienne entre les îles de l’archipel de Montréal, au cœur du fleuve Saint-Laurent, et la rivière des Outaouais. Nous savons qu’un peuple nomade algonquien, appelé Weskarinis ou Peuple du cerf migrait dans ces forêts, il y a 10 000 à 8 000 ans avant notre ère.
Migrants anishnabés, Weskarinis
Image représentant le peuple algonquien, Weskarinis ou Oueskarinis. Leurs descendants sont aujourd’hui regroupés sous le nom général d’Anishnabés. Ils forment le peuple de la Petite Nation et occupent les territoires de la vallée de la rivière la Petite Nation, en Outaouais.
Ce que recherchaient les Weskarinis
En cette période de survie, les migrants Weskarinis recherchaient des ressources alimentaires du milieu (chasse, pêche et cueillette), mais aussi protection et abri au pied des falaises. Ils aménageaient des postes stratégiques là où des ressources accessibles permettaient des hébergements temporaires. Leurs passages fréquents aux endroits les plus accessibles, le long des cours d’eau et au pied des falaises, ont tracé des sentiers qui sont devenus des pistes et des routes pour les premiers arrivants européens.
Ce qu’ils ont partagé avec les coureurs des bois et les arpenteurs
Au fil des siècles de leur occupation, ils ont partagé leurs connaissances des éléments de la faune et de la flore propres à ce territoire. Ils ont occupé des emplacements, les plus favorables à la survie : chasse et pêche, aux campements temporaires et saisonniers et ils les ont nommés dans un langage oral descriptif : lacs de l’Achigan, des Îles, Cornu, de la Roche, des Sables. Tout cela, ils l’ont partagé avec les coureurs des bois qui, à leur tour, les ont traduits et interprétés aux arpenteurs des gouvernements dont ils étaient les guides.