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Les legs des familles migrantes, 1960 – Migrants à la recherche d’une qualité de vie Retrouver ses bonheurs d’enfance à Saint-Hippolyte

 

Colagero (Carlo) Lodico (1924- 2019) vient de décéder. Installés en 1962 près du lac du Pin rouge, sa famille et lui ont trouvé ici leur petit coin de
bonheur.
C’est dans ce petit coin d’Italie hippolytois, bâti avec sa femme Cécilia di Rosso et leurs deux fils, qu’il puisait chaque jour, sa joie de vivre qu’il communiquait aux enfants qu’il embarquait dans son autobus scolaire, avait-il confié à Jocelyne Cassagnol en 2012 (1)

Apprécier chaque jour
« Ça a été très dur à cause de l’accueil… On a mangé notre croûte pas de sel… On s’est fait faire mal », rappelait-il. Être migrant en Amérique et au Québec dans les années 50, c’était s’exposer aux moqueries et à l’exclusion. On refusait les Italiens dans les écoles françaises et les travailleurs italiens étaient ostracisés sous le vocable de Wops (2), sans oublier leur dénigrement à propos de leur mode de vie, de leurs habitudes. Assurance-maladie et lois sociales étaient inexistantes et il fallait attendre cinq ans pour devenir citoyen canadien. Heureusement, le travail était facile à trouver : fabrique de gâteaux, travail dans la construction, entretien à la CÉCM, puis conducteur des autobus scolaires Labelle à Saint-Hippolyte. Pendant trois ans et demi, il a offert l’hospitalité à des membres de sa famille qui venaient s’établir ici.

Migrations successives
Originaire d’un petit village au coeur de la Sicile, île enchanteresse, Carlo Lodico se souvient de son village perché à 1000 mètres d’altitude d’où il voyait le volcan, le volcan Etna. À 22 ans, en 1946, il arrive en France que la guerre a beaucoup détruite et où tout est rationné. Il travaille dans les mines où les salaires sont acceptables. Toujours à la recherche du meilleur, il migre en Belgique, où il s’y marie avec Cécilia di Rosso et ils migrent au Québec en 1956 dans la foulée des vagues migratrices italiennes. Cécilia est originaire des Abruzzes, près de Rome, dans le village de Cupello
à trois kilomètres de la mer. Bien qu’à Saint-Hippolyte elle n’a pas retrouvé le marché aux poissons de son enfance, le clapotis des fontaines, le verger luxuriant, le potager généreux et le travail des femmes qui filent la laine, tissent le coton et le lin, elle s’est fait ici, son coin de terre gorgée de soleil.

 

Ils ont recherché et partagé
Malgré ces débuts très difficiles et après avoir connu tant de misères, Carlo et Cécilia ont souvent affirmé haut et fort que chaque journée vécue à Saint-Hippolyte était un cadeau. Ils s’y sont enracinés à force de travail et de détermination. Aujourd’hui, ils vivent heureux, reconnus et appréciés comme Hippolytois. Ils y ont vu grandir et se réaliser leurs deux fils, Antonio et Mario qui parlent couramment trois langues et leurs trois petits enfants et une arrière-petite-fille dont ils sont très fiers. Généreux, ils ont partagé abondamment leur jovialité, mode de vie méridional, goût de la
« bonne chère et du bon vin », fruits et plaisir de leur immense potager. Curieux et ayant le sens de la discussion, leur hospitalité est reconnue et recherchée. Plusieurs Hippolytois ont eu la chance d’en profiter.

(1) :  Jocelyne Annereau Cassagnol, Ces Hippolytois
venus d’ailleurs, Le Sentier, mars 2012, p.7
(2) :  Wops : Workers On Pavement