Regard sur ceux du territoire de Saint-Hippolyte
1820 — Colonisation écossaise et irlandaise, création des cantons
L’époque des grandes découvertes territoriales a mené Jacques Cartier, en 1534, à prendre possession du territoire nord-américain. Des explorateurs et cartographes comme Du Gua de Monts en Acadie, premier gouverneur de 1603 à 1607 et Champlain, gouverneur à partir de 1608 dans la vallée du Saint-Laurent ont établi une première colonie française, en pays de Neuve-France. Le territoire hippolytois n’était à cette époque que domaine de trappage et de traite de fourrure des Premières Nations, des Weskarinis et des coureurs des bois qui les accompagnaient.
Durant le régime britannique
À partir de la Conquête de 1759 et 1760, le gouvernement britannique, soucieux d’établir des colons sur l’ensemble du territoire, a commandé des arpentages sur les territoires hors des seigneuries concédées. C’est ainsi que dès 1820 il a réservé les cantons créés à la migration britannique, écossaise et irlandaise protestante. L’arpenteur Joseph Bouchette, en 1815, note dans son livre de bord les cantons d’Abercrombie, Kilkenny et Wexford qu’il arpente durant quelques années « territoire de contreforts du plateau laurentien, avec quelques bassins versants qui alimentent les 39 lacs naturels recensés mais aucune rivière importante qui les parcoure ».
Loyalistes américains
Le premier élan migratoire dans les cantons viendra des suites de la Guerre d’Indépendance des Treize colonies américaines (1775-1783) contre la Grande-Bretagne. Environ 50 000 loyalistes britanniques américains, fidèles à la Couronne, s’installeront au Québec et en Ontario. Plusieurs prennent possession des terres déjà occupées par les Canadiens, surtout au sud du fleuve Saint-Laurent. Ces derniers sont alors forcés de se réfugier sur des terres encore non défrichées.
Migrants européens de survie : irlandais
Du côté des cantons du Nord, les premières migrations débutent vers 1820, sous l’instigation de Roderick McKenzie, originaire de la région de Glasgow en Écosse et devenu seigneur de la Seigneurie de Terrebonne, en 1817. Les premiers colons écossais et irlandais s’installent avec lui sur des terres qui deviendront, vers 1840, le canton de Kilkenny. McKenzie obtient pour eux une assistance financière du gouvernement de Londres qui consiste en un passage gratuit en bateau pour chaque migrant, une terre de 100 acres gratuite (trois arpents sur 30) pour chaque famille et une autre contiguë à la première, pour chaque fils âgé de 21 ans. Au premier recensement gouvernemental de 1825, on dénombre dans ce nouveau canton, 300 habitants qui sont répartis dans moins de 100 familles. Près de 35 ans plus tard, selon une pétition datant de 1859, les nouvelles municipalités de New Glasgow, de Saint-Calixte (dont fait partie ce territoire) et de Sainte-Sophie sont occupées aux deux tiers par des personnes d’origine irlandaise. Bien que cette section de territoire n’ait été rattachée officiellement par une pétition des citoyens à la municipalité de Saint-Hippolyte qu’en 1974, les habitants du lac Connelly et ceux de la baie de Kilkenny se disaient Hippolytois.
Mini société du canton de Kilkenny
À cette époque, les fermes des familles Ward, Allen, Quinn, Hamilton, Fraser, MacFadden, English, Taylor, Green, Dent, McGrath, Shutt, Beaton, Shram, Blair, Burton, Batley, Chapman, Cochren, Henderson et d’autres, bien aménagées s’étalent tout le long des chemins de la Chapelle, du Roi et de Kilkenny. Une église anglicane sous le vocable de St-John-the-Baptist-in-the-Wilderness a été construite dès 1820 à la croisée des chemins de la Chapelle et du Roi (aujourd’hui chemin de la Carrière) et encore aujourd’hui, près de 200 ans plus tard, elle dessert leur petite communauté. L’école de rang, chemin de Kilkenny, a accueilli des élèves anglophones et francophones jusqu’en 1942. Berton (Bert) Ward en a été le dernier élève et Elsie Basler, la dernière maîtresse d’école.
Ils ont recherché et partagé
Bien que la vie de pionnier soit rude et que l’adaptation au climat froid soit difficile, ces migrants trouvent dans ce coin de pays, des sources de subsistance et un climat de sécurité. La vie communautaire est riche. L’entraide et le partage sont des valeurs primordiales entre eux, mais aussi pour tous les voisins canadiens-français qui s’y installent après 1840. Les secrets de fabrications artisanales, autant pour la maison que pour le travail sur la ferme, sont mis en commun et enseignés. Les rassemblements de fêtes, où musiciens et danseurs déploient leurs arts, sont partagés joyeusement avec de nombreux Hippolytois. Les familles Sigouin, Racine, Lavoie, Sylvain, Villeneuve et d’autres du 8e Rang ont profité généreusement de leurs connaissances partagées des plantes qui soignent les humains et les animaux, de l’élevage et du dressage des animaux de la ferme et des machineries artisanales de travail, forge, moulin à scie et baratte à beurre d’une laiterie existante dans ce coin hippolytois et de l’école chemin de Kilkenny.