A 70 ans, victime de la polio, un genou en métal, me déplaçant avec une canne, je trouve les gens de Saint-Jérôme et de Saint-Hippolyte, que je fréquente chaque semaine au centre d’achat, sur la rue, dans le train, très polis!!
Mais qu’est-ce que la politesse? Pour répondre à cette question, je vais essayer de préciser le sens du mot. C’est une vertu, le contraire d’un vice. Avertissement : si vous vivez dans un monde où « tout est relatif, toutes les valeurs sont égales, l’intelligence est émotive », vous n’apprécierez pas! Pour le philosophe André Comte-Sponville, « la politesse n’est pas une vertu », mais une prévertu, une condition, un a priori a toutes les vertus comme celles qu’il nous présente dans son livre Petit traité des grandes vertus : la fidélité, la prudence, la tempérance, le courage, la justice, la compassion, la générosité, la miséricorde, la gratitude, l’humour et surtout l’amour (trois chapitres). C’est un livre de philosophie, il est vrai, mais « grand public », très facile à comprendre par mes étudiants du Cégep de Saint-Jérôme, en étant un peu concentrés!
L’étymologie
À l’origine, l’invention de ce mot a été influencée par le geste de polir un objet. Ainsi en frottant, on rend l’objet physiquement plus beau, propre, raffiné, lisse, etc. Par extension, le mot politesse est devenu synonyme de cultivé, civilisé, bon goût, finesse, etc. L’étymologie, l’origine des mots français découle presque entièrement du grec et du latin. Politesse voulait dire : police, policé, de polis ou cité en grec. « L’homme étant un animal social », comme le disait Aristote, les gens qui vivent ensemble se doivent de pratiquer la politesse. Dans la société, la politesse c’est un ensemble de rites qui peuvent varier légèrement d’une culture à l’autre, mais qui sont toujours présents.
La devise de la ville de Montréal est Concordia Salus, le bonheur par la concorde. Cette dernière, selon Aristote, est une amitié sociale qui implique que l’on ne doit pas être poli qu’avec ses amis, ce qui va de soi, mais aussi avec tous ceux que nous ne connaissons pas. Tous ceux qui vivent en société doivent comprendre qu’ils sont destinés à s’entendre.
Les enfants
Le caractère du jeune enfant, un peu « bon sauvage » selon Jean-Jacques Rousseau, doit être poli, frotté. Ce sont les parents qui sont les grands responsables de l’apprentissage des règles de la politesse, qui sont presque innées! Ils ne peuvent demander à l’enfant de comprendre. Les parents éduquent, l’école instruit. Selon Aristote, les parents doivent inculquer à l’enfant des habitudes dès les premières années de la vie, et ne pas attendre que l’école s’en charge, car il sera trop tard. « Les choses qu’il faut avoir apprises pour les faire, c’est en les faisant que nous les apprenons. »
La bienséance
Avant les années 60, dans nos écoles, les élèves avaient des cours de Bienséance, dans lesquels l’institutrice abordait les notions de savoir-vivre, courtoisie, affabilité, bon goût, délicatesse, etc. On associait instruction à éducation et à politesse. On s’attendait à ce que plus une personne est instruite, plus elle sera polie. Dans la vie de tous les jours, le vouvoiement des adultes, c’est la politesse. Je vouvoie les gens que je ne connais pas et tous ceux qui sont plus vieux que moi. Comme l’écrit si bien Comte-Sponville : « il reste qu’être bien élevé, dans le langage courant, c’est d’abord être poli, et cela en dit long ».
La courtoisie
Si la politesse n’est pas vertu, mais une condition à l’existence de toutes les vertus. Ceux qui ne la pratiquent pas sont qualifiés de rustres, mal élevés, malpolis, sales, insolents, malappris, vauriens, malotrus, grossiers personnages, incivils. Les Grecs nommaient les « barbares », ceux qui n’étaient pas civilisés… ni polis. Bref, au temps du Virus de Wuhan, la politesse implique de suivre les règles édictées par le gouvernement Legault. Celles de Trudeau sont plus confuses… Au temps de #MoiAussi, l’homme poli est aussi galant, pratique l’art de la conversation à la française, est aimable, courtois, respectueux, etc