L’école, lieu de prise en charge des parents (Partie 2)
Au début du 20e siècle, l’école de rang joue un rôle important dans les mini-sociétés isolées sur de vastes territoires agricoles. La loi de l’Instruction publique en fait un lieu très réglementé des apprentissages académiques et religieux selon une organisation et une gestion très strictes dans lesquelles les parents jouent de grands rôles.
À cette époque, chaque municipalité doit procéder à l’élection de parents commissaires représentant chaque rang à partir desquels est élu un conseil exécutif afin de fixer les sommes nécessaires afin d’administrer les fonds pour la construction initiale du bâtiment, l’embauche et le salaire de la maîtresse d’école. Et cela, soit par répartitions générales à la population (taxes scolaires), soit par contributions volontaires des chefs de famille qui désirent offrir une éducation à leurs enfants. Et, il revient à chaque famille du rang dont les enfants fréquentent l’école d’assumer les coûts d’entretien, de réparations et de chauffage annuel de l’école et du logement attenant de la maîtresse d’école 1.
Règles de construction d’une école de rang
Construite obligatoirement selon les plans fournis par le département de l’Instruction publique, l’école de rang, en bois, d’apparence très modeste, est éclairée de plusieurs fenêtres selon 1) une orientation précise au sud-ouest pour favoriser l’éclairage naturel et la chaleur en hiver. En entrant, 2) un « tambour » servait de vestiaire. Dans le local unique de classe, 3) trois ou quatre rangées de pupitres à deux places étaient vissés au plancher. 4) Un tableau noir couvrait une partie d’un mur opposé aux fenêtres et 5) le bureau et la chaise de l’institutrice étaient installés sur une tribune. Le local était muni 6) d’un poêle en fonte, souvent à deux ponts qui réchauffait le local durant l’hiver et servait à la cuisson des aliments de la maîtresse d’école et des élèves, pour les repas. 7) Une latrine ou était soit attenante à l’école ou éloignée ainsi 8) qu’un hangar à bois, dit « shed à bois ». Le parent commissaire du rang s’assurait que les familles utilisatrices contribuent à fournir le bois de chauffage de l’école et il négociait avec une famille voisine de l’école, la responsabilité de l’entretien de la salle de classe, de la latrine et de l’approvisionnement du hangar en bois. L’eau était puisée dans un puits ou chez celui d’un voisin. Dans les écoles rudimentaires, 9) le logement, sur le même étage, est composé d’une seule pièce qui comprenait table et lit. D’autres écoles ont un grenier ou un deuxième étage où parfois, on retrouve une salle de classe ou un logement partagé, selon le nombre d’institutrices enseignantes.
Opposition à la fermeture des écoles de rang
Les parents tiennent à leur école de rang même si les élèves sont trop nombreux. Ainsi, vers la fin des années 1950, on parle de fermer les six2 écoles restantes de rang, devenues vétustes, pour une école centrale neuve, au village. L’école Notre-Dame-du-Rosaire sera construite entre 1956-58 et l’école du Christ-Roi, en 1962. Cela ne fait pas l’unanimité des parents dont certains s’y opposent.
À l’école des Hauteurs (lac Maillé), 77 parents s’opposent à fermer leur école et font circuler une pétition. Longtemps, ils refusent que leurs enfants embarquent dans l’autobus pour se rendre au village, « trop loin selon leurs dires ». 3
1 Loi sur l’instruction publique : Loi qui légifère le système éducatif public au Bas-Canada (Province de Québec) depuis 1851.
2 L’école no.2 (anglophone) du chemin Kilkenny a été fermée en 1942, faute d’élèves.
3 Suzanne Laurin-Varin, Les cahiers d’histoire de la Rivière-du-Nord, vol 1 no.2, Août 1983.