L’Hippolytois Claude Chartrand est un tourneur sur bois autodidacte. Il s’est initié seul aux différentes techniques de tournage en regardant des vidéos en ligne, mais surtout en mettant en pratique le principe d’apprendre sur le tas… de bois!
Il a commencé ce loisir il y plus de vingt ans, à temps partiel, alors qu’il travaillait encore. À sa retraite, il s’y est investi encore plus. Un loisir devenu une passion
Le travail du bois
Claude Chartrand utilise surtout le bois dur domestique : noyer, frêne, chêne, érable, pommier. Son beau-frère, propriétaire d’une cour à bois, est son principal fournisseur. Il complète avec des bois exotiques. Il se procure aussi du bois coti*. Ces bûches de bois pourri n’ont même pas droit à l’incinération dans un foyer. Mais ce sont de petits trésors pour un tourneur qui y déniche des motifs uniques créés par la décomposition du bois.
Claude préfère utiliser le bois vert, qui s’amincit plus facilement sans fendre, ni craquer bien qu’il se travaille moins bien. La pièce tournée doit être faite plus rapidement pour ne pas se déformer durant le processus. Il est donc courant qu’il s’active de trois à quatre heures d’affilée sur son tour « sans même un arrêt pour prendre un café », précise-t-il. Malgré tout, en séchant, la pièce peut encore se fendiller. « On peut travailler des heures et des heures puis abîmer un morceau, ajoute-t-il avec philosophie. Mais plus on travaille, moins ça arrive. »
Les loupes, les malformations, les champignons, qui affectent l’intégrité d’un arbre toujours debout, deviennent de vibrantes fleurs posthumes, appréciées pour leur structure veinée et leur coloris. C’est ce qui donne tant de personnalité aux pièces tournées. Claude Chartrand aime aussi conserver l’écorce extérieure du bois, ce qui, d’office, confère un côté rustique aux pièces.
Est-il utile de préciser que, lorsqu’il tourne, Claude s’ajuste aux caractéristiques du bois qui se découvre à lui ? Au départ, il a une idée générale de ce qu’il va fabriquer, mais en cours de route la forme de l’objet pourra se modifier, l’objet lui-même pourra changer.
Dans la majorité des cas, Claude Chartrand fabrique des articles issus d’un seul morceau de bois. Mais il fait aussi des assemblages : des articles faits de bois différents, travaillés en segments indépendants, une composante à la fois, puis assemblés grâce à des mortaises et tenons, et un peu de colle. Du travail de précision, car chaque élément doit s’ajuster parfaitement aux autres.
La finition s’avère souvent plus longue que le tournage. Claude applique plusieurs couches de laque sur ses pièces. Cela requiert un sablage et un temps de séchage entre chacune d’elles. Enfin, la pièce est polie avec de la cire.
Chacune de ses créations est unique. Il existe une façon de copier une pièce pour la reproduire en plusieurs exemplaires. Claude n’est pas du tout intéressé, il ne veut pas devenir un tourneur en série! Même lorsqu’il fabrique de petits articles, comme ses gnomes, très populaires cette année, il les fabrique un à un. Ils sont tous différents.
Mentorat
« Le tournage sur bois est une activité ouverte à tout le monde qui permet de développer son sens artistique. C’est plaisant, encourageant, valorisant. Certains la voient comme quelque chose de gros, de mystérieux, qui demande beaucoup d’équipement. Je veux les rassurer. Ce n’est pas aussi difficile qu’on pourrait le penser et ce n’est pas nécessairement un investissement important. Pour commencer, deux ou trois petits outils, un minimum de couteaux et un tour à établi sont suffisants. Ça permet de fabriquer des pièces qui ont jusqu’à 10 pouces de grosseur. »
Claude a le goût du partage. Il aimerait aider, initier des amateurs en devenir. C’est pourquoi il accepterait de devenir le mentor d’une ou deux personnes qui voudraient apprendre cet art. Page Facebook : ChARTrand Tourneur de bois.
* Le bois coti est atteint de pourriture. C’est un bois qui a été exposé aux éléments, ce qui a engendré l’apparition de champignons