Le Junco ardoisé ou l’oiseau des neiges

« Il est sain et nécessaire que nous tournions de nouveau le regard vers la terre et que, dans la contemplation de ses beautés, nous laissions surgir en nous l’émerveillement et l’humilité. » Rachel Carson Printemps silencieux.

 

Cette année, le froid est arrivé tôt, reléguant aux oubliettes le morne automne. La blancheur de l’hiver a chassé de notre vue la grisaille de novembre. Et avec la neige qui est arrivée dès le début du mois, ont été observés quelques oiseaux déjà en migration : le Bruant fauve et le Junco ardoisé. Ces deux oiseaux de la forêt boréale ont entrepris leur descente vers des contrées plus clémentes. Le dernier oiseau mentionné fera l’objet de cette chronique.

 

Dans un de mes voyages en Arizona, j’ai eu la chance d’observer dans une pinède à plus de 1900 mètres d’altitude, la seule autre espèce de junco en Amérique du Nord, le Junco aux yeux jaunes.

Formes distinctesLe Junco ardoisé se présente sous différentes formes en Amérique du Nord. Pourtant, seul le type ardoisé niche au Québec. Cet oiseau mesure de 15 à 17 cm et peut vivre en moyenne 11 ans. Il possède un plumage gris foncé sur la tête et la poitrine qui se démarque de son ventre tout blanc. La femelle est généralement plus pâle que le mâle. Elle est plutôt gris-brunâtre. Les plumes latérales de la queue, les rectrices, sont blanches. Lorsque l’oiseau prend son envol, cette caractéristique est bien visible et aide à l’identification. Dans un de mes voyages en Arizona, j’ai eu la chance d’observer dans une pinède à plus de 1900 mètres d’altitude, la seule autre espèce de junco en Amérique du Nord, le Junco aux yeux jaunes (voir photo).

 

 

Bec rose et court

La forme du bec des juncos nous donne un aperçu de son alimentation. C’est un oiseau granivore à bec rose et conique, apte à briser les graines. Durant l’hiver, le junco se nourrira de graines d’arbres et de plantes ainsi que de petits fruits. En été, à part son régime végétarien, il se délectera d’insectes et d’araignées et nourrira ses jeunes de cet apport protéiné.

 

Oiseau abondant

La population du Junco ardoisé est estimée à environ 600 millions d’individus. Il serait donc l’un des oiseaux les plus nombreux en Amérique du Nord. Même si cet oiseau préfère nicher dans la grande forêt de conifères au nord, il peut également élire domicile dans les forêts mixtes plus au sud, comme dans les Laurentides. Il apprécie les endroits où pousse beaucoup de végétation arbustive.

 

Oiseau des neiges

Le Junco ardoisé a été baptisé Snowbird en anglais, principalement parce qu’il a tendance à se pointer aux mangeoires lors d’une tempête de neige. Tout récemment, j’ai pu l’identifier à deux reprises tout près de la maison. Il neigeait justement. Durant la saison froide, ces oiseaux sont grégaires et répondent à une hiérarchie assez stricte. Les plus gros oiseaux dominent les plus petits. Les mâles ont préséance sur les femelles et ces dernières ont préséance sur les jeunes de l’année.

 

Nid au sol

Le Junco ardoisé établit son nid directement au sol, sur un terrain pentu. Le nid est souvent caché parmi des roches, des racines ou bien une souche. Quatre œufs sont pondus. Les jeunes ont la possibilité de pouvoir courir avant de pouvoir voler. Les rongeurs, tels les tamias et les écureuils, sont des prédateurs naturels. Le nombre de prédateurs fluctue d’année en année tout en suivant le cycle de production des graines d’arbres.

 

Migration partielle

Les Juncos ardoisés que j’ai pu observer chez moi demeureront peut-être quelques jours avant de continuer leur migration partielle. Dans quelques semaines, j’aurai sans doute la chance d’en croiser d’autres qui s’arrêteront à mes mangeoires avant de repartir. Ces oiseaux vont et viennent. Ils reviendront en mars ou avril. C’est toujours avec un doux sentiment d’émerveillement que je les accueille pendant leur visite.