Le prix Mouffe a été lancé le 26 août dernier. Il entend souligner « l’excellence de l’écriture originale de chansons de langue française ». Les candidats peuvent soumettre leurs textes jusqu’au 17 novembre. Le prix sera décerné en janvier prochain.
Le lauréat recevra une somme de 10,000 $. En outre, il bénéficiera de mentorat au niveau de la création, de la production et de la diffusion d’un spectacle. Il aura aussi l’opportunité de se produire sur la scène du Théâtre Outremont en juin 2023. Mouffe a toujours défendu la langue française et elle milite depuis des années pour la survie du Théâtre Outremont. Quand la Corporation du théâtre lui a proposé la création du Prix Mouffe, elle a trouvé l’idée formidable.
L’importance du français
Mouffe a accepté que ce prix porte son nom parce qu’elle accorde une grande importance à la qualité du français employé dans les chansons. « Quand le français est notre langue maternelle, les premiers mots entendus, lorsque nous étions encore dans le ventre de notre mère, ont été des mots en français. Ces mots-là sont porteurs de souvenirs, de mémoire. Un mot, ce n’est pas juste un objet vide, c’est une valise pleine. Plus elle est pleine et plus la façon dont on l’utilisera dans une chanson sera riche et aura de la résonance. Ce prix, c’est un coup de pouce au français qui est en déclin. On le dit depuis des siècles et des siècles (sic), mais là, c’est pire que jamais. Le prix est juste une petite goutte dans l’océan, mais je collabore, je participe, c’est une action que je pose. »
Transmettre le feu sacré
C’est Gilles Vigneault qui lui a appris ce qu’était la transmission. Il lui a dit, tout simplement, « Tu sais, tu as eu une vie privilégiée. Tu as rencontré des gens dans tous les domaines qui ont été généreux avec toi, qui ont partagé leur savoir et leur art. Tu ne peux pas t’en aller et garder tout ça égoïstement pour toi toute seule. Il faut que tu le transmettes à ton tour. »
Son engagement envers le français
Mouffe s’est engagée auprès des artistes de la relève. Elle a collaboré au Festival en chansons de Petite-Vallée, à Ma Première Place des Arts et à l’École de la chanson de Granby. Elle a donné des cours d’écriture avec Gilles Vigneault, trois ans à Natashquan et trois ans à Saint-Placide. Puis elle en a offert à Valmont avec Michel Rivard et aussi dans la maison de Félix Leclerc à Vaudreuil avec Luc de la Rochellière. De belles expériences. « C’était comme faire sa gymnastique à deux, indique-t-elle. C’était plus stimulant. Pour nous et les participants. Chacun expliquait ses façons de travailler. » Ce nouveau prix est, pour elle, une autre façon d’assurer cette transmission.
Difficile d’écrire des chansons en français ?
« Le français a des règles qui sont sévères et strictes. Mais elles ne sont pas si difficiles à suivre, souligne-t-elle. Elle ajoute, bien sûr, dans une chanson, certaines licences poétiques sont possibles, mais l’ensemble doit rester cohérent. » Mouffe n’exclut pas l’utilisation du joual, du parler montréalais ou des accents régionaux. Elle les perçoit comme des assaisonnements qui peuvent relever la saveur de certains textes français. Par contre, selon elle, il faut essayer d’éviter le franglais. Néanmoins, si l’image est forte, ne vaut-elle pas mille mots ?
De nouvelles chansons ?
Continue-t-elle à écrire des chansons ? « Je suis orpheline, déclare Mouffe. Comme je n’écris que les paroles, j’ai besoin d’avoir un compositeur. Et je ne peux pas le faire avec n’importe qui. Il faut qu’il y ait des affinités entre nous, que je le fréquente. ». Ce qui n’a pas été le cas pendant la pandémie. « Toutefois, dernièrement, Marie-Denise Pelletier m’a demandé de faire une chanson pour son prochain album. J’ai été très touchée. Je vais le faire avec amour et grand plaisir. »
Lauréat(e) du prix
Le jury, dont elle fera partie, sera composé de sept personnes, des producteurs, des auteurs et des metteurs en scène. Tous le feront bénévolement. L’objectif qu’ils souhaitent atteindre avec ce prix, c’est donner le petit coup de pouce qui manque à quelqu’un qui est fin prêt, mais qui n’a pas eu les moyens ni l’occasion de percer. « Nous serons sévères, mais bienveillants et on le fera avec amour. Si quelqu’un est prêt et s’adresse à nous, on va l’aider à démarrer dans le métier », conclut-elle.
Pour info on visite www.theatreoutremont.ca
Mouffe à Saint-Hippolyte
Mouffe s’est attachée à Saint-Hippolyte il y a une trentaine d’années. Son conjoint et elle ont alors loué une maison au Domaine Cabana. Les vieux arbres souvent centenaires, les hérons, les ouaouarons. Ils ont tout de suite été atteints en plein cœur. Ils y sont revenus régulièrement jusqu’à ce qu’ils achètent une propriété autour du lac Morency en 1995. C’est là qu’ils ont élevé leur enfant qui était ravi d’être près d’un lac. Il y a d’ailleurs appris à nager. Il en garde d’excellents souvenirs et y vient encore les fins de semaine.
Mouffe souligne qu’elle consulte le Sentier. Ça lui permet de savoir ce qui se passe dans la région. Les articles l’intéressent et elle continuera à lire notre journal communautaire. Nous en sommes ravis!