« Je me trouvai subitement le voisin des oiseaux; non pas en en ayant emprisonné un, mais en m’étant mis en cage près d’eux. Je n’étais pas seulement plus proche de ceux qui fréquentent communément le jardin et le verger, mais de ces oiseaux chanteurs de la forêt, plus sauvages et plus saisissants, qui jamais ou rarement ne donnent la sérénade au villageois – la grive des bois, la grive fauve, le tangara écarlate, le friquet, l’engoulevent, et beaucoup d’autres. »

Henry David Thoreau1

 

Il y a de ces oiseaux qui chantent si bien que vous aimeriez qu’ils soient toujours près de chez vous. C’est le cas des grives, des oiseaux de la famille du merle, les Turdidés.

 

L’hiver au Brésil

Dès le mois de mai, la Grive fauve retrouve son habitat de prédilection, les bois de feuillus ou mixtes souvent proches des rivières et des lacs. Cet oiseau mesure 18 cm, possède un plumage brun-roux de la tête à la queue. De toutes nos grives indigènes, c’est celle qui arbore le moins de taches sur la gorge et la poitrine. Ces taches sont diffuses et moins apparentes. Cet oiseau est un migrateur néo-tropical. Dès la fin de septembre ou en octobre, il commencera son périple qui l’emmènera au centre du Brésil. Il pourra être vu dans une variété d’habitats tels que des forêts de conifères, dans des espaces ouverts et au milieu de boisés en régénération.

 

Bec effilé

La forme de son bec nous indique ce que la Grive fauve mange. Elle se nourrit au sol d’insectes, d’araignées et d’escargots. Après la nidification, elle se délectera de fruits divers et de graines. La Grive fauve niche au sol ou à moins d’un mètre de celui-ci. Son nid en forme de coupe est tapissé de feuilles mortes, d’écorce, de tiges séchées et de mousse. Quatre œufs sont pondus et incubés par la femelle. Le mâle et la femelle s’occuperont de nourrir les jeunes lorsque ces derniers naîtront, 10 à 12 jours après le début de l’incubation.

 

Un chant sublime

Le chant de la Grive fauve est l’une des plus pures beautés du monde animal. Son chant se décline en cascades de notes. C’est une musique flûtée qui se traduirait par : vir vir vir virrr, imitant ainsi le nom anglais de l’oiseau Veery. On dirait même que le chant est bitonal, comme si plus d’un son était émis à la fois… Le cri est aussi distinctif. On dirait un virrr plutôt doux et descendant.

 

Où que je sois

Lorsque je pars en excursion ornithologique, je suis concentré sur les voix de la nature présentes tout autour. Que ce soit à Prévost, à Saint-Hippolyte, à Gatineau ou bien dans Charlevoix, la Grive fauve demeure pour moi un oiseau intrigant, aux accents éthérés et à la discrétion exemplaire. De l’entendre me rend toujours heureux. Si par un hasard inespéré, je l’observe, me voilà en tous points comblé.

 

1 THOREAU, Henry David, Walden ou la vie dans les bois, Lausanne, Suisse, Éditions l’Âge d’Homme, 1985.