Le bonheur, selon Marguerite Yourcenar

Le bonheur possède plusieurs facettes. Je vous propose un bref survol de ce que plusieurs philosophes et romanciers en pensent. Souhaitons que ces penseurs vous inspirent.

 

Commençons par situer le bonheur dans l’histoire avec Yourcenar. Pour elle, il a existé dans l’histoire de l’humanité, des périodes plus heureuses que d’autres. Approfondissons nos connaissances de ces grandes étapes de l’humanité qui ont contribué à construire le bonheur. Elles sont tellement importantes qu’elles ont été identifiées clairement.

 

3000 ans d’évolution

Le début des réflexions sur le bonheur, qui ont laissé des traces écrites, commence à Sumer (-2800) selon de N. S. Kramer dans son livre L’histoire commence à Sumer et le premier récit écrit de l’histoire, L’épopée de Gilgamesh. Suit l’Égypte des pyramides (Khéops -2500) qui donne un sens à la vie. L’UNESCO a choisi comme symbole de la culture, l’Athènes de Périclès (-450) qui a construit le Panthéon, période qu’on qualifie de Miracle grec;; puis vint la Pax Romana (-27 à -180) imposée par les empereurs Antonin, Hadrien et Marc-Aurèle. La Chine durant la dynastie des Tang (618-907) connaitra la vaccination contre les maladies tandis que l’Arabie chrétienne du 8e au 11e siècle découvrira l’algèbre. En Europe, le début de la Renaissance à Venise grâce à Laurent le Magnifique, Leonard de Vinci et Raphaël, puis le classicisme français du XVIIe siècle avec Racine. Le siècle des Lumières qui éclairent le monde, avec Louis XIV et Voltaire sans oublier Hölderlin et la période du romantisme allemand du XIXe siècle.

 

Qui est Marguerite Yourcenar ?

Marguerite Yourcenar (1903-1987) est une femme de lettres : romancière, nouvelliste, poétesse, traductrice et critique littéraire. Elle est également académicienne, étant la première femme admise en1980 à l’Académie française, fondée par le cardinal de Richelieu en 1643. Elle fut proposée par un autre grand écrivain, Jean d’Ormesson.

 

Dans son roman historique Mémoires d’Hadrien, elle cite une « phrase inoubliable » de Flaubert sur la Pax Romana, l’une des plus belles périodes de l’histoire de l’humanité. « Les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc-Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. » Elle écrit « Une grande partie de ma vie allait se passer à essayer de définir, puis à peindre cet homme seul et d’ailleurs relié à tout. » Yourcenar écrit comme si c’était Hadrien qui parlait. À noter : elle a consacré plus de 40 ans de sa vie à écrire ce livre.

 

Dans une de ses chroniques parlant du livre Les Mémoires d’Hadrien, Pierre Foglia écrit : « Je connais peu de livres plus éloignés de mes goûts que celui-là. Je le relis pourtant tous les cinq ans en me disant bof, c’est la dernière fois. Cinq ans plus tard, je le rachète. C’est le procédé qui me fascine, j’aime le sans-gêne de Yourcenar, qui est entrée dans cet empereur romain comme chez elle et hop! lui a tenu la plume tout le temps qu’il a raconté ses mémoires.« Je me suis vite aperçue, dit-elle, dans les notes qui suivent les mémoires, que j’écrivais la vie d’un grand homme. » Ben tiens ! Pas seulement grand. Jamais on n’a vu un Italien user plus judicieusement de l’imparfait du subjonctif. » Relire tous les cinq ans la vie d’un empereur romain vivant il y a 2000 ans, n’est-ce pas un peu la définition d’un « classique » ?

 

Donc, la première condition pour vivre heureux consiste à remettre en cause en partie le mythe moderne du progrès qui ne cesse de « progresser ». Pour mes étudiants au cégep, tout ce qui était antérieur à l’an 2000 ne semblait avoir aucune valeur. Pourtant, il y a eu de belles périodes de bonheur dans l’histoire. Pourquoi ne pas s’en inspirer ?