Pour connaitre et apprécier le jazz, il faut lire le Petit éloge du jazz de Didier Pourquery. L’auteur veut nous initier au jazz pour le faire aimer. Pour lui « le jazz soigne et donne envie de danser, de se balancer, de marcher en rythme, de voler au-dessus du bitume ».

 

Pourquery est un fanatique de jazz. Une musique, qu’il écoute quotidiennement et qui l’aide à vivre. Au début, le jazz peut être difficile d’accès. Commençons par écouter What A Wonderful World de Louis Armstrong. Un peu plus difficile, enregistré à Toronto en 1953, l’album The Quintet : Jazz at Massey Hall, qui rassemble Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus et Max Roach. Sur l’album on peut lire « The Greatest Jazz Concert ever », rien de moins. De la France, nous retrouvons l’album de Michel Legrand Le Grand Jazz, La Petite Fleur de Sydney Bechet et le film Boris Vian La vie jazz.

 

Pourquery s’adresse « aux lecteurs qui veulent découvrir le jazz, à ceux qui l’aiment un peu, mais de loin, aux simples enthousiastes et à ces ravis du jazz, comme moi, qui communient dans la ferveur d’un solo de sax, d’une envolée de trompette, d’un murmure de basse… » Véritable déclaration d’amour au jazz, ce Petit éloge retrace l’histoire du genre et fait (re)découvrir ses figures les plus mythiques.

 

Ce qui surprend dans ce livre, c’est la critique sous-entendue de deux mythes québécois actuels : la créativité et le présentéisme. La créativité organisée et très peu naïve. Les solos et l’improvisation nécessitent des années de pratique et semblent apparaitre un peu par hasard des rencontres de musiciens, qui ne se doutent pas qu’ils vont produire un chef-d’œuvre. Jouer du jazz implique de connaitre la musique, « les accords complexes et les rythmes sophistiqués, les formes diverses de tempo ou la gamme pentatonique africaine », inconnus des jeunes créateurs… Malheureusement, ces chefs d’œuvres enregistrés sont pratiquement impossibles à répéter contrairement aux symphonies de Beethoven ou de Mozart.

 

Le deuxième mythe décoiffé, c’est celui de l’importance démesurée accordée dans le monde actuel de la culture, aux jeunes musiciens « vivants ». Pour Pourquery et les responsables des émissions de jazz à Radio-Canada, les meilleures musiques à écouter datent souvent des années 1930 ou 1950. Des exemples : Kind of Blues de Miles Davis produit en 1959 qui est réputé pour être « le disque de jazz le plus vendu de l’histoire ». Le classique When the Saints Go Marching In de Louis Armstrong et lorsque, en 1947, sa trompette accompagna Billie Holiday dans leur interprétation de Do You Know What It Means to Miss New Orleans. On peut écouter Salt Peanuts, chef-d’œuvre de Dizzy Gillepsie ou You Got to Walk That Lonesome Valley de Mississippi John Hurt.

 

Avec des amis, nous avons assisté à notre premier festival de jazz au Newport Jazz Festival à l’été de 1969, puis au Newport Folk Festival pour terminer l’été par le festival de Woodstock, qui fit une place au jazz. Dans ma van Volks, nous entrions aux États-Unis, sans problème ni papier, malgré nos barbes, nos cheveux longs et notre insouciance. Un été qui est resté gravé dans ma mémoire