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Le 1er mai, la Fête des travailleurs… qui sauvent des vies

Le 1er mai est la Journée internationale des travailleurs depuis 1886. Cette date commémore la mort de grévistes à Chicago, lors d’une marche pour réclamer la « journée de travail de huit heures ». Rien de moins.

 

Seraient-ils surpris, en 2020, de voir leurs descendants, hommes et femmes, travailler huit heures ou moins par jour, mais perdant de deux à quatre heures pour se rendre au travail? Courant dans une roue comme des hamsters dans leur cage!

 

La classe ouvrière du début du XXe siècle

Fernand Dumont, un des grands sociologues québécois, décrit bien dans son autobiographie Récit d’une émigration, la situation de la classe ouvrière du début du XXe siècle. Les vieux de Saint-Jérôme vont se rappeler les usines comme Baron Rubber, le Regent Knitting Mills, etc. En voici un extrait :

 

« À l’est du village, près de la chute Montmorency, la filature de la Dominion Textile dressait son énorme masse de briques rouges. Plusieurs d’entre nous avaient l’occasion de voir l’usine de près. Une coutume assez répandue voulait que les garçons portent le diner à leurs pères. En arrivant de l’école, le midi, j’attrapais la chaudière où maman venait de placer le repas chaud et je m’acheminais à grands pas vers l’usine. Je revenais avec la chaudière vide à la maison pour manger en vitesse et retourner à l’école. L’été, l’opération se déroulait plus lentement. Mon père m’abandonnait son dessert qui prenait alors une valeur particulière, je m’arrêtais près du ruisseau, non loin de l’usine, avant de regagner la maison. Papa travaillait aussi un dimanche sur deux, à la chaufferie. »

 

Une grève générale des ouvriers en 1886

À la fin du XIXe siècle, la journée de travail de douze heures et plus tuait les ouvriers qui travaillaient la nuit comme le jour, hommes, femmes et enfants des deux sexes. Dans les années 1880, les ouvriers organisèrent des grèves, qui culminèrent avec une grève générale des ouvriers américains le 1er mai 1886, à Chicago. Pendant une marche au Haymarket Square, une bombe explosa, les affrontements causèrent la mort de trois grévistes et de sept policiers. Des syndicalistes seront accusés, sans preuve. Cinq seront pendus. En 1893, le gouverneur de l’Illinois les innocenta parce qu’il avait découvert que c’était le chef de police de Chicago qui avait tout organisé. Les plus vieux se rappelleront un cas semblable qui se déroula en 1974, alors que l’agent de la GRC Robert Samson avait été blessé lorsque la bombe qu’il s’apprêtait à poser devant la résidence d’un riche montréalais ethnique lui avait explosé dans les mains. Il avoua en cour avoir posé une autre bombe en 1972, pour que le FLQ soit accusé.

 

Décrété par Karl Marx

Pour commémorer ce massacre de grévistes, la IIeInternationale, fondée par Karl Marx, décréta que, le « premier mai ou journée internationale des travailleurs », deviendrait une journée de lutte et de fête pour le mouvement ouvrier comme journée annuelle de grève pour la réduction du temps de travail à une journée de huit heures. La fête du premier mai devint alors une journée de célébration des combats des travailleurs. La durée de la journée de travail passa à dix heures, puis à huit heures, mais toujours six jours par semaine jusqu’en 1960 à Saint-Jérôme. Puis à cinq journées et demie, puis cinq jours et à quatre jours pour ceux que Marx appelait « l’aristocratie ouvrière ». Mais Marx n’avait pas prévu le temps de transport pour se rendre au travail.

 

La misère des ouvriers

Les romans de John Steinbeck, Des souris et des hommes (1937) et Les raisins de la colère (1939), décrivent bien la misère des ouvriers qui veulent travailler pour manger, même jusqu’à douze heures par jour, mais qui sont sans emploi ou exploités pendant la Crise économique de 1929. Ces deux romans ont été adaptés pour la scène et le cinéma. Un observateur attentif de la classe ouvrière actuelle qui s’est battue pour la réduction de la journée de travail au point de voir ses dirigeants pendus au XIXe siècle, peut se poser des questions lorsqu’il voit des ouvriers choisir librement, volontairement, de demeurer à plus de deux heures de leur lieu de travail et de consacrer douze heures par jour à leur poste.