La colère de Fantomas


Connaissez-vous Fantomas? C’est le personnage principal d’une série de romans policiers créée par Pierre Souvestre et Marcel Allain au début du vingtième siècle. On peut compter des dizaines d’adaptations de ses aventures au fil des ans autant à la télé qu’au grand écran. Pour ma part, je vais évidemment vous parler de la plus récente adaptation BD qui est parue en trois volumes et dont nous possédons l’œuvre intégrale à la bibliothèque de Saint-Hippolyte.

 

Mais d’abord, il faut se rappeler que la plus populaire des adaptations des histoires de Fantomas est celle qui a été portée au cinéma en 1964. Mettant en vedette Louis De Funès, cette version humoristique nous présentait un Fantomas en vilain ridicule avec son masque de caoutchouc bleu. Cette image s’est depuis imprégnée dans la mémoire collective au détriment du personnage initial qui était beaucoup plus sombre.

 

En effet, le Fantomas d’origine vole et tue de sang-froid, mais malgré tout, on se surprend à avoir de la sympathie pour lui tant il est intelligent et ingénieux. À l’époque, c’était un personnage très innovateur. Il est né bien avant tous les superhéros qui ont encore la cote aujourd’hui. En fait, Fantomas est un peu le père des super-vilains.

 

Dans la BD, le scénario d’Olivier Bocquet y va dans ce sens. L’auteur nous présente un Fantomas inatteignable, qui a toujours un coup d’avance sur le commissaire Juve et le reste de la police de France qui sont à ses trousses. Un être sans pitié qui est prêt à tout pour exécuter ses plans diaboliques et mettre le pays à feu et à sang. Derrière cette façade dénuée d’émotions, Fantomas vit tout de même une histoire d’amour très complexe qui nous laisse entrevoir la petite part d’humanité bien enfouie en lui.

 

Les illustrations sont l’œuvre de Julie Rocheleau, une Québécoise qui partage ses talents avec des auteurs des deux côtés de l’Atlantique. Même si son style s’adapte à différents types d’histoires, il demeure toujours unique et reconnaissable au premier coup d’œil. Ici, la technique de Rocheleau donne vie de façon surprenante aux scènes d’action. Ses coups de crayon dynamisent les mouvements et accentuent la violence des combats. Elle réussit également à ajouter du suspense et à nous faire ressentir des atmosphères lourdes et oppressantes grâce à sa grande maitrise des couleurs.

 

Je vous conseille donc cette relecture d’un classique pour découvrir ou redécouvrir ce grand vilain de la littérature française.