C’est du mois de juillet à la mi-septembre que nous pouvons entendre les cigales au Québec. L’espèce présente chez nous et qui fréquente les forêts mixtes se nomme la Cigale caniculaire (Tibicen canicularis). Comme son nom l’indique, lors des journées chaudes estivales, cette cigale se met à entonner sa ritournelle bourdonnante.
Ce ne sont que les mâles qui chantent chez ces insectes. Le chant du mâle sert à attirer la femelle de son espèce. Pour ce faire, il possède un appareil fort bien constitué. Sur le premier segment abdominal se trouvent des cymbales qui se mettent à vibrer. Le son est amplifié grâce à des sacs aériens présents dans l’abdomen et qui servent de caisses de résonance. Le chant de la Cigale caniculaire ressemble au bruit d’une scie ronde. Lorsque le mâle chante, il est très souvent situé au sommet des arbres. Voilà pourquoi cet insecte est moins souvent vu qu’entendu.
Des tympans pour entendre
Mâles et femelles cigales possèdent des tympans, mais il y a une particularité qui se met en branle lorsque le mâle chante : « Monsieur la cigale n’a pas à subir son propre concerto en scie ronde puisqu’il désactive ses tympans quand il cymbalise » 1, nous explique Stéphane Baillargeon dans son excellent texte paru dans Le Devoir cet été. La vie de la cigale adulte ne dure que quelques semaines. Lorsque le chant du mâle aura donné les résultats escomptés, l’accouplement aura lieu et la femelle pondra quelques centaines d’œufs sur les rameaux d’arbres. Un mois plus tard, l’éclosion aura lieu. De cet œuf sortira une nymphe. Il se peut que la cigale passe aussi l’hiver à l’état d’œuf. Cela peut varier.
Une vie larvaire sous la terre
La nymphe, dès sa sortie de l’œuf, ira s’enfouir dans le sol. C’est là qu’elle se nourrira de la sève des plantes après avoir perforé les racines pour en aspirer le suc recherché. Pour creuser, la larve est très bien adaptée. Elle possède des pattes antérieures courbées comme des cuillères et munies de griffes. La durée de la vie larvaire varie d’une espèce à l’autre. Chez la Cigale caniculaire, on pense que la larve vivra trois ans dans le sol avant d’émerger à la lumière. C’est là qu’elle s’agrippera à une branche, un tronc, un mur ou une clôture pour effectuer sa dernière mue.
Des ailes membraneuses
L’adulte est reconnaissable par la présence d’ailes fonctionnelles. Notre espèce possède quatre ailes membraneuses qui se posent en forme de toit sur le corps de l’insecte lorsqu’il est au repos. L’insecte est plutôt noir, mais possède aussi des reflets verdâtres. Les yeux sont gros et les antennes très courtes. Comme cet insecte se nourrit de la sève des plantes, ses pièces buccales sont de type suceur. Notre cigale possède trois paires de pattes.
Cigale périodique
Il existe aux États-Unis une autre famille de cigales appelée Magicicada. Ces Cigales périodiques passent soit 13 ans (Magicicada tredecim), soit 17 ans (Magicicada septendecim) dans le sol avant de refaire surface. Bien qu’absents du Québec, ces insectes sont fascinants. Comme ils n’émergent pas tous les ans, ils peuvent être très nombreux les années où ils deviennent adultes. Jusqu’à 2 000 cigales par mètre carré ont déjà été observées! En demeurant si longtemps sous terre, on comprend alors pourquoi les cigales se mettent à chanter tout l’été!
1 Stéphane Baillargeon : La cigale caniculaire, inlassable chanteuse des bois. Le Devoir. Samedi 14 juillet 2018