Lors d’une rencontre de la Table de concertation des lacs de Saint-Hippolyte qui eut lieu le 21 novembre au parc du Grand Héron, j’ai été content d’apprendre de la bouche de notre maire Yves Dagenais que sur le territoire de Saint-Hippolyte se trouve la quasi-totalité des espèces de chauves-souris présentes au Québec. On sent qu’il y a une volonté d’agir afin de protéger ces populations qui ne sont pas nécessairement menacées, mais qui connaissent une baisse de leurs effectifs. L’une des espèces présentes à Saint-Hippolyte est la Chauve-souris rousse. Elle fera l’objet de cette chronique.

 

Chauve-souris rousse

En juin 2022, des biologistes ont installé huit stations acoustiques de chauves-souris dans le secteur nord-ouest de Saint-Hippolyte sur le territoire protégé et géré par le Comité Régional pour la Protection des Falaises (CRPF). Les stations d’écoute sont la plupart du temps situées tout près d’un marais ou d’un ruisseau. Lorsque les chauves-souris survolent ces endroits à la tombée du jour et pendant la nuit, les biologistes peuvent savoir laquelle des espèces s’est retrouvée à un endroit précis grâce à la fréquence des ultrasons qu’elle atteint en volant. On sait que les fréquences utilisées par ces mammifères volants sont différentes et spécifiques pour chaque espèce. (voir encadré) On se rappelle que les chauves-souris émettent des cris à haute fréquence rarement entendus par l’humain et c’est par la réverbération de ces sons que ces petits mammifères peuvent écholocaliser exactement où sont les obstacles, mais aussi leurs proies favorites : des insectes qu’elles capturent au vol.

 

Anatomie unique chez les mammifères

Les chauves-souris ont réussi à voler grâce à la spécialisation de leurs membres antérieurs. Leurs mains, pourrait-on dire, ont des os très allongés qui sont reliés entre eux par un épiderme lisse et glabre. Ces doigts sont rattachés aux pattes et à la queue de l’animal. Seul le pouce qui est muni d’une longue griffe est opposé aux ailes.

 

Les chauves-souris font partie de l’ordre des Chiroptères. Ils sont nocturnes et se suspendent la tête en bas durant le jour. En ce qui a trait à la Chauve-souris rousse, elle diffère de plusieurs de ses congénères puisqu’elle se perche dans un arbre durant la journée. Comme elle préfère les arbres feuillus en été, la chauve-souris au repos passe très souvent inaperçue, car elle pourrait ressembler à un amas de feuilles mortes… Selon l’ouvrage Les Mammifères du Canada de A.W.F. Banfield, « elles se suspendent à une hauteur de 1,5 à 12 m du sol, presque toujours du côté nord ».

 

Pelage soyeux

Cette chauve-souris possède une robe d’un roux clair et le pelage est soyeux et non huileux. Son envergure est un peu inférieure à 30 cm. Grâce à leur vol direct, elles attrapent surtout des papillons de nuit et de petits coléoptères. La Chauve-souris rousse est une espèce migratrice. C’est au début de septembre qu’elle entreprend son périple vers le sud. En général, elle passe l’hiver de Washington D.C. au golfe du Mexique, car dans ces régions, la température ne descend que rarement sous zéro. Sa remontée vers le nord débutera en avril et elle sera de nouveau dans nos régions vers la fin du mois de mai.

 

Menaces pour sa survie

La Chauve-souris rousse (Lasiurus borealis) n’est pas une espèce menacée au Québec, mais elle est considérée comme susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable. Le ministère de la Faune a mis en place un plan d’étude et de rétablissement de cette espèce. Bien sûr, les activités humaines peuvent gêner ou affecter grandement ce chiroptère. Notons ici la présence d’éoliennes, la construction résidentielle qui ampute son habitat, l’agriculture et la coupe forestière sur de grandes étendues. Heureusement, elle ne semble pas être affectée par le syndrome du museau blanc qui s’attaque surtout aux espèces cavernicoles.

 

Connaître pour mieux protéger

Voici quelques statistiques sur le repérage des espèces de chauves-souris durant l’été 2022 à Saint-Hippolyte qui eut lieu du 30 juin au 9 juillet (période de reproduction) :

  • Chauve-souris argentée : 441 passages
  • Grande Chauve-souris brune : 122 passages
  • Petite Chauve-souris brune : 115 passages
  • Chauve-souris cendrée : 62 passages
  • Chauve-souris nordique : 38 passages
  • Chauve-souris rousse : 2 passages
  • Pipistrelle de l’Est : 2 passages
  • Chauve-souris pygmée de l’Est : 0 passage

En accumulant des données sur leurs allées et venues, on réussit à connaître davantage les habitudes de ces mammifères, ce qui nous permettra de mieux les protéger à l’avenir.