On pourra visiter l’exposition photo de Jeret Fernandez, Traditions des Amériques, jusqu’au 29 juillet, dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque. Ses modèles, habillés de magnifiques costumes traditionnels, posent pour témoigner des origines des peuples autochtones d’Amérique. La photographe a choisi ce tremplin pour mettre en valeur leurs histoires et leurs traditions.
Nations autochtones
Les photos représentent des nations autochtones, canadienne, mexicaine et péruvienne. Ses modèles non professionnels, eux-mêmes d’origine autochtone, ont accepté d’endosser leurs costumes traditionnels. Une Mohawk de Kahnawake en regalia côtoie un Mexicain en costume aztèque. Une Mexicaine est vêtue d’une robe Tehuana, à l’image des vêtements que portait Frida Kahlo, l’une des plus grandes peintres du Mexique. Des membres du Ballet folklorique péruvien Munaykin de Montréal sont habillés des costumes qu’ils utilisent pour leurs performances de danse.
Modèles et costumes
Jeret Fernandez a utilisé des arrière-plans noirs afin de centrer toute l’attention sur ses modèles. Cela leur confère une auréole de mystère, de noblesse et de dignité. Leurs poses hiératiques se conjuguent parfaitement à l’intensité de leurs regards. Le fond noir fait également ressortir la beauté des costumes, tous faits main. Ils éblouissent par la richesse de leurs couleurs. Il faut s’attarder à observer les détails qui les composent comme la texture des tissus et les matériaux utilisés pour les accessoires. On y retrouve des dessins de fleurs et d’animaux, de figures géométriques qui, pour la plupart, tiennent lieu d’allégories évoquant des valeurs ancestrales.
Approche et technique
C’est d’ailleurs pour permettre au spectateur de bien saisir toute la somptuosité de ces tenues d’apparat que Jeret Fernandez expose ses œuvres en triptyque. Elle a photographié ses modèles sous des angles différents, afin de bien dévoiler toutes les composantes de leurs parures. Elle utilise une configuration d’éclairage à la Rembrandt pour obtenir un effet de clair-obscur : un côté du visage est bien éclairé par la lumière principale, alors que de l’autre côté, on découvre un jeu subtil d’ombres et de lumières.
Portraitiste d’émotion
« Je suis une portraitiste d’émotions », affirme Jeret Fernandez, qui a une grande admiration pour le photographe Antoniou Platon et ses clichés de grandes personnalités. Tout comme lui, elle juge essentiel de créer un contact étroit avec ses modèles, de les amener à s’ouvrir, à laisser transparaître leurs émotions. Elle considère que les regards sont « la fenêtre de l’âme ». Elle a donc invité ses modèles à afficher leur fierté d’être autochtones. Leurs yeux nous le disent haut et fort. Mais il s’y trouve également autre chose. Chaque modèle nous laisse aussi accéder à sa sensibilité personnelle avec des expressions qui lui sont propres. On y découvre des émotions palpables comme la combativité, la détermination, la force tranquille et l’espoir.
Une démarche à poursuivre
La photographe indique que, pour elle, son projet photo Traditions d’Amérique n’est pas terminé. « Je sais que ça va prendre du temps. Mais je vais continuer jusqu’à ce que je sente que le temps est venu d’arrêter », explique-t-elle. Et elle ne compte pas se limiter à réaliser ses clichés en studio, à Montréal. Elle espère un jour se rendre en Amazonie pour y photographier les peuples indigènes du Brésil et de la Colombie.