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Jeanne Barret, la première femme à faire le tour du monde en 1767

Elle se déguise en homme et travaille sur un voilier français, avec 120 autres hommes d’équipage, qui partent pour une circumnavigation. Un roman historique instructif. Une belle histoire racontée par Monique Pariseau, ex-professeure de littérature au Cégep de Saint-Jérôme. Elle a écrit cinq romans, tout aussi intéressants que son 6e, qui place au milieu de l’intrigue, une femme hors du commun, Jeanne Barret.

 

Pour utiliser une expression à la mode et contrairement à l’certains des excités des réseaux sociaux, « Pariseau a fait ses recherches! » entre autres à la bibliothèque du Musée national de la Marine à Paris. L’action se situe en 1767, sous le commandement du comte Louis-Antoine de Bougainville, qui était accompagné par des astronomes, cartographes, ingénieurs, naturalistes, dessinateurs et écrivains qui voulaient découvrir le monde. Bougainville avait été l’aide de camp de Montcalm à la bataille des Plaines d’Abraham en 1759.

 

Son héroïne, Jeanne Barret, sous le nom de Jean Barré, embarque sur la flûte L’Étoile, le 1er février, pour accomplir le premier tour du monde officiel français. Elle accompagne, en tant que valet, le naturaliste de l’expédition Philibert Commerson et bénéficie de sa complicité… Monique Pariseau, à travers le prisme d’une femme déguisée en homme, situe ses préoccupations psychologiques et féminines au centre de son roman. Par ce biais intéressant, elle fait œuvre d’éducatrice – l’histoire de sa vie – en nous permettant de visiter des pays inconnus. Elle nous donne une image du monde de l’époque, en décrivant des villes nouvelles.

 

Ce roman nous informe sur l’histoire, les premiers voyages autour du monde par des Européens, la géographie, la découverte de la planète : Rio de Janeiro, Montevideo, la Patagonie, le détroit de Magellan et ses difficultés, Tahiti, la sociologie, l’existence

des esclaves, l’ethnologie, les autochtones, la science, le naturaliste Commerson qui donna le nom de « bougainvillier » à une nouvelle plante, en l’honneur du commandant Bougainville et surtout Pariseau fourmille de détails sur la vie quotidienne en mer pendant un voyage de deux années et demie, sans Internet.

 

L’histoire de cette femme et de ses compagnons est fabuleuse et nous entraîne en pleine aventure. Elle illustre la force et le courage de ces hommes ‒ blancs ‒ « et de cette femme » qui osaient aller au-delà de ce qui était déjà connu à l’époque. Franchir les caps Horn et de Bonne-Espérance, en bateau à voile relève – encore de nos jours – de l’épopée, compte tenu de l’absence des connaissances géographiques, d’instruments techniques et surtout des mythes religieux ‒ toujours rétrogrades ‒ comme celui de la « terre plate ».

 

L’autrice explique l’expulsion des Jésuites de l’Uruguay, parce qu’ils protégeaient les Indiens Guaranis. Le très beau film Mission raconte cette histoire. Il faut mentionner que l’Ordre des Jésuites, à la demande expresse du pape, avait été constitué par un colonel de l’armée espagnole en 1539, Ignace-de-Loyola. Il deviendra saint. C’est la seule communauté catholique qui dépend directement du pape. Les Américains les nomment The Pope’s Marines.

 

La romancière nous rappelle la vision de Jean-Jacques Rousseau, la « muse » de notre système d’éducation québécois, qui après avoir lu, entre autres Les Relations des Jésuites (1616-1672), écrits par les Saints-Martyrs canadiens, imaginait tous les habitants de l’Amérique comme de bon autochtones, mais il ne connaissait pas les « Indios bravo », voleurs et massacreurs d’Européens, présentés dans le roman. Rousseau comme Bougainville représentait « Les Lumières » françaises qui « éclairent le monde ».

 

PARISEAU, Monique, Jeanne Barret. Première femme ayant accompli, au XVIIIe siècle, LE TOUR DU MONDE, déguisée en homme, 2010, Marcel Broquet éditeur, 329 pages avec bibliographie.