Jack Kerouac (1922-1969) est né à Lowell, Massachussetts il y a 100 ans de parents québécois, partis travailler en usine. Avec le poète Allen Ginsberg et l’écrivain William Seward Burroughs, ils représentent la Beat Generation des années 1950. Les beatniks le considèrent comme le King of the Beats. C’est un écrivain qui ne vit que de sa plume.
En 1957, après avoir publié ce qui deviendra son chef-d’œuvre Sur la route, il traverse l’Atlantique en bateau, se rend à Tanger, Marseille, puis monte à Paris pour terminer son voyage à Londres. Le vagabond américain en voie de disparition, est un livre de seulement 92 pages, mais la culture de l’auteur est impressionnante. Il traite d’au moins cinq sujets importants : la religion, les peintres, les écrivains, la culture générale et la joie de vivre.
Kerouac a été élevé à Lowell, n’a parlé que le français jusqu’à l’âge de six ans et a fréquenté quotidiennement l’église catholique avec sa mère. Ces valeurs se retrouvent dans son imaginaire. En bateau, de New York à Tanger, après une énorme « tempête salée soulevée par le “bourapouche”, j’eus aperçu la vision blanche et resplendissante de Dieu, tant ma frayeur était grande. La vision de Dieu que j’ai eu, alors que j’étais moi et uniquement moi, le bateau, j’ai vu Ses Bras et Dieu m’a dit “Ti-Jean, ne te tourmente pas” ».
Il se rend à la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence pour la visiter. « Je me mis à pleurer. Je pleurai en entendant de jeunes garçons chanter un magnifique air d’autrefois, tandis que les anges semblaient planer au-dessus de nous. Je ne pouvais pas me retenir. Le baptistère du VIe siècle, toutes les vieilles pierres romanes. Et l’après-midi du Vendredi saint, j’assistai à un splendide concert de la Passion selon Saint-Matthieu de Bach. Je pleurai presque tout le temps et j’eus la vision d’un ange dans la cuisine de ma mère. »
De Marseille, il se dirige en autobus vers Paris. « À Aix-en-Provence, je m’assis à une terrasse et bus deux vermouths en observant les arbres de Cézanne. Tout à l’entour le “vert” du printemps de Cézanne, une ferme avec un brun mauve. Je me dirigeais vers Arles, au pays de Van Gogh voir les arbres s’agiter dans le mistral. Je vis, je compris Van Gogh. »
Au Louvre, il admire un grand Rubens, La mort de Didon, Brueghel et sa Bataille d’Arbelles que Céline a aimé, La Sainte Famille dans un intérieur de Rembrandt et des œuvres de Goya, Degas, Gauguin, Renoir et Delacroix. Il rencontre un grand écrivain. « Cet homme, c’était William Seward Burroughs. Nous marchions dans les étroites ruelles de la Médina, nous achetions de l’opium. » Kérouac cite Flaubert, Rimbaud, Balzac, Genet, Proust, Tolstoï, Dante. À Londres, il va voir une pièce de théâtre de Shakespeare « tel qu’il doit être joué ». Ces nombreuses références témoignent de sa culture générale. « Ce paysage ressemble au Haut-Népal ; les Carthaginois avaient disparu ; cette musique me rappelle un haïku ». Il recherche les bons restaurants « Un Milanais, la plus merveilleuse des pâtisseries au monde! Pour la première fois de ma vie, je suis submergé par une sensation gustative ». Il regarde les belles Françaises, marche beaucoup à Paris. N’oublions pas que son récit a été écrit en 1957. Kerouac a vécu à cent mille à l’heure et nous a quittés le 21 octobre 1969 à l’âge de 47 ans!