Je suis à Saint-Vallier au bord du fleuve. C’est à cet endroit que résident mes plus beaux souvenirs d’enfance. D’adulte aussi! Fin septembre, début octobre, c’est le temps des oies blanches. Il n’existe qu’une seule population de grandes oies au monde et admirer leur passage donne le goût de leur faire une haie d’honneur!
Depuis mon arrivée, j’ai le bonheur d’assister à leur migration! Elles viennent de quitter l’Extrême-Arctique québécois où elles se sont accouplées dans le nord de l’île Ellesmere, à l’île Bylot au nord-est de l’île de Baffin. Avec les bernaches, ce sont les seuls oiseaux au monde qui nichent si au nord!
Elles arrivent par centaines, de jour comme de nuit. Elles cacardent, criaillent, gloussent, sifflent. Tels de véritables bijoux, le ciel s’orne de leur vol qui forme d’immenses lettres en forme de V majuscules. Il est touchant de voir celle qui est en tête et force le vent, être remplacée par celle qui derrière se reposait en battant doucement, presque paresseusement des ailes. Elles iront passer l’hiver aux États-Unis, le plus souvent en Caroline du Sud! Chez les oies des neiges dont la migration suppose une route céleste de près de 4,000 kilomètres, il y a entraide et amitié. Très grégaires, elles forment une communauté qui devrait servir d’exemple aux humains.
À Saint-Vallier, elles se reposent quelques jours! Elles ont compris que les chasser, les abattre est interdit! C’est une zone protégée et c’est pourquoi nous pouvons jouir de leur présence, admirer leur vol, entendre leurs cris et prendre conscience que la vie possède aussi une force, malgré sa fragilité!
Au Québec, près d’un million d’oies traversent notre ciel! Et elles ne sont pas menacées, car leur nombre ne cesse d’augmenter. Assister à leur migration est mon cadeau d’automne même si je sais que moi aussi, je quitterai bientôt l’infini du fleuve pour le doux nid forestier de Saint-Hippolyte.