Si je m’attarde aux annonces télévisuelles, journalistiques ou en me promenant dans l’allée des produits de rajeunissement en pharmacie, je prends conscience que vieillir est devenu vraiment honteux.
Il y a tant de produits, de crèmes qui promettent de rajeunir notre visage, d’effacer nos rides, tant d’opérations esthétiques qui ont pour buts ultimes de nous enlever plusieurs années de notre vie me peinent, m’obligent à croire que nous n’avons pas, surtout les femmes, le simple droit de vieillir. Cela m’attriste, car cela influence notre vision du temps qui s’écoule et surtout nous empêche de pouvoir vieillir sereinement.
Je pense souvent à ma tante Philomène qui a vécu ses quatre-vingt-six ans et dont la fin de sa vie, avec nous. Elle adorait regarder les spectacles de lutte à la télévision, s’énervait tant que mon père l’obligeait à se calmer. Le soir, lorsque mes parents étaient couchés, elle jouait en cachette aux cartes, surtout au poker avec mes frères.
Non, elle n’avait pas le désir de reculer son âge. Non, elle n’avait pas de crème anti-âge. Elle vivait avec bonheur le temps qu’il lui restait sans désespoir, sans volonté de nier les marques de vieillesse visibles qui s’écrivaient sur son visage et ses mains.
Lorsque je vois l’énorme quantité de produits qui sont offerts pour effacer le vieil âge, cela m’attriste, car refuser de vieillir nous empêche de vieillir en profitant joyeusement du temps qu’il nous reste.