Une atmosphère de paix, de sécurité, de confiance… des ingrédients invisibles, mais indispensables à la construction de mon Moi profond. Cette enveloppe sensorielle dans laquelle je baigne conditionne ma quête de vie ou de survie.
En ce temps de la COVID-19, tout autour est danger et nécessité de protection. Survie oblige. Actuellement, notre meilleure protection est notre maison. Notre maison est et sera notre meilleure protection… si les liens entre nous goûtent bon. Sinon, comprenons à travers le témoignage de Gisèle combien un diffuseur d’agressivité, de violence, de rapport de forces tue, non seulement le bonheur au moment présent, mais celui pour des années à venir.
Témoignage de Gisèle
Faire face à la violence… comme si elle n’avait jamais existé!
J’ai l’impression que mon trauma n’en est pas un parce qu’il n’y a pas eu d’événement spécifique. Rien de ponctuel comme le décès d’un parent en bas âge, rien qui s’échelonne sur une période donnée comme une guerre. C’est ce qui rend, à mes yeux, ce trauma inexistant, sinon volatile. On ne peut pas mettre le doigt sur un événement particulier. Pas de viol, aucun traumatisme violent identifiable.
Il n’y a pas de date de départ. On ne sait pas quand ça commence. C’est la soupe de la vie qui était contaminée. Le poison, il était distribué au quotidien, goutte à goutte. Rien à raconter, ni à soi ni aux autres. Ça part d’où? Brouillard là-dessus. Un p’tit coup par-ci, un p’tit coup par-là, comme un lent travail de sape. Sans éclats. Quelques temps forts, bien sûr. Mais rien de plus notable que ça. C’est ce qui, je pense, rend la chose difficile à percevoir pour moi. Rien à quoi se rattacher, sinon que l’impression d’avoir eu une enfance, une vie anormale.
Impression ancienne et renouvelée de vivre sur le faîte d’une clôture. Pas comme l’écureuil, qui s’en sert comme d’un chemin pour rejoindre sa maison, sa sécurité. Ni comme un oiseau qui y prend appui pour se reposer. Mais bien comme une image d’instabilité. En effort constant pour ne pas tomber, sans filet de sécurité pour me retenir, pour me sauver. Vigilance, de jour comme de nuit (serait-ce là l’explication de mon insomnie?).
Recherche d’une main sur laquelle s’appuyer pour se reposer un tant soit peu. Je ne cherche pas au bon endroit. Les mains aidantes sur mon parcours étaient aussi contaminées. Cherchaient à me déstabiliser, à me faire tomber, plutôt qu’à m’aider, mais je ne m’en rendais pas compte. Maintenant, je suis plus aguerrie. On ne me fera plus passer des vessies pour des lanternes.
Il est où le Bonheur, il est où…
Le bonheur est que Gisèle a trouvé son véritable chez soi. Le bonheur aussi est que de merveilleux chercheurs, comme Boris Cyrulnik spécialiste de la résilience, nous indiquent clairement ce que doit contenir notre enveloppe sensorielle pour réussir une traversée comme celle que nous vivons en ce moment :
- Tisser des liens doux entre nous.
- Faire de notre vie un soleil pour que l’autre qui nous regarde sache que la lumière existe.