Je vous propose de lire Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, pour vous coucher plus heureux! Nous voulons tous connaître le futur, le numéro gagnant à la 6/49, les meilleurs investissements. Cet essai, écrit, il y a presque 100 ans, propose une belle intrigue et nous aide à comprendre notre monde. Il est toujours d’actualité. Plusieurs films ont été produits à partir de ce texte.
Chaque époque de l’histoire, chaque société secrète génère des visionnaires, autrefois appelés prophètes. Victor Hugo avec Les misérables et Jacques Grand’Maison avec Quand le jugement fout le camp, en sont. Ils ont écrit des livres pour nous informer de ce que nous pourrions faire comme société, pour arriver au bonheur.
Le monde idéal de Huxley
Le monde idéal de Huxley, pour assurer le bonheur, doit respecter des caractéristiques incontournables. Les voici résumées et réactualisées. La société doit favoriser la paix sociale, la sécurité, le bonheur du groupe tout en limitant l’individualisme, le populisme, la liberté et le laisser faire, bref minimiser la portée des fameuses chartes antidémocratiques. N’est-ce pas ce que nous a appris le confinement pendant la pandémie? Les libertés individuelles, qui nous gouvernaient depuis les années soixante, ont été suspendues au profit du bien-être du groupe. Pour ce faire, chacun doit être à sa place.
Dans ce roman…
La société idéale est divisée en cinq classes : Alpha, Betas, Gammas, Epsilon et Delta. Les bébés sont fabriqués en éprouvette. Ils sont manipulés selon l’emploi qu’ils occuperont dans la société. L’intelligence artificielle remplacera-t-elle les Delta? Une drogue, le soma, est distribuée gratuitement après chaque quart de travail, pour que le membre du groupe oublie tous les désagréments liés à ses taches. N’est-ce pas le rôle de la SQDC? Des jeux vidéo?
Les parents biologiques n’existent plus. Les enfants ne les connaissent pas. La société prend en charge l’éducation des enfants. À la garderie, ils entendent dans leur sommeil des phrases répétées 100 000 fois. Tous intègrent, dans leur imaginaire les mêmes valeurs dominantes. Par la suite, les enseignants jouent ce rôle. N’ont-ils pas récemment tenté d’influencer les enfants en les invitant à remplacer les mots mère et père par « parent 1 et 2 », à brûler les mauvaises BD comme Tintin, à visionner en boucle Passe-Partout et sa nouvelle morale, à lire la nouvelle littérature jeunesse aseptisée à la mode EDI?
Dans ce roman…
Dès le plus jeune âge, les petits sont encouragés à vivre des jeux sexuels, à avoir le plus de partenaires possibles et à ne s’engager vis-à-vis d’aucun. À l’heure actuelle, plus de 50 % des adultes changent régulièrement de partenaires. Dans cette société idéale, nul humain ne peut enfanter, mais, paradoxalement, le sexe à gogo est gratuit, encouragé par les autorités qui fournissent à tous les drogues, cinémas érotiques et autres aides. Les notions de mariage, fidélité, amour, famille deviennent caduques. Elles sont présentées comme tabous. La virginité est mal vue. Un peu comme ici au Québec! Non?
Les gens ne vieillissent pas. Pas besoin de botox. Ils vivent jusqu’à 60 ans, avec un corps de jeune puis disparaissent en quelques jours. N’est-ce pas un peu le rôle des facilités offertes par nos gouvernements depuis quelques années, comme l’aide médicale à mourir? Bref, dans Le meilleur des mondes, la vie n’est plus sacrée, mais tous sont heureux. Ne nous rapprochons-nous pas de la vision de Huxley?
Il y a aussi une histoire d’amour
Malheureusement, le manque d’espace ne me permet pas de vous parler des autres éléments importants du roman, comme la belle histoire d’amour entre une Delta et un indigène, habitant d’une réserve qui refuse ce nouveau mode de vie et préfère les vieilles valeurs comme la famille. Je vous invite à le lire.
Huxley, Aldous, Le meilleur des mondes, éditions Pocket, 1977, 285 p.