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Héritage intime de la culture québécoise des Cowboys Fringants

Karl Tremblay, le calleur1 d’émotions des chansons des Cowboys Fringants est décédé. Sa présence rassembleuse sur scène était remarquable. Il portait haut et amoureusement un « nous inclusif québécois » très actuel que révèlent les paroles de plusieurs chansons folk rock du groupe. (voir encadré)

 

Il y a longtemps que l’on n’a pas senti au Québec une telle montée d’émotion nationaliste. On parle de funérailles nationales. L’histoire montre que peu d’événements orchestrent une telle émergence. Le départ de Karl Tremblay est de ceux-là. C’est une musique du cœur qui mène la danse. S’accepter, accepter l’autre et apprendre à vivre la quotidienneté en collectivité dominent comme thème dans les chansons du groupe.

 

Une musique du cœur

Les Cowboys Fringants sont dans la continuité de la Bolduc et de grands poètes, auteurs et compositeurs appelés au Québec, chansonniers. « Ça va v’nir pis ça va v’nir, mais décourageons-nous pas. Moi j’ai toujours l’cœur gai et j’continue à turluter », chantait d’une façon satirique La Bolduc. Elle dépeignait, durant la grande crise, la quotidienneté des chômeurs et des familles des années 1920 qui s’arrachaient à la vie. On fait de même, sous des rythmes trad, folk, country rock et autres. Leclerc avec son P’tit Bonheur, 1950; Vigneault, avec sa Danse à Saint-Dilon, 1962; Charlebois et Sa boulée, 1965; et Ferland avec Swinguez 2 votre compagnie, 1975, tous relatent dans la joie, les misères et les amours de chaque « p’tite vie ».

Un patrimoine qui se renouvelle sans cesse

La musique trad, folk, country rock des Cowboys Fringants est le fruit d’un long métissage. De France sont venues d’abord des danses et chansons de marche accompagnées au tambour, à la flûte, au pipo ou à la guimbarde. Se sont ajoutés avec la Conquête britannique, les airs entraînants et rapides écossais et irlandais, que desservent bien violon et guitare. Depuis, le répertoire québécois n’a cessé de se diversifier sous de multiples influences. Les balades et complaintes sont devenues chansonnette, puis folk, puis country, puis un mélange de tout ça. Aujourd’hui, slameurs et rappeurs portent plus haut des paroles rythmées plus que la mélodie. S’y colorent des images et revendications des Premières Nations, celles des africains clamant leur liberté. Trad et musique du Monde métissent et forgent le nouveau patrimoine québécois.

 

1Calleur, câller ou caîlleur : québécisme qui désigne le maître à danser des danses traditionnelles d’influences irlandaises et écossaises appelées square dance ou call dance.

2Swingner : danser en tournant très vite sur un pied.

Quelques paroles des chansons des Cowboys Fringants

  • À la manifestation / c’est vrai qu’on n’a rien changé;
  • Si c’est ça l’Québec moderne, ben moi j’mets mon drapeau en berne;
  • Mets ta tête sur mon épaule / pour que mon amour te frôle;
  • Heille Rémi, fais pas d’connerie / J’t’aime ben la face pis tu m’dois encore 50 piasses;
  • On se dit que l’bon temps passe finalement / comme une étoile filante;
  • Dans ma banlieue, la nuit est belle pis y’a d’l’espoir;
  • Oh Marcel Galarneau! / Comment vont tes vieux os dans ta cellule à Bordeaux?;
  • Toutes les huit secondes / je ressens un peu plus de honte;
  • Viens donc faire un p’tit tour dans mon appartement frette;
  • Je suis maintenant le dernier humain de la Terre;
  • Anyway chu content que tu reviennes / T’arrives en même temps qu’l’automne;
  • J’vois toute l’Amérique qui pleure / dans mon rétroviseur.

Source : Philippe Papineau, 12 chansons parmi les grandes des Cowboys Fringants, Le Devoir.

Arthur Ward, calleur d’émotions

Bâtir l’héritage intime de la culture québécoise

Notre corps parle plus que l’on pense

« Apprendre à accorder son pas à celui de son partenaire, lançait en riant Arthur, être attentif à son regard et à ses gestes, c’est apprendre à vivre avec l’autre ». Arthur aimait les choses simples : se réaliser par le travail et entretenir de bonnes relations avec tous. Pour cela, très jeune il a appris le français. Il se rendait à pied, le soir à travers bois, chez sa voisine Marianne Thibault, qui lui montrait patiemment. Plus habile à s’exprimer, il fréquentait la salle de danse Chez Anthime Sigouin. Puis, il invitait parents et connaissances à des soirées de danse country chez lui. Ces soirées étaient très appréciées.

Notre corps parle plus que l’on pense

« Apprendre à accorder son pas à celui de son partenaire, lançait en riant Arthur, être attentif à son regard et à ses gestes, c’est apprendre à vivre avec l’autre ». Arthur aimait les choses simples : se réaliser par le travail et entretenir de bonnes relations avec tous. Pour cela, très jeune il a appris le français. Il se rendait à pied, le soir à travers bois, chez sa voisine Marianne Thibault, qui lui montrait patiemment. Plus habile à s’exprimer, il fréquentait la salle de danse Chez Anthime Sigouin. Puis, il invitait parents et connaissances à des soirées de danse country chez lui. Ces soirées étaient très appréciées.

Pourquoi pas un set carré du temps des Fêtes avec les Cowboys Fringants

Il n’y a pas si longtemps au Québec, le temps des Fêtes était l’un des rares moments de fête familiale et de rencontres sociales. Chez les personnes en âge de fréquenter, il y avait une sorte de rituel d’approche non-dit qui se vivait d’une façon très instinctive entre les personnes. Tous étaient attentifs aux signes et aux émotions ressentis chez l’autre. C’est aussi ce que l’on ressent en écoutant en famille les Cowboys Fringants. Karl Tremblay n’est plus, ni Arthur Ward, mais leur héritage culturel est là. Il suffit d’écouter et de chanter et danser avec eux. Bon temps des Fêtes… fringant!