L’un des plus grands poètes du Québec, Hélène Dorion a longtemps vécu à Saint-Hippolyte. Notre forêt, nos arbres font partie intégrante de sa poésie. Poète des racines, de la mémoire, de la fluidité du temps, son œuvre ne cesse de parcourir les sentiers de nos vies, l’espace qui réunit les désirs, les joies et les peines de l’être humain.
Il ne faut pas oublier que dans les années 80, Hélène Dorion a participé à l’élaboration de notre journal, y a écrit aussi de nombreuses chroniques. Notre journal peut s’honorer d’avoir eu comme journaliste une femme qui est aujourd’hui reconnue comme l’un des piliers de la poésie québécoise contemporaine.
Pour souligner son anniversaire
Le 20 avril s’est réunie une quarantaine de personnes pour fêter son anniversaire. Nous avons eu l’immense plaisir d’être présentes pour saluer son anniversaire. Lorsqu’elle est entrée dans la salle et a regardé tout ce monde réuni pour la fêter, elle s’est exclamée, d’une voix pourtant tout en douceur, qu’elle avait l’impression de voir devant elle toutes les années de sa vie qui s’étaient réunies pour lui faire la fête. Sa période hippolytoise coule dans toute son œuvre. Comme les ruisseaux, les cours d’eau qui alimentent nos rivières et nos lacs, sa poésie est aussi nourrie de cet univers où la forêt s’enlace à nos eaux, où la tendresse des sapins voisine notre terre de roches et de mousses.
Pour nous remercier de notre présence, ses paroles se sont enracinées dans les souches de nos arbres, dans la sève de nos érables et tout près de la canopée de nos forêts qui tentent, comme elle, de toucher un peu de notre ciel. « On reconnaît le cœur d’une personne par ceux et celles qui l’entourent », a-t-elle reconnu. C’est ainsi qu’elle a brodé un magnifique et tendre lien entre les relations qu’établissent les arbres entre eux et celles que les humains entretiennent avec leurs pairs. Qu’elle compare la forêt aux êtres qui étaient présents à son anniversaire, qui ont traversé, nourri et enrichi sa vie, était évident pour elle. C’est un trésor, a-t-elle précisé, qu’elle ne pouvait nier et qu’elle était heureuse de conserver et de protéger.
Sa poésie est toujours présente
Nous étions devant elle comme la forêt de sa vie et pendant toute la soirée, elle a eu le plaisir de se promener d’un arbre à l’autre, d’embrasser les sujets de cette forêt qui ont, affirme-t-elle, pendant 60 ans, participé à ce qu’elle est devenue. Saint-Hippolyte coule encore dans la poésie de celle dont les nombreux prix, reconnaissances, honneurs ne cessent de parsemer son parcours poétique. En somme, Hélène Dorion ne nous a jamais quittés. Sa poésie en est le témoignage.
Née à Québec en 1958, Hélène Dorion a étudié en philosophie et en littérature. C’est en 1984 qu’elle s’installe à Saint-Hippolyte. Elle enseigne alors au cégep de Saint-Jérôme et sera professeur de littérature durant six ans.
C’est dans la revue philosophique de l’université Laval qu’elle publie ses premiers écrits et, en 1981, ses premiers poèmes dans la revue Estuaire. En 1983, les éditions du Noroît offrent aux lecteurs L’intervalle prolongé puis La Chute requise.
De 1991 à 2001, elle est directrice des Éditions du Noroît. Elle ne cesse d’écrire et sa poésie touchera non seulement le Québec, mais aussi une grande partie du monde francophone. C’est ainsi qu’en 1994, elle participera à la Biennale internationale de poésie de Liège. Ses voyages se multiplient au fil des traductions et elle reçoit de nombreux prix tant ici qu’à l’étranger. Des revues européennes, des thèses de maîtrise consacrent l’importance de son œuvre. En 2005, elle est la première Québécoise à recevoir le prix de l’Académie Mallarmé ainsi que le prix du Gouverneur général du Canada.
En 2008, c’est le prix Charles-Vildrac pour Le Hublot des heures, en 2010, elle est nommée Officière de l’ordre du Canada et en 2011, c’est le prix européen Léopold-Senghor qu’elle reçoit. En 2012, elle est finaliste aux prix du Conseil des arts et des lettres du Québec et en 2014, c’est le prix des Écrivains francophones qui vient saluer son immense talent. Et cela ne cesse de s’accentuer tant les prix qu’elle reçoit sont nombreux.
Ses livres sont traduits et publiés dans une quinzaine de langues, dont l’anglais, l’italien, l’espagnol, le catalan, le russe et l’allemand. Reconnue comme l’un des plus grands poètes québécois de notre époque, Hélène Dorion n’en demeure pas moins aussi limpide et simple qu’un lac qu’aucun vent de vient froisser.
Il suffit de se souvenir des mots de Pierre Nepveu qui affirme que l’œuvre d’Hélène Dorion est une « quête intérieure, de cette immensité du dedans, de ce vent de l’âme que sa poésie ne cesse de faire souffler et de faire entendre, comme pour laver le monde de ses scories, de ses bruits inutiles, de ses enjeux mesquins, afin d’y dégager un espace pur et un temps de vivre ».
Son œuvre a reçu tant de prix, a été traduite dans tant de langues qu’il serait ici impossible de tous les nommer. Des revues et des colloques portant sur sa poésie sont si nombreux qu’elle peut se situer, non seulement comme l’un de nos grands poètes, mais aussi comme l’un des poètes les plus importants du monde occidental.