Gisèle n’a jamais laissé mourir son « arbre des possibles 1 ». Elle nous partage aujourd’hui comment elle a fait pour survivre à la violence d’un père et d’une mère qui s’est suicidée. Boris Cyrulnik, psychiatre, dirait que Gisèle a pratiqué « l’Art de la résilience ». Voici le témoignage de Gisèle : L’arbre des possibles.

Un lien d’attachement profond
L’arbre des possibles, il a poussé dans ma cour. Je l’ai arrosé, jour après jour. Celui-là, je ne l’ai pas laissé mourir de sécheresse. Pas besoin de pouce vert, il n’a besoin que d’espoir pour survivre. Espoir qu’un jour, ma mère m’aimera. Espoir qu’un jour, je pourrai quitter la maison de mon père et la violence qu’on y vit. Espérance en la force de l’amour, celui que je trouverai et qui me donnera une épaule, un bras sur lequel m’appuyer pour que je puisse me reposer de la vigilance qu’impose la violence.

Un lieu de paroles intérieures

Il est toujours possible d’espérer que tout s’arrange, que notre vie s’adoucisse. Je pense qu’une partie de la résilience s’exprime dans cette espérance en des jours meilleurs. On tient bon parce qu’on sait qu’il existe une porte au bout du chemin, celle derrière laquelle existent toutes les possibilités du monde. Ce n’est même pas de l’espoir, c’est une certitude. Et c’est sur cette seule certitude qu’il existe un ailleurs meilleur poussent

les racines de cette résilience.

C’est là que réside la naissance de mes racines, solides et bien ancrées. L’arbre a toujours suivi la lumière. Il y a eu beaucoup d’ouragans et de typhons, même des haches et des tronçonneuses. Toujours et malgré l’adversité, l’arbre a crû vers cette lumière. Je dirais même que l’adversité a permis à l’arbre d’ancrer ses racines plus profondément encore. Son tronc, ses branches ont grandi en force.

Un lieu de réalisations

L’arbre des possibles, tous les résilients en ont un. La force tranquille, l’inébranlable certitude qu’il y a quelque chose de bon qui les attend, qui les appelle. Tout comme l’arbre, ils résistent aux tempêtes sans bien savoir comment. On se contente de faire pousser des racines pour que l’ancrage soit meilleur, plus résistant. On avance à tâtons vers la lumière. Bien des branches poussent, témoins de nos tentatives avortées pour trouver le bonheur. Branches stériles, mais qu’on ne peut ni ne veut couper, car elles font partie de l’arbre de la vie. D’autres branches représentent les forces développées au fil des ans. Celles-là continuent de grandir et portent des fruits. Et le faîte de l’arbre continue, encore et sans fin, de tendre vers la lumière.

Il est où le Bonheur, il est où ?

Gisèle, tu nous enseignes la force du symbole et des convictions. Tu nous rappelles qu’il nous faut profondément enraciner nos possibles au fond de soi. Tu sais Gisèle que le titre choisi, l’arbre des possibles, me remue jusque dans mes racines les plus profondes. Ce que tu ne sais pas, c’est que pour tenir bon et traverser les moments difficiles de ma vie, je me suis toujours comparée à un sapin ! Un sapin juste assez grand pour survivre aux intempéries. Je veux comme toi, à partir d’aujourd’hui, prendre soin de mon arbre pour qu’il reste vert, été comme hiver.

Inspiré du titre L’Arbre des possibles de Bernard Werber

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